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Jim Safka
PDG
Match.com
Jim Safka
"Merci Meetic"
Le leader mondial de la rencontre en ligne passe à l'offensive en France. L'occasion d'évoquer avec son PDG ses ambitions face à Meetic, ou encore sa stratégie internationale et son modèle économique payant à l'heure du Web 2.0 gratuit.
(20/09/2006)
 
JDN. La société Match.com est présente en France depuis 2002 (lire l'article du 28/11/02). Pourquoi parler alors de "lancement" aujourd'hui ?
Jim Safka. C'est un lancement car, si nous avions un site, nous n'avons jamais mis les moyens, notamment publicitaires et marketing, nécessaires à son développement. L'essentiel de notre activité en France se faisait à travers notre partenariat avec le portail MSN. Cela va changer désormais, avec un énorme effort concentré sur le marché français.

C'est-à-dire ?
Nous lançons une nouvelle version de notre site français, sur laquelle nos meilleurs développeurs, basés aux Etats-Unis, ont travaillé depuis 9 mois. Pour l'annoncer, une campagne de publicité de plusieurs millions d'euros a commencé. Créée par l'agence Marcel et orchestrée par Vizeum pour l'achat d'espaces, elle se décline surtout en TV, avec 3 spots sur le thème du coeur revenant à la vie, mais aussi en presse écrite et en affichage.

Et en ligne ?
Bien sûr ! Les spots seront diffusés sur des sites supports choisis pour leur affinité avec notre cible, en gros les femmes de 25 à 49 ans. Il va également y avoir des films viraux, ainsi que des bannières plus classiques. Cet effort de communication ne se limite pas au lancement. Il s'inscrit dans la durée.

Comment expliquez-vous votre échec à percer le marché français jusqu'à présent (lire l'article du 13/12/04), alors que vous êtes pionnier depuis 1995 et leader de la rencontre en ligne dans le monde ?
Mais nous n'avons jamais voulu faire de percée ! Comme je l'ai dit, nos efforts ne se sont pas encore portés sur la France. Ceci dit, nous avons fait appel à un anthropologue culturel, Clotaire Rapaille, pour adapter au mieux notre site au public français. Nous avons beaucoup d'espoir ici.

Nous n'avons pas voulu faire de percée en France !"
Que pensez-vous du leader français [Meetic] et quel sera votre positionnement relatif ?
De qui parlez-vous ? Plus sérieusement, ils ont fait un excellent travail en établissant la rencontre en ligne en France. Nous allons profiter de cela. C'est un secteur en forte croissance donc il y a de la place pour 2 ou 3 acteurs. Sur le positionnement, notre cible est plus âgée que la leur, et cherche d'avantage des relations sérieuses et durables.

Dans combien de pays êtes-vous présents ?
Dans 32 pays. Notre développement international a commencé en 2002 avec l'Australie, puis à travers un partenariat mondial avec MSN. L'année dernière, grâce à la publicité et des services co-brandées avec MSN, Yahoo et Wanadoo, nous avons doublé notre chiffre d'affaires au Royaume-Uni. Aujourd'hui, 35 % de nos revenus proviennent de l'international, où la croissance est beaucoup plus forte qu'aux Etats-Unis.

Votre partenariat avec MSN ne vous a pas permis, en France, de contester la position du leader. Quelle est votre stratégie en matière de partenariats ?
Notre stratégie est de trouver des partenaires pour faciliter notre implantation locale, avant d'augmenter progressivement la part de nos revenus provenant de notre site propre. Mais nous sommes satisfaits de notre accord mondial avec MSN. D'ailleurs nous venons de le renouveler. Il est important d'avoir à la fois un site propre et l'apport de trafic via plusieurs partenaires. Nous visons principalement les gros portails, en co-brandé, jamais en marque blanche. Je précise, concernant ces partenariats, que les utilisateurs rejoignent une base commune et non limitée aux seuls visiteurs du portail qu'ils fréquentent.

Le modèle payant est gage de qualité"
Est-ce que vous adaptez aux différents pays les services que vous proposez ?
Nous commençons toujours avec le site Match.com, notre porte-drapeau, en l'adaptant localement. Puis nous lançons éventuellement nos 2 autres services, testés d'abord aux Etats-Unis : Chemistry et MindFindBind. Le premier est une sorte d'agence matrimoniale, dans laquelle un intermédiaire permet à deux personnes de se rencontrer. Le second s'adresse aux personnes souhaitant recevoir des conseils pour faire des rencontres. Nous élargissons notre offre pour répondre aux demandes et aux profils de nos clients.

Quel est votre modèle économique ?
90 % de nos revenus viennent des abonnements de nos clients. Ceci dit, nous pourrions développer la publicité, vendue plus chère aux annonceurs étant donné que nous connaissons très bien notre base. Mais le plus dur est de construire une audience importante et de qualité. Ensuite, la question de "comment la monétiser" est secondaire.

Les réseaux sociaux, en pleine croissance, permettent des rencontres gratuites. Ne craignez-vous pas que les habitudes prises par les internautes, surtout les jeunes, ne les empêchent d'utiliser des sites payants comme le vôtre ?
C'est possible mais je ne le crois pas. Match.com fonctionne comme un club. Faire payer un service est un gage de qualité et évite les risques que certains gros réseaux sociaux connaissent. Cependant, nous ne sommes pas des dinosaures et ferons évoluer notre modèle économique si nécessaire. J'ajoute que ces réseaux ont fait progresser l'idée qu'il était socialement acceptable de faire des rencontres sur Internet. En tout cas, le succès exceptionnel de MySpace n'a pas eu d'impact négatif sur notre activité, en partie parce que nous ne ciblons pas les adolescents.

Comment voyez-vous l'avenir pour les sites de rencontres ?
Les technologies utilisées dans le Web 2.0 vont se répandre. Les profils vidéos et audios vont également se généraliser. En revanche, nous voyons le mobile comme un prolongement du service, et non comme support de services spécifiques. Par ailleurs, la rencontre en ligne va s'étendre à des nouvelles tranches d'âges. Déjà, le segment des plus de 50 ans affiche la plus forte croissance aux Etats-Unis. A l'échelle mondiale, je pense que le marché de la rencontre en ligne va représenter dans quelques années 1 milliard de dollars par an.

Quels sont vos objectifs chiffrés en France ?
Multiplier par 3 le nombre d'utilisateurs à fin 2007. Aujourd'hui, nous en avons 3,5 millions. Nous serions contents d'avoir 40 % du marché de la rencontre en ligne en France. Nous sommes confiants car il n'existe pas d'exemples de marchés dans lesquels un acteur maintient une part supérieure à 50 %...
 
 
Propos recueillis par Baptiste RUBAT du MERAC, JDN

PARCOURS
 
 
Jim Safka est PDG de Match.com depuis septembre 2004. Avant de prendre la direction du service de rencontres, il fut pendant deux ans vice-président d'AT&T en charge du e-commerce.

Jim Safka a également été chef de produit chez Intuit, puis chez AlbertoCulver, Warner Bros et Paramount Pictures. Il a également été vice-président marketing de l'E-trade financial corporation.

Il a une licence de comptabilité de l'université de Californie ainsi qu'un master de gestion et marketing de la Northwestern university.

   
 
 
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