JDNet. Depuis
un an, vous avez mis la main sur un groupe de presse
immobilière, un courtier, et une société
d'immobilier d'investissements. Quel est le fil conducteur
de ces acquisitions ?
Fabrice Rosset.
L'objectif est d'accélérer la croissance
dans notre offre produits et de proposer "tout
l'immobilier", aussi bien en ligne que dans un
réseau physique. Pour cela, nous avions besoin
de canaux supplémentaires. Avec le rachat de
MDHM Communication, nous avons par exemple pris position
dans le marché de la presse immobilière
gratuite. Ce qui nous permet de toucher les agents immobiliers
qui annoncent sur ces supports. La deuxième acquisition,
Score, est dédiée à l'investissement
dans l'immobilier défiscalisé. Cette société
nous offre un canal de vente pour ces produits à
forte marge. CPI, viendra de son côté étoffer
notre pôle de crédit en amenant des équipes
opérationnelles pour le conseil dans le crédit
immobilier, notamment lors d'une souscription sur Internet.
Avec Smartimmo, nous avons acheté un site bien
positionné sur la haut de gamme et qui a plus
de 200 agents immobiliers comme clients.
Vous
avez débuté sur Internet avec la comparaison
de prêts et le site Selectaux. Est-ce que votre
stratégie signifie qu'il est impossible de développer
une activité de ce type 100% Internet ?
Le métier du crédit a des marges faibles
et la rentabilité seule n'est pas facile à
atteindre. La stratégie purement Internet n'est
donc pas suffisante. Le Web est un formidable outil
d'acquisition mais il doit être complété
par du conseil physique. Mais cela ne veut pas dire
que nous abandonnons Selectaux. A l'heure actuelle,
le site compte 45 banques partenaires et permet de recruter
des clients. Nous tablons sur un chiffre de 10 millions
de francs pour ce pôle de crédit, même
s'il est difficile d'attribuer ces revenus uniquement
à Selectaux.com. Certaines transactions ont en
effet été bouclées grâce
à notre réseau physique. Le débat
pour savoir si on peut faire du crédit uniquement
sur Internet est donc dépassé : ce n'est
pas possible sans un réseau physique.
Comment
se ventilent vos revenus et quelle est la contribution
des sociétés que vous avez rachetées
?
Nous communiquerons uniquement sur notre chiffre d'affaires
vers le mois de mars puisque nous sommes une société
cotée en Bourse. La seule chose que je puisse
vous dire est qu'au moment de l'introduction nous tablions
sur 7,3 millions d'euros de chiffre d'affaires. Au niveau
des contributions, nous avons respecté notre
promesse de racheter uniquement des sociétés
rentables. CPI a réalisé un chiffre d'affaires
de 10 millions de francs en 2001 et dégage un
résultat net proche de 800.000 francs. MDHM est
également rentable. Pour Score et Smartimmo c'est
un peu différent car nous avons racheté
surtout le fond de commerce et la marque. Notre chiffre
d'affaires devrait se ventiler de la sorte : 25% pour
le crédit immobilier (Selectaux, CPI), 30% pour
la presse (MDHM) et 45% pour l'immobilier. Nous visons
la rentabilité cette année et nous disposons
par ailleurs de près de 9,5 millions d'euros
de fonds propres.
L'an
dernier Internet était encore présenté
comme un outil permettant de réduire les coûts
et donc d'améliorer les marges. En investissant
dans des réseaux physiques est-ce que vous ne
perdez pas cette avantage ?
Non, parce que le réseau physique vient au bout
de la chaîne et l'intervention humaine arrive
beaucoup plus tard qu'avant. Avec le Web, le client
peut faire ses simulations, poser ses questions, évaluer
son projet et en soucrire une partie en ligne. Ce processus
a permis un gain de temps et de productivité
énorme. Au niveau du marketing nous le ressentons
aussi. Un mailing électronique coûte nettement
moins cher qu'un mailing papier. Nous faisons donc plus
de marges qu'un acteur traditionnel qui n'a pas intégré
Internet dans sa stratégie.
Vous
avez beaucoup investi en communication pour Selectaux.
Est-ce que vous maintiendrez des investissements marketing
de ce niveau cette année ?
Non car nous allons faire jouer des synergies avec le
réseau que nous avons constitué. Avec
la presse immobilière nous diffusons 14 millions
d'exemplaire par an en Ile-de-France, ce qui est non
négligeable. L'utilisation du réseau pour
promouvoir les produits était également
un objectif avec les différentes acquisitions.
Par ailleurs, nous avons fait un gros effort marketing
en devenant la chaîne immobilière de Voila
et Wanadoo.
L'an
dernier la comparaison de prêts était annoncée
comme une révolution. Est-ce que l'impact de
ce modèle n'a pas été finalement
surévalué ?
