INTERVIEW
 
PDG
Mangoosta
Marie-Eve Schauber
"Titre"
Mangoosta, opérateur alternatif dédié à l'Internet haut débit, qui a officialisé ses activités en octobre avec la présentation de l'offre co-brandée ADSL avec Yahoo (Lire l'article du JDNet du 06/10/00), vient d'ouvrir son service à Lille, à Strasbourg et Lyon. D'ici la fin de l'année, Mangoosta compte couvrir l'ensemble du territoire national. L'opérateur a signé des accords avec des acteurs comme Altavista France (guide de recherche), FranceMP3 (musique en ligne), Gameloft, CryoNetworks (jeux en ligne) ou ClickVisions (divertissement en ligne). Actuellement dans la phase de pré-dégroupage, Mangoosta n'attend que le feu vert de l'ART et de France Télécom pour déployer sa propre infrastructure DSL (technologie d'Internet rapide, qui permet de séparer les flux liés aux données de ceux liés à la voix). Pour le moment, le réseau France Télécom est encore un passage obligé pour toucher les particuliers. 12 décembre 2000
 
          

JDNet. D'ou vous est venu l'idée de lancer Mangoosta ?
Marie-Eve Schauber. Nous travaillons sur ce projet depuis un an. La société a été créée officiellement en mars 2000. L'objectif est d'apporter du haut-débit à tout le monde, que ce soit aux professionnels (TPE, PME) ou aux particuliers. L'ADSL repose sur le cuivre qui relie tous les particuliers au réseau Internet. C'est donc un avantage par rapport à l'accès câble.

L'accès Internet, ce n'est pourtant pas votre univers professionnelle d'origine ?
Effectivement, je viens plutôt de la micro-informatique. Avant de me lancer dans le projet Mangoosta, j'occupais la fonction de directrice générale de Dell France. Mais ce n'était pas complètement nouveau pour moi. Dell commercialise des serveurs dédiés aux applications Internet.

Pourquoi avoir quitté ce poste plutôt confortable ? Cela faisait cinq ans que j'étais chez Dell. Quand je suis arrivée, il y avait une centaine de personnes, beaucoup de pertes, un rang de 17ème sur le marché français, un chiffre d'affaires de 500 millions de francs par an. Quand je suis partis, il y avait 800 personnes, presque 8 milliards de CA annuel et une place de numéro 2 sur le marché français. Au bout d'un moment, il est légitime de passer à autre chose.

Comment avez-vous fait pour réunir l'équipe de managers très pro de Mangoosta ?
Le véritable instigateur du projet, c'est Alain Nicolazzi, fondateur de l'opérateur Omnicom qu'il a brillament développé puis revendu. Si "Dream team" il y a, c'est lui qui a commencé à la former. Alain Nicolazzi m'a contactée dans ce sens. Bernard Duteste, notre directeur technique, est un professionnel de la transmission de données. Il est à l'origine du réseau Transpac de France Télécom. Pierre Goubet, directeur de la règlementation, a planché auprès de l'ART.
Jean-Paul Isambart est spécialiste des systèmes d'informations autour de l'Internet. Nous avons également Frédéric Boutissou, le directeur commercial et marketing, qui vient de chez Dell France et qui connaît très bien le monde des entreprises. [NLDR, Mangoosta dispose actuellement d'un capital de 3,5 millions d'euros]

Le fait d'être la première "start-up" à défricher le terrain de l'ADSL vous donne-t-il un avantage primordial ?
L'ADSL est encore un terrain vierge. Nous sommes en train d'imposer notre nom dessus. D'autres projets ne sont pas nés car nous étions déjà présents. On croit à l'avantage du premier entrant. Il faut une période d'expérience technique et de commercialisation. C'est donc important de prendre de l'avance. Cela nous a permis de passer des accords de co-branding avec Yahoo et Altavista, que l'on auraît sûrement pas réussi à conclure six mois plus tard.

Le mensuel Newbizz indique que l'objectif est d'atteindre 20.000 abonnés Mangoosta d'ici la fin de l'année. Vous l'atteindrez ?
Je ne connais pas ce chiffre. D'ailleurs, nous communiquons peu sur les objectifs, seulement sur les résultats. C'est un héritage de chez Dell.

Quelle cible est potentiellement la plus intéressante pour vous ? Les particuliers ou les professionnels ?
Je pense que les deux sont intéressantes. Il n'y a pas d'antinomie à faire l'un et l'autre compte tenu de la structure des coûts dans ce marché. Plus il y a de clients, plus les liaisons que l'on achète sont bon marché. Le plus grand marché concerne les particuliers mais la courbe du chiffre d'affaires "entreprises" devrait être supérieure car nous allons fournir des applications et des services hauts débits dédiés.

