JDNet.
Cela fait un plus d'un an que vous avez débuté
vos activités. Quel est votre premier bilan ?
Christophe Sauvan. La
société a été créée
en septembre 2001 mais nous ne sommes véritablement
opérationnels que depuis mi-avril. La phase de
recrutement a été plus longue que prévu.
Nous avons passé beaucoup de temps à faire
découvrir au marché les possibiltés
du mobile, autour duquel nous avons trois offres. Nous
avons rencontré tous les grands annonceurs de
la place et les agences marketing. A fin décembre,
nous aurons mené une cinquantaine de campagnes
avec une vingtaine d'annonceurs : McDonald's, L'Oréal
avec la marque Vichy, Danone, Mercedes, Smart, Salomon
ou Voyages Fram. Nous travaillons avec certains clients
de manière récurrente.
Comment
qualifieriez-vous l'état actuel du marché
du marketing SMS?
Après la phase d'évangélisation
en 2002, il est nécessaire de passer à
un stade de maturation du marché. Les annonceurs
abordent ce nouveau média avec beaucoup de précaution.
De notre côté, nous devons faire face à
une rigueur budgétaire des annonceurs qui dure
depuis plus de douze mois, voire dix-huit mois. Vu le
contexte, nous sommes satisfaits d'être parvenus
à ce résultat.
Vos
activités sont nouvelles et vous touchez déjà
des annonceurs très traditionnels. Comment l'expliquez-vous
?
Il
existe une grande différence entre le démarrage
du marketing en ligne et celui du marketing SMS. Il
y a trois ans, le premier était sur une population
d'utilisateurs assez faible. Nous ne sommes pas dans
la même configuration puisque nous disposons d'entrée
de 35 à 45 millions de personnes qui ont un téléphone
mobile. L'un des grandes caractéristiques du
mobile est qu'il constitue à la fois un média
de masse et un puissant outil "one to one".
Du côté des annonceurs, ils avaient déjà
fait le pas de l'e-mailing. L'étape du marketing
SMS a peut-être
semblé plus naturelle.
Quels
types d'offres marchent le mieux auprès des annonceurs
? L'ordre
est cohérent : la genèse du système
fait que nous avons eu à gérer davantage
d'opérations en push en terme de volume. Ensuite,
c'est le pull (organisation de jeux). Le marketing relationnel
vient tout juste de démarrer.
Quelles
sont les recettes d'une bonne opération marketing
SMS ?
Jouer avec les capacités intrinsèques
des mobiles : délivrer l'information sous forme
d'alerte, la développer sous forme de teasing,
inciter le consommateur à engager une relation
active avec la marque à travers l'interactivité
SMS et la nature et la qualité de l'offre au
bout de la chaîne. Cela fait quatre grands éléments.
Le
marketing SMS, ça ne marche que sur une population
jeune. Vrai ou faux ?
C'est une fausse assertion. Aujourd'hui,
il est clair que nous avons une population jeune ultra
réceptive (11-35 ans). Mais, en même temps,
c'est une population difficile à pénétrer.
Le SMS est un bon outil pour la toucher à condition
que le message soit efficace. Le potentiel de cible
va bien-au delà : 20% des utilisateurs réguliers
de SMS ont plus de 40 ans. Par exemple, pour le cas
de la campagne effectuée pour le compte de Mercedes,
nous avions ciblé une population de plus de 35
ans. Nous avons eu un taux de contact de 11% alors qu'en
moyenne, on atteint un point supplémentaire.
Quel
est le coût d'une opération marketing SMS
pour un annonceur ?
Tout dépend
du type d'opération. Pour les deux premières
offres (push et pull), il est lié à la
location des adresses (numéros de téléphone
mobile). Une adresse vaut 0,40 centime TTC. Nous avons
des campagnes en moyenne sur 20.000 profils. Il est
facile de faire le calcul (8.000 euros en tout) de location
de fichiers et routage inclus. Il existe également
des honoraires conseils pour accompagner le client dans
la conception de l'opération et des frais techniques
d'interactivité. Pour le troisième cas
(qui mixte pull et push), la tarification est différente
(frais de licence pour des jeux). Nos tarifs s'échelonnent
entre 10.000 et 500.000 euros.
De
votre côté, quelles marges dégagez-vous
?
Les
taux de marge restent confidentiels et cela dépend
du type d'opération. Mais nous ne sommes pas
en situation d'équilibre financier. Pour notre
première année de réelle exploitation,
nous allons réaliser un chiffre d'affaires d'un
million d'euros.
De
combien d'abonnés disposez-vous dans votre base
?
Nous
aurons 800.000 profils d'ici la fin de l'année,
que l'on retrouve au sein de trois grands systèmes.
Le premier, Mobile Gagnant, est une base ultra qualifiée
de 500.000 profils. Nous avons une deuxième base
de 150.000 profils mais moins de centres d'intérêt
recensés et moins profonde en terme de critères
qualitatifs. Et enfin, nous avons des bases en régie.
Nous avons récemment fait entrer la base de la
radio Skyrock, qui nous charge de la commercialiser.
Nous nous chargeons de la certification des bases que
nous prenons en régie.
Quelles
sont les grandes sources de recrutement pour alimenter
votre base de données ?
