JDNet.
Bill Gates a annoncé 150 millions de dollars d'investissements
publicitaires pour promouvoir MSN. Combien seront affectés
à la France?
Steven Petitpas.
Rien sur les 150 millions de
dollars. Tout simplement parce que cette somme est globale
et servira uniquement à lancer une campagne d'image
dans le monde entier sur MSN. En revanche, chaque division
nationale de MSN aura un budget pour ses propres opération
de communication. Mais je ne peux pas vous dévoiler
ce chiffre pour la France.
Le marché
français constitue-t-il une cible prioritaire pour
Microsoft ?
Prioritaire non. Il y a d'abord les Etats-Unis, qui sont évidemment
un marché essentiel. Ensuite, c'est le Japon, un passage
également obligé, puis l'Australie, le Canada
et l'Allemagne. La France est juste derrière, avec
d'autres pays comme la Suède.
La pierre
angulaire du nouveau MSN est le moteur de recherche. Quelles
sont ses fonctionnalités?
Tout d'abord, en France, nous sommes la seule division de
Microsoft à disposer d'un annuaire propriétaire.
Dans les autres pays, nous avons passé des partenariats
avec des sociétés éditrices. Le premier
atout de notre site sera donc cet annuaire. Ensuite, il y
aura trois autres outils de recherche. Le premier concerne
les mots-clé : nous avons mis au point un nouveau système
d'indexation pour plus de pertinence. Par exemple, quand vous
tapez Carburant, il pourra aussi bien faire un lien avec "marée
noire" ou avec "prix du pétrole". Par
ailleurs, certains mots peuvent ont été indexés
en prenant aussi en compte les fautes de frappe. Je pense
notamment à Pokemon. Le second outil permettra à
l'internaute d'envoyer une requête à une équipe
de surfeurs qui lui enverra un mail de réponse sous
24 ou 48 heures. Nous avons une équipe de 12 à
15 personnes et un partenariat avec une start-up pour répondre
le plus vite possible. Enfin, dernière solution pour
l'internaute, la possibilité de se rendre dans l'espace
"communauté des requêtes", qui aggrège
les questions de recherche auxquelles nous avons déjà
répondu. En résumé, la
particularité de ces nouveaux outils est qu'ils font
énormément appel au capital humain et non plus
uniquement à la technologie.
Toutes
les portails communiquent de plus en plus sur la richesse
de leur contenu et de moins en moins sur le moteur de recherche.
Pourquoi axer votre communication sur le moteur de recherche?
Parce que nous
pensons, particulièrement en France, que le marché
va passer par une nouvelle étape où les nouveaux
arrivants sur Internet ne sont pas des experts. Ils iront
donc vers les sites qui leur proposent les meilleurs outils
pour s'y retrouver sur le Web. La SOFRES a publié une
étude où les moteurs de recherche apparaissaient
comme les outils les plus utilisé par les internautes,
devant l'e-mail. Par ailleurs, nous ne sommes pas un éditeur
de contenu, ni un aggrégateur, mais un fournisseur
de technologie. Notre but est donc de mettre avant tout l'internaute
en relation avec ce qu'il cherche.
Vos objectifs
sont ambitieux, puisque vous affirmez viser la deuxième
place d'ici juin en terme d'audience. Et pourquoi pas la première
place?
Nous avons dit
deuxième en juin 2001, mais cela ne veut pas dire qu'on
se contentera de cette place après cette date (Rires).
Je tiens d'ailleurs à préciser que nous souhaitons
être deuxième en terme de couverture des internautes
français. Aux Etats-Unis, la qualité du moteur
nous a placé d'emblée en deuxième position
auprès des internautes. Nous comptons faire de même
en France.
Mais vous
n'avez pas l'impression d'être un peu en retard par
rapport à vos concurrents ?
On n'est pas en retard mais on
est challenger. Je voudrais juste vous rappeler que contrairement
à nous, tous les portails ont énormément
investi au niveau humain et en communication. Nos rivaux disposent
d'une puissance de frappe énorme. France Telecom, opérateur
historique qui a des boutiques dans toute la France pour promouvoir
ses produits, ou TF1, qui a la chaîne de télévision
la plus regardée, sont à ce titre des géants
par rapport à nous. Chez MSN France, nous ne sommes
que 25 et nous sommes la seule division du groupe qui perd
de l'argent. Le but est donc d'être à la hauteur
de toutes les autres branches de la société
en essayant d'en gagner. On avance ainsi plus prudemment.
Mais vous
avez quand même un atout énorme grâce à
Internet Explorer, qui permet de mettre systématiquement
MSN.fr en page d'accueil lors de l'achat d'un ordinateur.
C'est une force ?
Non, car on n'est pas un fournisseur d'accès. Or, quand
vous avez un ordinateur avec Windows, il vous propose systématiquement
plusieurs fournisseurs d'accès comme Wanadoo ou AOL.
Notre marque MSN.fr est seulement disponible ensuite grâce
à une icône sur le bureau. On est donc loin d'avoir
un monopole.
Justement,
vous aviez longtemps émis le voeu de vous lancer dans
l'accès à internet, notamment avec Wanadooo.
Qu'en est-il à l'heure actuelle?
Avec Wanadoo, cela n'a pas marché,
car nos intérêts en la matière étaient
trop divergents. Mais c'est un gros avantage de ne pas faire
d'accès à Internet, notamment en matière
publicitaire. Car les fournisseurs d'accès sont parmi
les plus gros annonceurs de l'Internet et ne voient donc aucun
inconvénient à communiquer sur MSN.fr dans la
mesure où nous ne sommes pas concurrents.
Néamoins,
vous y réfléchissez toujours où l'idée
est définitivement enterrée?
Toute est décidé
au cas par cas, selon les pays. On choisira donc selon les
opportunités. En France, je suis de très près
le sujet, notamment en matière de câble et d'ADSL,
qui sont des secteurs très porteurs ici. Et le dégroupage
prochain est une option que nous étudions de très
prés.
Dans ce
cadre là, ou bien pour renforcer votre contenu, songez-vous
à des acquisitions éventuelles?
En
matière de e-commerce et de contenu éditorial,
il n'en est pas question. D'abord, parce que les cibles sont
peu nombreuses. Ensuite, parce que nos partenariats avec Aucland
(enchères) ou Fnac.com fonctionnent très bien
et enfin, parce que, comme je le disais tout à l'heure,
ce n'est pas cohérent avec notre statut. Les seuls
rachats que nous effectuons visent des sociétés
de technologie. Je pense à Hotmail par exemple, pour
lequel nous n'avons pas hésité, car leur maîtrise
technique avait impressionné tous nos dirigeants à
l'époque.
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