INTERVIEW
 
PDG
Studio Mario Salis
Mario Salis
"Titre"


Metz

Prix de la Start-Up

Le chanteur Charlelie Couture le qualifie "d'aiguilleur virtuel" et on ne pouvait pas faire un meilleur compliment à l'Italien Mario Salis, ancien compositeur d'oeuvres symphoniques d'origine sarde spécialisé dans le webdesign. Mario Salis a monté un studio de création qui a remporté le prix de la Start-up aux Trophées de la nouvelle économie à Metz. Il compte notamment parmi ses références le site de Charlélie Couture. Il travaille actuellement à l'élaboration du site de la Fondation Maeght. Le créateur multimédia a réalisé un chiffre d'affaires de 2 millions de francs en 2000. Rencontre avec un personnage atypique.
15 octobre 2001
 
          

JDNet. Vous sentez-vous plus l'âme d'un artiste ou d'un professionnel du Net ?
Mario Salis. Il faut être très clair, mon parcours est lié à la musique contemporaine. Donc j'ai une âme profondément artistique. Et je revendique cet attachement. Je me considère plutôt comme un "multicien", qui est une contraction de multimédia et musicien. C'est un nouveau genre d'artiste qui utilise les nouvelles technologies. Mais de l'autre côté, je n'oublie pas que le business, c'est mon pain quotidien.

Comment avez-vous découvert le Net ?

Mes premiers pas dans le multimédia, je les ai réalisés via la musique électronique. Notamment avec un séquenceur sur mon ordinateur Atari. C'était quelque chose d'extraordinairement nouveau et fantastique. Pour trouver des sources de fichiers Midi en 1992-1994, j'allais sur Internet en complément. Mais le vrai régal au début du Net, c'était de trouver la presse italienne.

Comment vous exprimez-vous sur Internet ?
Le site Arsmultimedia.org accueille toutes mes oeuvres interactives teintées de poésie numérique. Tous les six mois, j'en ajoute une nouvelle. Je les considère comme des plate-formes oniriques. L'Internet sert à créer des tensions poétiques et visuelles.

Quelles pistes explorez-vous entre la musique et le Net ?
Ce que je trouve formidable avec le Net, c'est qu'il va permettre aux artistes de distribuer directement leurs oeuvres aux internautes. La vraie révolution se trouve au niveau de la distribution de la musique.

Des artistes comme Charlélie Couture ou Jean-Patrick Capdevielle, qui ont fait appel à vos services de prestations Internet, y songent-ils ?
Oui, ils y songent mais il faut être réaliste : il faut notamment prendre des précautions à propos des droits d'auteurs et des risques de reproduction illégale d'oeuvres en ligne. Mais globalement, les coûts de distribution devraient diminuer avec le Net. Il faut également considérer les contrats qui sont signés avec les maisons de disque. Charlélie Couture, par exemple, est lié à Virgin. Les applications type Napster sont surtout intéressantes pour les artistes méconnus. Ils peuvent sensibiliser un grand nombre d'internautes rapidement. [NDLR : actuellement, Mario Salis travaille sur le site de Pendragon, un label virtuel avec Jean-Patrick Capdevielle aux commandes.]

En tant que spécialiste webdesigner, comment jugez-vous les efforts des prestataires Internet en la matière ?
Il existe de très belles choses sur Internet. Le problème, c'est qu'il faut aller les chercher ! Je ne me prend pas pour un gourou, mais on peut faire la comparaison avec l'infllation de productions de films : sur dix films, il y en a un qui est vraiment original. Pour la réalisation de sites, c'est la même chose. En revanche, un véritable savoir-faire français en matière de design est en train d'émerger. Personnellement, je regarde de plus en plus le "design sonore", les pages d'accueil qui proposent un fond musical. C'est un nouveau domaine d'exploration intéressant, surtout pour un musicien comme moi.

Vous avez des exemples concrets de réussite de design sur Internet. A contrario, vous avez en tête des projets que vous déplorez ?
Mon site personnel contient des centaines de coups de coeur dans la rubrique Anima Links. Mais j'ai aussi eu beaucoup de déceptions. Le problème est toujours le même : je remarque que certains projets Internet négligent vraiment le design. Par exemple, je trouve que la charte grahique du site de Canal Plus est moche.

Sur quels types de projets travaillez-vous actuellement au sein de votre studio ?
Nous avons un grand projet de biennal dans le monde du multimédia, en collaboration avec la ville de Metz et le Conseil général de la Moselle. Parallèlement, j'ai un projet de télévision interactive. Ce serait une plate-forme multithématiques, une sorte de bibiothèque vidéos qui serait développée avec un modèle économique basé sur le sponsorship. C'est un projet assez avancé. Nous pourrions ajouter une version DVD mensuelle. L'objectif est d'apporter du contenu différent, susceptible de générer du trafic.

Mais vous n'êtes pas découragé par le sort des web TV qui rencontrent des difficultés ?
Ce projet ne nécessite pas un budget important. Environ 5 millions de francs. Avec cinq partenaires dedans, les investissements sont raisonnables.

Quels autres projets avez-vous dans les cartons ?
Nous venons de lancer un nouveau site immobilier qui s'appelle Immoo.com pour le compte d'un client professionnel luxembourgeois. C'est le grand projet du moment, qui fait vivre mon équipe de huit personnes pendant six mois.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
La surprise et l'étonnement. Plus prosaïquement, les architectures Web et les navigations intelligentes sur les sites.

Et que détestez-vous ?
La réception d'e-mails non sollicités. De même, les services en ligne qui me proposent des informations que je ne demande pas directement. Par exemple, une proposition que je reçois sur mon wap pour acheter un livre chez un libraire situé à 500 mètres. J'estime que ce type de services touche à ma liberté.

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Mario Salis, 43 ans, est diplômé de géométrie. Après avoir passé son enfance dans son pays d'origine l'Italie, il visite l'Espagne, l'Angleterre, l'Allemagne, La Suisse, et la Hollande. Dans les années 80, il décide de' s'installer à Metz (Moselle), où il effectue des études de musicologie en s'intéressant plus particulièrement à la musique contemporaine. En 1991, il fonde Ars Multimédia, qui devient un site en 1996, à travers lequel il met en relation la poésie et l'image. En 1996, il décide de créer sa propre entreprise de création multimédia, Interact', devenu Studio Web Design Mario Salis.

   
 
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