Il
y a en a quatre : la première provient de notre
maison-mère Orange, à travers une insertion
dans le courrier de la facture des abonnés. Notre
deuxième se fait à travers notre programme
Mobile Gagnant, co-brandé
Mobile & Permission et Orange. Les autres sources
sont des partenariats au fil de l'eau, on et off-line.
Pour le dernier cas, il nous arrive de recruter dans
les milieux étudiants et dans les centres commerciaux.
Enfin, nous disposons de notre site d'expérimentation
Mobiwin.com. Nous
enregistrons 30.000 nouveaux membres par mois.
Actuellement, 60% du recrutement se
fait en ligne et toujours sur un mode "opt-in".
Recrutez-vous
vos membres "à la base", c'est à
dire dès l'enregistrement d'un nouvel abonnement
Orange ?
C'est
tentant car l'économie d'échelle serait
importante. Néanmoins, il faut faire attention
car cocher une croix en bas d'un contrat pour une offre
de service de téléphonie mobile constitue
un acte d'opt-in implicite un peu limite. En général,
les taux de retour sont moins forts avec ce genre de
pratique.
Approchez-vous
les autres opérateurs mobiles pour commercialiser
leurs propres bases de données ?
Dans
le cadre du kiosque SMS Plus, nous travaillons avec
les autres opérateurs mobiles. SFR n'a pas de
recrutement spécifique à ma connaissance
et Bouygues Telecom aborde un peu notre approche à
travers son offre Spot (télécommunication
gratuite contre des messages publicitaires au cours
des échanges téléphoniques). Nous
sommes naturellement ouverts à des collaborations
plus poussées.
Comment
expliquez-vous que les autres opérateurs ne se
soient pas lancés sur votre créneau ?
Mobile
& Permission est d'abord un projet personnel. Il
a été poussé par Orange, qui a
jugé que ce développement pouvait constituer
un axe stratégique. Le fait d'avoir monté
cette activité en filiale nous donne une flexibilité
et une capacité d'initiatives plus importantes.
Comment
évitez-vous les débordements et les spam
SMS ?
Nous
avons mis en place un opt-in explicite et nous expliquons
très clairement notre démarche. Les membres
peuvent choisir la fréquence mensuelle de réception
de messages SMS de notre part (jusquà 5, 10 ou
20 messages par mois). ils peuvent également
se désabonner par mail et par téléphone.
Côté clients, nous ne diffusons jamais
les numéros de nos membres. Il n'y a aucun transfert
de bases.
Quelles
perspectives de développement prévoyez-vous
autour du SMS Plus ?
On
retombe dans un modèle connu des annonceurs :
celui du kiosque à travers le Minitel et l'Audiotel.
Nous estimons que le marché du marketing SMS
va être boosté avec le programme SMS Plus.
Nous disposons nous-même de numéros SMS
Plus autour de jeux. Nous restons positionnés
comme un prestataire mobile marketing. Nous avons déjà
réalisé six opérations dans le
domaine du SMS Plus, ce qui représente un trafic
d'environ 300.000 SMS Plus. Nous avons par exemple lancé
un jeu SMS Plus avec la voiture Smart.
Quand
comptez-vous déployer vos premières campagnes
MMS ?
En
2003, le chiffre d'affaires du MMS sera encore faible.
Les
premiers kiosques MMS devraient arriver d'ici fin 2003.
Nous
avons lancé des expérimentations mais
les
opérateurs mobiles ont encore de progrès
à faire dans la maîtrise de cette technologie.
De plus, il existe encore trop peu de terminaux mobiles
multimédias. Si les problèmes d'interopérabilité
seront réglés d'ici trois mois, les grilles
de tarifs restent à étudier : un SMS coûte
0,15 centime dans un forfait mobile tandis qu'un MMS
coûte actuellement entre 0,35 ou 0,45 centime.
Dernier point à prendre en compte, les trois
opérateurs n'ont pas la même vision du
mobile multimédia : Orange et SFR
étudient avec attention les fonctionnalités
de photographies, alors que Bouygues Telecom a décidé
de se concentrer sur l'i-mode.
Qui
sont vos concurrents les plus directs ?
Dans
le positionnement marketing mobile, on trouve ScreenTonic.
Dans une catégorie plus techno, des acteurs comme
Netsize, Jet Multimédia ou Mobile Way. Pour la
partie base de données mobiles, notre principal
concurrent est i-Base. Enfin, on trouve des prestataires
intermédiaires comme Phone Valley. A
l'étranger, on trouve OneToSnap en Angleterre
et en Allemagne ou FlyTXT en Angleterre.
Quel
terminal mobile utilisez-vous personnellement ?
J'en
ai deux : un Nokia 7650 et un Ericsson Ti68i. Le premier
comprend un appareil
photo incorporé et un grand écran et le
second est un plug-in. C'est super comme application
: ça permet de faire des photos au moment où
l'on n'y penserait même pas.
Combien
de SMS recevez-vous par jour ?
Personnellement,
j'en reçois énormément. Je suis
sur la liste de diffusion de tous les messages marketing
que la société envoie. Par exemple, ce
matin, j'en ai reçu vingt-cinq. Mais, si je retire
tous les SMS pro, j'en compte trois ou quatre par jour.
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