Le 1er janvier 2001 marquera l'avènement du dégroupage physique. C'est une date importante pour vous ?
C'est une date complètement théorique. Les acteurs engagés vont réellement commencer à travailler sur ce sujet à la fin du premier semestre 2001. C'est lent, compte tenu des discussions entre l'ART et France Télécom. L'opérateur a un grand pas à faire étant donné qu'il doit passer à une situation de monopole à un environnement concurrentiel. Je conçois qu'il reste beaucoup de points à régler dans le détail. Mais c'est vrai que nous sommes très pressés et très impatients de notre côté. Mais on va dans le bon sens : lorsque Mangoosta a été créé en mars dernier, la date du 1er janvier 2001 n'était pas encore officielle.

Avez-vous obtenu des garanties de la part de France Télécom pour accéder à ses centrales téléphoniques à un moment donné ?
De manière individuel, non. Ce serait de la discrimination vis-à-vis des autres opérateurs. Cela entre dans les discussions globales qui ont lieu actuellement avec l'ART, qui représente l'ensemble des opérateurs sur ce dossier.

On a vu beaucoup d'annonces d'offres ADSL sous forme de pack (Club-Internet, Wanadoo, etc.). Vous vous attendez à une forte concurrence entre FAI ?
Actuellement, aucun FAI ne délivre de l'ADSL. Ce ne sont que des effets d'annonce. On ne peut pas avoir de packs actuellement. On peut uniquement les réserver et les FAI nous les promettent dans trois mois. Nous sommes seuls sur le marché pour le moment. Une précision en ce qui concerne Mangoosta : l'abonnement à 330 francs TTC comprend la location du modem et l'accès à Internet.

Peut-on connaître les termes du contrat que vous avez signé avec Yahoo France ?
C'est un partenariat de co-branding. Yahoo fournit le contenu et Mangoosta l'accès ADSL. Le recrutement de clients a commencé.

Quel type de financement privilégez-vous ? Appui sur le capital-risque ou les industriels ?
Nous ne faisons pas de commentaire à ce sujet. Néanmoins, je peux vous dire que nous avons contacté des investisseurs financiers. En revanche, nous sommes approchés par des opérateurs et des industriels au sens large. Nous sommes à l'écoute.

Etes-vous intéressée par la téléphonie IP ?
La voix sur IP est en effet un service que l'on va pouvoir mettre en place dans les semaines qui viennent.

Et l'Internet mobile ?
De loin, pour notre culture générale. Mais ce n'est pas l'un de nos axes de développement. Les technologies sont différentes.

Vous vous intéressez au marché européen ?
Nous nous y intéressons mais nous nous concentrons sur le marché français. En cas d'expansion européenne, il n'y pas de synergie évidente en terme de coût.

Quel est votre site d'information favori ?
Yahoo et pas seulement parce que nous avons un accord avec eu !. Pour moi, c'est la référence en matière de portail d'information. Bien avant Mangoosta, sur mon micro, la page d'accueil était Yahoo.

Quel service en ligne appréciez-vous particulièrement avec le développement de l'ADSL ?
Le fait de pouvoir téléphoner tout en surfant sur Internet. Mais ce sera un grand pas pour la musique, la vidéo et les jeux "on demand".

Qu'aimez-vous sur Internet ?
J'adore les livres originaux. Je vais souvent me ballader sur Amazon.de ou Amazon.co.uk. Je fais également mes courses en ligne, des réservations en ligne. Je déteste la foule dans les magasins.

Que détestez-vous sur Internet ?
Les connexions lentes mais c'est de la vieille histoire.

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Marie-Eve Schauber, 39 ans, est diplômée de l'ISA (Spécialisation Finance et Contrôle de Gestion) et est Ingénieur de l'Ecole Polytechnique de Grenoble (1985). elle a ensuite commencé sa carrière chez Xerox en 1985 au département des ventes, puis de 1986 à 1987 au département marketing. En 1988, ellle rejoint Borland, un éditeur Software, pour s'occuper de fonctions de responsable des ventes et de la distribution puis du marketing. Un an plus tard, elle devient directeur général France de la société et conserve ce poste jusqu'en 94. Puis, elle rejoint Dell en tant que directrice générale France (1995-1998) avant d'être promue vice-président Europe du Sud.

   
 
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