JDNet.
Francis Mer a déjà levé le voile
sur le projet de loi en matière de commerce électronique.
A quoi servira-t-il et faut-il vraiment une loi pour
ce secteur ?
Jean-Pierre Raffarin. Oui, il fallait
une loi. Dans le domaine de l'économie numérique, le
premier devoir de l'Etat est de libérer les énergies
de tous ceux qui peuvent, par leur capacité d'engagement
et par leur action économique, contribuer à faire de
notre pays le premier pays en Europe pour l'innovation.
C'est l'objet de nos mesures en faveur de la création
d'entreprise et de l'innovation.
Le second devoir de l'Etat
en ce domaine est de clarifier les règles du jeu, de
telle sorte que les entrepreneurs puissent travailler
sereinement et disposent d'un cadre de référence stable.
Cette loi était une condition pour que la confiance
existe : celle des acteurs, mais aussi celle des utilisateurs
internautes, puisqu'elle vise aussi à mieux les protéger.
Quel
rôle doit jouer l'Etat dans l'aide aux survivants du
krach de l'Internet ?
Pour ma part, je reste convaincu que
nous assistons à une vraie révolution dont on n'a vu
que le début : il faut éviter de prendre une convulsion
passagère, après la fièvre boursière, pour une agonie.
Il faut sortir du traumatisme du krach et ne pas enterrer
pas trop vite l'économie numérique ! Regardons autour
de nous : plusieurs leaders de l'Internet commencent
à afficher des résultats brillants, les "jeunes pousses"
continuent de pousser, le commerce électronique de se
développer, l'Internet de séduire un public toujours
plus nombreux.
Quand aux survivants du krach,
nous ne sommes pas dans une économie dirigée où l'Etat
a vocation à intervenir directement dans la vie des
entreprises : le rôle de l'Etat, c'est -comme je le
disais à l'instant - de libérer les énergies des entrepreneurs,
de réduire les obstacles, de faire tomber les murs qu'ils
rencontrent. C'est de créer un environnement favorable
à leurs projets et à l'innovation en général. C'est
à cela que mon gouvernement travaille.
Au-delà
de l'intérêt pour les citoyens de l'administration en
ligne, l'"internetisation" des administrations pourrait
profiter aux PME du secteur. Envisagez-vous des mesures
en ce sens?
C'est évidemment une piste de réflexion
majeure pour le ministre de la Fonction publique, de
la Réforme de l'Etat et de l'Aménagement du territoire,
M. Delevoye, et pour le secrétaire d'État à la Réforme
de l'État, M. Plagnol. L'amélioration des relations
entre l'administration et les PME, en s'appuyant sur
les TIC, est d'ailleurs l'un des volets de la mission
sur l'administration électronique confiée à M. Pierre
de la Coste par le secrétaire d'État à la Réforme de
l'État.
Vous connaissez mon intérêt
personnel pour le développement des PME-PMI en France
: je souhaite naturellement qu'elles soient les premières
à bénéficier de la nouvelle dynamique que j'entends
donner à l'administration électronique, notamment en
demandant à chaque ministère de dématérialiser ses principales
procédures d'ici 2005.
A
quand de véritables campagnes de publicité plurimédias
pour les administrations ?
L'efficacité du média Internet pour faire
passer des messages de manière ciblée est désormais
démontrée : il me semble que ce média, s'il n'est pas
encore tout à fait un média de masse, présente suffisamment
d'intérêt pour devoir trouver assez naturellement sa
place dans les campagnes d'information conduites par
l'administration.
L'une
des clés de l'avenir des NTIC en France est leur place
à l'école. Comment concrètement favoriser leur implantation
et leur intégration dans la scolarité ?
La prise en compte des TIC dans notre
politique éducative sera effectivement un axe majeur
de notre action. Le gouvernement précédent, en donnant
la priorité à l'équipement sans consacrer suffisamment
d'attention à la question de la formation des enseignants
et du développement des supports pédagogiques innovants,
n'a pas engagé ce chantier d'une manière satisfaisante.
Il faut revenir à la question des usages et de l'appropriation.
Les priorités affichées par
le ministre de l'Education, M. Ferry, dans le domaine
de la lutte contre l'illettrisme et du soutien aux élèves
en difficulté renforcent notamment le rôle des TIC comme
outil au service de la réussite scolaire. Les TIC peuvent
en effet aider à mieux apprendre, à motiver les élèves.
