INTERVIEW
 
Directeur e-commerce
Décathlon
Stéphan Rocton
"Titre"

Créé en 1998, le site d'e-commerce de Décathlon vient de faire peau neuve. Totalement renouvelé, cette "version zéro", pour reprendre les propos de Stéphan Rocton, directeur e-commerce de Décathlon, traduit la profonde restructuration de la stratégie Internet du groupe fondé par Michel Leclercq, cousin de Gérard Mulliez (Groupe Auchan). Stéphan Rocton revient sur les principaux changements survenus sur le site et sur la stratégie générale du groupe par rapport à ce canal de distribution. A ce jour, Décathlon possède un réseau de 250 magasins en France, environ 50 en Europe et 18 aux Etats-Unis sous l'enseigne MJP. Le Groupe Auchan posséde 43,2% du capital de la marque de sport, et a participé, a ce titre, au financement du site.

09 mars 2001
 
          

JDNet. Le site de Décathlon vient de faire peau neuve. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de cette nouvelle version?
Stéphan Rocton. Le site est apparu il y a trois ans à l'initiative de l'équipe informatique du groupe. Elle voulait mettre à disposition du grand public, les informations qui étaient concentrées sur nos systèmes en interne. Il n'y avait pas d'objectifs et la stratégie n'était pas définie. Du coup, il n'y avait pas de cohérence d'ensemble. C'est comme ça que l'on a vu émerger un site comme Tribord, qui a depuis été débranché (Lire l'article du JDNet du 02/06/99). Il y a un an, un patron, Phillippe Bécu a été nommé sur le projet Internet. Depuis, il est parti et j'ai rejoint l'équipe en juin 2000 pour développer le commerce électronique. A partir de cette date, nous avons décidé qu'au lieu de donner la main à des informaticiens pour construire des voitures, il fallait donner la main à des pilotes pour les conduire. Nous avons complêté les équipes de commerciaux et fait appel à des experts du contenu. Accenture nous a aidés à définir une nouvelle stratégie d'ensemble et à Young & Rubicam s'est chargé de la partie communication. Aujourd'hui, le groupe Décathlon sur Internet, ce sont trois sites : Décathlon.fr, Quechua, qui va bientôt être transformé et depuis le début de la semaine, Domyos, le site des passionnés de la courses à pieds. Nous nous appuierons sur ces deux sites en 2001 pour les dupliquer par la suite, si tout va bien.

Comment s'organise ce nouvel ensemble?

En fait, nous avons séparé la vente proprement dite des conseils techniques. Décathlon sera le site de e-commerce à proprement parler, tandis que les sites spécialisés comme Quechua et Domyos seront destinés à donner des conseils. L'objectif de cette nouvelle organisation est d'expliquer et de faire reconnaître la compétence de nos ingénieurs et de nos services de recherche et développement à travers les sites de marques comme Quechua. Ainsi, lorsque les internautes iront sur le site Décathlon pour choisir des skis, s'ils ont besoin de conseils, ils seront dirigés vers le site de la marque Quechua. Ces sites de marque ou "de passion sportive" sont conçus comme des domaines de compétence. L'un sur la montagne et l'autre sur le running. Pour les autres univers, nous attendons. Tant que nous ne savons pas exactement ce qui intéresse les internautes, nous mettons le contenu d'information concernant les autres sports sur le site Décathlon. Mais à terme, en 2002 et 2003, il y aura des sites pour chacune des marques.

Pourquoi cette dichotomie ?
Nous avons reproduit sur le Net ce qui fait la spécificité du groupe. C'est-à-dire d'être à la fois un distributeur et un producteur. Pour nous, l'activité Internet ne doit pas être séparée de l'activité physique. Internet est un outil au service du client Décathlon et de nos magasins. Il ne doit à aucun moment y avoir de concurrence interne.

Que représente Internet pour le groupe Décathlon ?
C'est une activité très stratégique. Actuellement, le site est directement relié aux services centraux internationnaux et donc aux décideurs du Groupe, à savoir Michel Leclercq et à Yves Claude, qui est notre directeur général depuis le début de l'année. Mais si Auchan a participé au développement du site, il n'a pas d'emprise sur la stratégie de Décathlon. Plus largement, le site nous permet de fidéliser des clients.

Combien y a-t-il de références sur le site actuellement ?
En gros 6.000 modèles. Soit environ 30% des références de la gamme. A la fin de l'année, 100% des modèles seront référencés sur le site. Ce qui ne veut pas dire qu'ils seront forcément disponibles à l'achat sur Internet ! En effet, le site fonctionne sur le stock des entrepôts pour livrer les produits. En fin de saison, les produits ne sont plus dans nos entrepôts, mais en magasin. De fait, nous renverrons les internautes dans les magasins les plus proches de chez eux, où ils pourront trouver ces articles.

Quels seront les autres changements qui vont intervenir sur le site cette année ?
100% des opérations commerciales seront relayées sur l Internet. Nous allons également renforcer notre contenu, via des fiches-conseil et une aide au choix interactive, qui, en fonction de questions pertinentes, aidera l'internaute à choisir un sport ou un produit. Dans l'ensemble, nous allons apporter des améliorations progressivement.

Comment envisager-vous les synergies entre le réseau physique et le site internet ?
Pour nous, Internet est resté chez Décathlon. Il n'y a aucune concurrence entre nos magasins et Internet. En fait, les points de vente sont intéressés de manière pécunière à l'activité Internet. Par exemple, si un internaute qui habite Bordeaux passe commande sur le site, nous reversons une commission au magasin Décathlon de Bordeaux le plus proche de son lieu d'habitation.

Quels sont vos sites préférés ?
Je vais régulièrement sur Amazon et sur Fnac, sur Sports.com et sur des sites qui me permettent de charger de l'information sur mon PDA, comme Mobipocket.

Qu'est ce que vous aimez sur internet ?
J'apprécie beaucoup le mouvement. Le fait que rien n'est figé et qu'il n'y a pas vraiment de limite. Il semble n'y avoir que la limite de la créativité. Il y a effectivement des réalités. Mais à partir du moment où on relie la créativité à des modèles économiques, il existe en fait assez peu de limites. On sait très bien que pour le moment, les vidéos ne marchent pas, car les performances technologiques ne le permettent pas. Mais on sait très bien que d'ici deux ans, tout cela va exploser. Et tout le monde se prépare.

Qu'est ce que vous détestez sur internet ?
Les promesses non tenues. Dans un magasin de la marque, je déteste par exemple que le rayon foot soit vide. Je déteste commander un bouquin et ne pas être informer du suivi de ma commande. Je déteste les sites où on fait plus de beau que d'efficace. Je suis plutôt une personne assez cartésienne. En fait, j'apprécie la cohérence entre le positionnement d'un site et son contenu. Et enfin, j'ai horreur des jeux de pronostics et de concours qui ne m'apportent rien.

 
Propos recueillis par Anne-Laure Béranger

PARCOURS
 
Agé de 33 ans, Stéphan Rocton a fait une grande partie de sa carrière chez Décathlon. Pendant six ans, il a été successivement chef de rayon puis responsable de magasin. Il part ensuite s'occuper du seul magasin de l'enseigne basé au Maroc, où il est en charge également de gérer la sous-traitance, avant de revenir en juin en France pour s'occuper du e-commerce.

   
 
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