JDNet.
Pourquoi British Telecom lance
son portail wap en France ?
Jean-Baptiste Sers.
La France est l'un des
principaux pays européens et elle représente un marché potentiel
très important. Par ailleurs, la France compte à peu
près 30 millions d'abonnés en téléphonie portable et autour
de 8 millions d'abonnés à Internet. Notre philosophie consiste
à dire que les gens qui sont abonnés à l'Internet mobile sont
avant tout les mêmes qui sont abonnés à l'Internet fixe. Ce
qui intéresse British Telecom dans son implantation en France,
c'est le potentiel de marché qui représente environ 35 millions
de personnes. En avançant ces chiffres, nous prenons en considérations
les évolutions techniques de ce secteur, à l'image du GPRS
qui ne devrait plus tarder à arriver, ou encore l'UMTS qui
est prévu d'ici trois ans.
Quels
moyens British Telecom a-t-il consacré au wap en France ?
Nous ne souhaitons pas communiquer le budget exact de Genie
France. Par contre, je peux vous donner le volume total des
investissements de Genie pour son développement. Sur l'année
en cours, 160 millions de livres sterling (1,73 milliard de
francs) ont été investis. Nous sommes actuellement implantés
en Angleterre, en Hollande, en Allemagne, en Italie, en Espagne
et maintenant en France pour la partie européenne. Nous avons
également une implantation en Asie avec le Japon, à Hong-Kong
et en Malaisie.
Quels
sont les spécificités du portail Genie français ?
La philosophie générale est la même pour tous les pays. En
revanche, nous localisons bien évidemment les contenus et
le services. Les Français se regardent toujours comme des
gens très différents et je pense qu'ils ont raison. Si l'on
prend le sport comme exemple, certaines disciplines sont propres
à la France et ne sont pas du tout populaires en Allemagne
et réciproquement. Ensuite, pour ce qui est des services,
si l'on prend l'horoscope, ce service est plus important pour
la France que pour ses proches voisins.
Pourquoi
investir autant sur le wap alors que les résultats des acteurs
déjà présents sont pour le moins mitigés ?
La raison est simple, cela nous permet de prendre pied sur
le marché français, tout en commençant à créer notre base
de données et à fidéliser nos membres. Par ailleurs notre
présence sur l'Internet mobile, comparable aujourd'hui à un
minitel mobile, va nous apporter énormément de connaissances
sur la consommation, en terme de mobilité, de la population
française. Cela va également nous permettre de commencer à
éduquer les utilisateurs sur ce qu'est le mobile en proposant
notre vision de la mobilité.
Allez-vous
conclure un accord avec SFR ou un autre opérateur mobile ?
Non, bien que nous n'excluons absolument aucune éventualité
sur ce plan là. Aujourd'hui, nous sommes tout à fait convaincus
que nous pouvons fonctionner sans avoir conclu d'accord avec
un opérateur. Le "wap locking", le fait de ne pouvoir
accéder qu'à un portail de services, n'existe plus. Aujourd'hui,
n'importe quel type d'utilisateur qu'il soit sur SFR, Bouygues
ou Itineris, peut accéder au portail wap Genie.fr.
Le
fait de ne pas avoir signé d'accord avec un opérateur en téléphonie
mobile ne représente-t-il pas un handicap pour lancer un portail
wap ?
Notre philosophie en la matière est simple. Nous pensons que
les gens qui vont se connecter à l'Internet mobile sont avant
tout des internautes. On va essayer de les fidéliser d'abord
sur notre portail Internet pour ensuite les inciter à utiliser
le portail wap Genie. Dans la mesure où nous mettons en place
cette stratégie de fidélisation, nous estimons qu'un accord
avec un opérateur n'est pas la chose la plus importante qui
soit. Nous pourrons tout à fait vivre sans.
Comment
allez-vous promouvoir votre offre ?
Notre offre va essentiellement être promue par le biais d'une
campagne massive sur différents médias online. Nous avons
également démarré une campagne radio et nous sommes en train
d'étudier une campagne sur support presse papier. Par contre,
nous ne voulons pas aller sur la télévision, notre but n'est
pas de faire de l'image, nous cherchons avant tout à être
efficace. Nous ne voulons pas de ces grandes campagnes qui
font plaisir à certains lorsqu'ils allument leur poste et
dont la rentabilité reste encore à démontrer pour des services
Internet.
