INTERVIEW 
 
Gérard Rameix
Secrétaire général
Autorité des marchés financiers
Gérard Rameix
"L'information financière via Internet est notre concept clef"
Secrétaire général de l'Autorité des marchés financiers depuis sa création, en novembre dernier, Gérard Rameix revient sur les changements intervenus lors de la refonte des institutions, et sur l'importance croissante du média Internet dans la communication financière.
(20/04/2004)
 
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Quels changements a impliqués la fusion, au sein de l'MAF, de la COB (Commission des opérations de bourse), du CMF (Conseil des marchés financiers) et du CDGF (Conseil de discipline de la gestion financière) ?
Gérard Rameix L'Autorité des marchés financiers a pour mission de veiller à la protection de l'épargne investie dans des produits financiers, à l'information des investisseurs et au bon fonctionnement des marchés. L'objectif du rapprochement est l'amélioration de la coordination et de l'efficacité du système français de régulation des marchés. L'AMF regroupe les compétences du CMF et de la COB, mais le législateur a souhaité affirmer son rôle à l'international en rappelant que l'Autorité apportait son concours à la régulation européenne et internationale, et a par ailleurs étendu ses compétences aux conseillers en investissement financiers, au démarchage, aux agences de notation...

La mise en place de l'AMF a-t-elle des conséquences sur les conditions d'introduction en Bourse ?
Pour l'instant les règles existantes sur les introductions en Bourse continuent de s'appliquer. S'il doit y avoir des changements, ils seront beaucoup plus liés à la directive sur les prospectus adoptée il y a quelques mois à Bruxelles, plutôt qu'à la réforme de la COB et du CMF. De manière générale, les règles d'introduction consistent à déposer un prospectus, constitué d'un volet sur l'opération elle-même qui précise les quantités offertes, les conditions de fixation du prix et les obligations qui pèsent sur les intermédiaires. Un autre volet, appelé document de référence, contient un ensemble de renseignements sur la situation juridique, économique et financière de la société qui s'introduit.

Dans ce nouveau contexte, que devient la base de données en ligne Sophie qui offre au grand public les informations financières des sociétés cotées ?
Le projet Sophie, qui se nomme à présent sur le site "base de décisions et informations financières", a été maintenu et reste une prioriété. Il offre la possibilité aux épargnants français et étrangers de trouver, sur le site de l'AMF, les prospectus qui ont reçu notre visa. Cette base de données comprend aujourd'hui plusieurs centaines de documents de références ou de prospectus de sociétés cotées. Indépendamment de Sophie, nous avons transposé cette démarche d'information au domaine des OPCVM avec le lancement du projet Geco, le 17 mars dernier. Nous y travaillons depuis deux ans avec la SSII Sopra. Cette nouvelle base de données rassemble aujourd'hui près de 6 000 notices d'information et les valeurs liquidatives des OPCVM ouverts au public. La réglementation sur les OPCVM vient d'ailleurs de faire l'objet d'une refonte, avec la création d'un nouveau standard d'information, le prospectus simplifié. L'idée est que les particuliers qui souhaitent investir dans ces produits puissent avoir une vision précise des objectifs de gestion, des frais facturés, des performances passées, du profil du risque attaché à l'investissement et qu'ils puissent prendre une décision en connaissance de cause. Par conséquent, les prospectus de l'ensemble de ces produits doivent nous être remis avant juin 2005 par les sociétés de gestion, pour une mise en ligne sur le site de l'AMF.

Où en est la réflexion sur la diffusion électronique d'informations financières ?
Nous avons entamé une réflexion de manière approfondie, notamment par le biais d'une consultation sur la diffusion de l'information il y a près d'un an. Des travaux sont en cours à Bruxelles sur l'information permanente, et nous allons devoir prendre partie sur ce sujet dans les prochains mois. Pour l'instant les règles n'ont pas été modifiées, mais il est certain que le mouvement général va dans le sens d'une incitation des sociétés à s'acquitter de leurs obligations d'information en la diffusant sur Internet. Nous restons donc sur notre concept clef qui est de favoriser la diffusion de l'information via ce média.

A chaque opération, l'entreprise doit nous transmettre le fichier électronique"

Quelle place accordez-vous à l'Internet ? Est-il devenu incontournable pour l'AMF ?
Vous avez pu constater que le site de l'AMF a été ouvert le jour où l'Autorité est entrée en fonction, le 24 novembre 2003, ce qui est une réelle performance. Aujourd'hui nous perfectionnons sans cesse notre site, qui est naturellement plus riche que celui de la COB et du CMF. Par ailleurs, lors de l'agrément d'un produit, l'enregistrement d'un document de référence ou le visa d'une opération, il est pour nous systématique de demander la version électronique du fichier pour intégration dans notre site.