Non, je ne le pense pas. Il suffit d'aller sur notre
site pour le constater. Allez dans votre établissement
bancaire et vous verrez la différence avec les
taux qui vous sont proposés. Il ne faut pas non
plus mésestimer l'impact psychologique qu'ont
eu les comparateurs de prêts sur le secteur en
général. Qui connaissait le métier
de courtier en 1999 ? Quasiment personne. Ce système
novateur a permis de faire découvrir aux gens
qu'ils pouvaient mettre facilement en concurrence les
banques. Cela a apporté plus de transparence
et un vrai service aux clients. En ce sens, c'est une
forme de révolution. Les banques sur Internet
font d'ailleurs des efforts spécifiques dans
ce domaine. Et je maintiens que, sur Internet, la promesse
de trouver des taux compétitifs en matière
de prêt est tenue.
Les
banques n'ont toutefois pas donné l'impression
de vouloir adhérer au système et d'être
mises en concurrence ,alors qu'elles sont un maillon
essentiel de votre système...
C'est exact. Il y a eu une réticence au début
et il était difficile de traiter avec les banquiers.
Mais c'est beaucoup plus facile maintenant car elles
ont découvert que le Web était un nouveau
canal et non un concurrent. La plupart d'entre elles
choisissent d'ailleurs de mettre en place leur propre
solution de crédit en ligne. Pour preuve, nous
équipons l'ensemble des sites des Caisses d'Epargne
avec notre outil de crédit immobilier. Les banques
ont aujourd'hui fait deux constats. Tout d'abord la
clientèle présente sur Internet est très
intéressante au niveau socio-professionnel. Ensuite,
le Web permet d'éliminer une partie du travail
fastidieux à effectuer lors de la constitution
des dossiers. Les gains de productivité sont
quantifiables et si Internet est bien géré
et s'inscrit dans une chaîne commerciale, c'est
un très bon canal d'acquisition pour les banques.
Les
réseaux physiques ouvrent des sites internet,
les sites immobiliers investissent eux dans des espaces
physiques. Et les sites de presse immobilière
proposent du crédit. Qui considérez-vous
comme vos concurrents alors qu'on assiste à une
forme de convergence dans le secteur ?
Les sites d'immobilier avant tout. Mais je pense qu'en
fait nous avons peu de concurrents car peu de groupes
ont des offres multi-produits. Les sites de presse immobilière,
par exemple, tentent effectivement de se mettre sur
les services de crédit. Mais pour être
global Il faut beaucoup d'argent, beaucoup de moyens
et surtout beaucoup de compétences. Nous avons
fait beaucoup d'efforts en recrutant de nombreux professionnels
comme Patrick Ding, ancien dirigeant de Pierre et Vacances
et qui est en charge du pôle immobilier. Ou Arnault
de Devriendt, qui, en tant que fondateur de MDHM, est
un grand professionnel de la presse immobilière
et des services associés. Nous pouvons donc proposer
un service de qualité dans toutes les activités
où nous voulons être présents. Or
c'est sur cette qualité de services que se fera
la différence.
Vous
êtes toujours en quête d'acquisitions ?
Tout à fait. Nous étudions les rapprochements
dans tous nos métiers. Que ce soit l'administration
de biens, le courtage de crédit, la vente immobilière
ou la presse immobilière. Le but étant
de renforcer soit notre offre, soit notre réseau
de distribution.
Les
annonces immobilières sur Internet semblent s'appauvrir.
Beaucoup de sites ne sont pas remis à jour et
il y a rarement des photographies des biens. Quelle
en est la raison ?
Il y a eu l'an dernier une course à celui qui
aurait le plus d'annonces avec un système gratuit
généralisé. Certains sites avaient
d'ailleurs plus d'annonces que de biens à vendre
ce qui est pour le moins curieux. Le problème
est qu'avoir des annonces est une bonne chose mais faire
des bénéfices c'est mieux. Désormais,
comme les acteurs ont du mal à rentabiliser,
il réduisent de plus en plus leurs moyens et
proposent moins d'annonces ou ne les rafraîchissent
pas. Tout le monde doit par ailleurs intégrer
le fait que le tout gratuit est terminé sur le
Web en matière immobilière. Dans notre
cas, toutes les annonces sont payantes. Dans la mesure
où le propriétaire s'implique en payant,
les annonces sont de meilleure qualité. En résumé
qui veut vendre son bien rapidement doit investir, donc
le modèle payant s'imposera. Mais c'est le vendeur
qui continuera à payer, pas l'acheteur.
Adomos
est cotée sur le Marché Libre depuis un
an mais votre titre n'attire guère les investisseurs
au vu des volumes. A quoi cela vous sert-il d'être
coté ?
C'est utile tout d'abord pour avoir de la reconnaissance
et une notoriété. Par ailleurs cela nous
met en bonne position avant de passer sur un marché
réglementé. Dans notre stratégie
de rapprochement, cet élément est important
car il peut permettre de convaincre des sociétés
de nous rejoindre.
Qu'est-ce
que vous aimez sur Internet ?
Par déformation, depuis que nous sommes cotés,
Boursorama.
Sinon Meilleursite.com
Et
qu'est-ce que vous n'aimez pas sur Internet ?
Chercher une information, auparavant gratuite, et qu'on
me demande de payer maintenant.
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