Quel
est le budget de cette campagne ?
Je vous dirais simplement que nous allons investir suffisamment
pour avoir une exposition très forte.
Comment
vous positionnez-vous Genie par rapport à Vizzavi, le portail
mobile de Vivendi et de Vodafone ?
Nous ne nous lançons pas pour aller concurrencer Vizzavi.
Nous considérons Vizzavi comme l'un de nos concurrents, la
concurrence étant une bonne chose et notamment un bon élément
de stimulation. Notre but est avant tout de nous implanter
sur le marché européen qui possède un énorme potentiel.
Comment
British Telecom a perçu le fait d'être écarté par rapport
au portail Vizzavi ?
Vizzavi a été monté entre Vivendi et Vodafone, ce qui a posé
un petit problème compte tenu du pacte d'actionnaires de Cegetel.
La cour d'arbitrage internationale a statué et a notamment
reconnu légitimement l'existence de Vizzavi, en permettant
également à British Telecom de lancer ses propres services
en France. D'où l'arrivée de Genie.
Sans
parler de rentabilité, quels sont vos objectifs en terme d'utilisation
de vos services ?
Là aussi, nous ne souhaitons pas communiquer sur nos objectifs.
Bien évidemment, British Telecom en s'implantant en France,
n'a pas juste l'intention de mettre le pied dans l'eau pour
prendre la température. Notre volonté est de monter sur le
podium des portails multi-accès et multi-supports dans un
temps assez court. Nous avons été lancés mercredi 21 février
et nous comptabilisons actuellement 24.000 abonnés. En France,
le taux de recrutement est très élevé et nous en sommes d'ailleurs
très contents pour le moment.
La
technologie wap a-t-elle un avenir ?
Le wap à réellement un avenir. Il est certain que lorsque
le GPRS sera une réalité, cet avenir sera remis en question
puisque la différence se fera vraiment ressentir. En France,
nous avons deux problèmes avec le wap. Le wap est un minitel
mobile, alors qu'il a été vendu comme étant de l'Internet
mobile. L'autre problème concerne les communications sur le
produit wap par certains qui survendaient complètement le
produit. Et lorsque l'utilisateur se retrouvait sur son terminal,
il ne pouvait qu'être déçu de ce qui lui avait été vendu.
C'est une erreur de communication par rapport à la réalité
du produit qui a notamment contribué à créer une mauvaise
image autour du wap. Le wap est un produit en texte, qui n'offre
pas la possibilité d'afficher des images évoluées, et qui
est surtout destiné à une utilisation instantanée.
Selon
vous qu'est-ce qui marche sur le wap ?
Tous les services d'accès instantanés marchent en général
très fort. Je regrette à ce sujet que la SNCF n'ai pas encore
lancé son site wap, car c'est typiquement le genre de service
qui fonctionne. Lorsque l'on recherche un renseignement précis,
les gens n'ont pas toujours accès à leur PC ou à un minitel.
Sur un aspect plus ludique, les jeux ou les services de rencontre
sont des outils qui marchent bien sur le wap, nous l'avons
déjà observé en Angleterre.
Quels
succès connaît le wap en Angleterre ?
En Angleterre, nous approchons les 2 millions d'abonnés à
notre réseau mobile Cellnet. Les deux tiers de nos abonnés
utilisent nos services wap et sur l'ensemble de nos abonnés,
la moitié utilise le wap au moins une fois par semaine. Sur
le mois de janvier, nous avons enregistré 88 millions de pages
vues, ce qui prouve bien le succès de notre portail. Lorsque
le produit est vendu de manière sereine, l'engouement du public
est bien réel.
Quels
sont les services qui marchent le mieux ?
Les services liés à la recherche de proximité marchent assez
bien, tout comme le sport. Les services équivalents aux pages
jaunes françaises sont également très utilisés, tout comme
le mail.
Qu'aimez-vous
sur Internet ?
J'aime beaucoup Nova,
il ne s'agit pas de la radio française, mais d'un site d'information
américain sur l'archéologie que je trouve très bien fait.
J'utilise beaucoup l'IRC et le chat d'une manière générale.
J'aime également beaucoup le moteur de recherche Google.
Au
contraire, que détestez-vous sur Internet ?
Beaucoup de choses. Je ne supporte pas le spamming, ni les
sites qui font de la communication sur des produits qu'ils
n'ont pas.
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