Depuis début mars, le site de l'AMF propose une nouvelle page sur son site, alertant le grand public sur certains produits financiers "exotiques" aux performances alléchantes. Qu'est-ce qui a motivé cette initiative et comment fonctionne ce système d'information ?
Il existe un certain nombre d'individus qui essayent de proposer des produits apparemment attractifs aux déçus du marché financier. Or ces produits sont souvent offerts dans des conditions juridiquement critiquables et peuvent même avoir un caractère dangereux. Notre groupe de surveillance Internet, au sein de la Direction des enquêtes et de la surveillance des marchés, repère ces offres. Selon le type d'infraction constaté, nous sommes amenés, à ouvrir une enquête, à publier un avertissement. Lorsqu'une infraction est qualifiée pénalement, nous transmettons notre rapport au Parquet. Le but de cette page d'alertes ou d'avertissements est de faire prendre l'habitude à un public responsable et sensibilisé, d'aller vérifier sur notre site qu'une offre, plutôt exotique, que l'on vient de lui proposer n'a pas été répertoriée par l'AMF comme étant douteuse. Ces malversations existent dans toute l'Europe, c'est pourquoi nous échangeons les informations avec nos homologues européens, et nous les diffusons ensuite sur notre site Internet.

Quels sont ces produits à risque ? Par qui sont-ils proposés et sous quelle forme ?
Entre 1998 et 2002, nous observions surtout les annonces diffusées sur les forums financiers, car à ce moment-là les investisseurs étaient beaucoup plus intéressés par les marchés actions. Depuis l'éclatement de la bulle et la baisse des marchés financiers, ce genre d'offre se développe sur des produits financiers à haut rendement, qui promettent de 20 à 30 % par an. Des performances aujourd'hui difficiles à trouver. Nous avons également mis en garde le public sur des courriers électroniques provenant, le plus souvent, de pays africains, et proposant des performances élevées. Il s'agit d'un type d'escroquerie connu. Les offres sont généralement présentées sous la forme de sites Internet ou d'e-mails non sollicités. Cependant, nous constatons que les gens sont de plus en plus circonspects face à ce genre d'offres, et ils n'hésitent pas à contacter le régulateur par l'intermédiaire du service de la médiation.

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Dans les mois à venir, quels autres développements sont prévus sur le site de l'AMF ?
Il faut déjà faire vivre tous les projets que je viens de citer. Par ailleurs, l'AMF, le comité des entreprises d'assurance (CEA) et le comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement (CECI) ont désormais en charge le contrôle du démarchage. En résumé, tout démarcheur devra être enregistré dans un fichier central et commun aux trois organismes régulateurs. Cette liste sera bientôt disponible sur un site géré conjointement par les trois institutions. De plus, l'AMF est désormais chargée du contrôle des conseillers en investissements financiers (CIF). Les CIF devront adhérer à une association professionnelle agréée par l'Autorité, et dans un proche avenir, vous pourrez trouver en ligne la liste des CIF sur un site alimenté par ces mêmes associations. Avec ces informations, le grand public pourra vérifier que le conseiller à qui il s'adresse, a bien adhéré à une association agréée, et qu'il est soumis à un certain nombre d'obligations et de règles de bonne conduite.

 
 
Propos recueillis par Philippine ARNAL, JDN

PARCOURS
 
 
Gérard Rameix, 54 ans, secrétaire général de l'Autorité des marchés financiers depuis le 1er janvier 2004, exerce les attributions de cette fonction depuis le 24 novembre 2003.

2000 Conseiller maître à la Cour des comptes
Depuis le 01/09/1997
Directeur général de la Commission des opérations de bourse
1997 Directeur adjoint du cabinet du Premier ministre, Alain Juppé
1993 Directeur de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés
1990 Président de la société Finindex
         Directeur des opérations financières et des investissements de la société          Hottinguer Finances.
1989 Directeur des affaires industrielles de Hottinguer Finances
De 1986 à 1988 Conseiller technique au cabinet du Premier ministre, Jacques Chirac
1984 Chargé de bureau à la direction du budget, Ministère de l'économie et des finances
1982 Conseiller référendaire à la Cour des comptes
1978 Auditeur

Et aussi Titulaire d'une licence de droit public et d'un DES de droit public. Diplômé de l'Institut d'études politiques et ancien élève de l'Ecole nationale d'administration (promotion Mendès France).

   
 
 
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