Le ministère délégué à l'Enseignement
scolaire travaille par ailleurs dans trois directions
essentielles :
- Le soutien aux efforts d'équipement engagés par les
collectivités locales.
- Le soutien à la production, la diffusion de contenus
éducatifs (CD-Roms, sites Internet) ainsi qu'à l'usage
des nouvelles technologies dans les enseignements.
- le renforcement de la formation des élèves et des
enseignants aux TIC.
Il faut rendre obligatoire
une formation initiale des enseignants aux TIC et rendre
possible une formation continue. C'est l'un des enjeux
majeurs pour une meilleure intégration des nouvelles
technologies en milieu scolaire.
Quelles
mesures envisagez-vous en matière d'équipement des ménages?
Pendant la campagne présidentielle, Jacques Chirac
avait fixé comme objectif un ordinateur par famille
en 2007. Cela vous paraît-il raisonnable ?
Mon ambition est que nous puissions atteindre
un équipement d'un ordinateur pour trois élèves dans
les collèges et lycées, d'un ordinateur pour deux étudiants
à l'université, et d'un ordinateur dans chaque famille
ayant un enfant scolarisé à l'horizon 2007.
Il est inacceptable que le
taux d'équipement de nos ménages en PC soit aujourd'hui
l'un des plus bas d'Europe, puisqu'à peine 38,7% de
nos foyers dispose d'un micro-ordinateur. Il s'agit
d'un frein évident et majeur à un ancrage plus fort
de notre pays dans la société de l'information. Nous
étudions donc quelles sont les mesures les mieux adaptées
pour permettre aux familles les plus modestes de s'équiper,
en particulier lorsqu'elles ont des enfants scolarisés.
Les mécanismes qui pourraient
permettre aux entreprises de contribuer à l'équipement
personnel de leurs employés sont également à étudier.
A cet égard, j'ai souhaité que le dispositif existant
en la matière, dont la durée était initialement limitée
à un an, soit reconduit.
Afin de déterminer quels sont
les véritables leviers de l'équipement des ménages,
je souhaite qu'une étude approfondie des raisons expliquant
le faible équipement des ménages français soit pilotée
par le ministère de l'Industrie dans les semaines qui
viennent. C'est sur la base des résultats de cette étude
que le gouvernement déterminera, au cours du premier
trimestre 2003, les mesures à mettre en uvre.
Y
a-t-il un ordinateur connecté dans votre famille et
sur votre bureau?
Oui, il y a un ordinateur fixe chez moi
et un ordinateur portable dans mon bureau, à Matignon.
Les deux sont connectés à Internet, mais mon emploi
du temps me laisse hélas bien peu de temps pour explorer
l'Internet
Quels
sont vos sites préférés ?
Lorsque j'en ai le temps, je consulte
volontiers des sites qui répondent à mes intérêts personnels,
comme ceux consacrés à la géographie (comme le très
beau site de la Société
de Géographie ou à la randonnée en montagne (Randonnee.net
ou Ffrp.asso.fr).
Je consultais également assez régulièrement le site
de la Région
Poitou-Charentes et je suis naturellement de très
près l'évolution du site de Matignon.
Avez-vous
déjà acheté en ligne ?
Oui, j'ai déjà commandé des livres et
réservé des billets d'avion sur Internet, mais je dois
préciser que c'était avec l'aide de ma "bonne fée numérique",
mon épouse Anne-Marie, qui est un utilisateur très averti.
Utilisez-vous
l'e-mail ?
Je m'en sers occasionnellement pour communiquer
avec ma fille, qui étudie à l'étranger, et pour échanger
avec le reste de ma famille. Je m'en sers plus rarement
pour correspondre avec certains de mes collaborateurs.
Dans ce dernier cas, les circuits administratifs actuels
exigent encore trop souvent un passage par le papier
Il faudra attendre que la signature électronique soit
devenue une habitude pour que les parapheurs disparaissent.
Qu'aimez-vous
sur Internet ?
La liberté de cet univers, la richesse
de l'information disponible et
l'organisation décentralisée
et en même temps si efficace du réseau.
Et
que détestez-vous ?
Ceux qui détournent cet outil fabuleux
à des fins contraires à mes convictions humanistes,
et qui nuisent ainsi à l'image de l'Internet dans le
grand public.
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