INTERVIEW
 
Responsable Genie France
British Telecom
Jean-Baptiste Sers
"Titre"
British Telecom vient d'inaugurer le lancement en France de Genie.fr, son portail Internet mobile d'informations et de services. L'opérateur anglais a décidé de se lancer seul en France avec Genie, concurrent direct de Vizzavi, peu de temps après avoir été écarté du projet du nouveau tandem Vivendi-Vodafone. British Telecom, par ailleurs actionnaire de Cegetel, la filiale mobile de Vivendi, avait porté plainte auprès de la Chambre de commerce internationale qui avait finalement donné raison à Vivendi et Vodafone en novembre dernier. En Grande-Bretagne, British Telecom recense 2 millions d'abonnés à sa filiale mobile Cellnet. Pour son portail français, British Telecom a notamment signé des partenariats avec Monsieurcinema.com, Sports.com, Keljob, l'AFP ou encore 1bis.com. Jean-Baptiste Sers revient sur la stratégie mobile de "BT" en France.28 février 2001
 
          

JDNet. Pourquoi British Telecom lance son portail wap en France ?
Jean-Baptiste Sers. La France est l'un des principaux pays européens et elle représente un marché potentiel très important. Par ailleurs, la France compte à peu près 30 millions d'abonnés en téléphonie portable et autour de 8 millions d'abonnés à Internet. Notre philosophie consiste à dire que les gens qui sont abonnés à l'Internet mobile sont avant tout les mêmes qui sont abonnés à l'Internet fixe. Ce qui intéresse British Telecom dans son implantation en France, c'est le potentiel de marché qui représente environ 35 millions de personnes. En avançant ces chiffres, nous prenons en considérations les évolutions techniques de ce secteur, à l'image du GPRS qui ne devrait plus tarder à arriver, ou encore l'UMTS qui est prévu d'ici trois ans.

Quels moyens British Telecom a-t-il consacré au wap en France ?
Nous ne souhaitons pas communiquer le budget exact de Genie France. Par contre, je peux vous donner le volume total des investissements de Genie pour son développement. Sur l'année en cours, 160 millions de livres sterling (1,73 milliard de francs) ont été investis. Nous sommes actuellement implantés en Angleterre, en Hollande, en Allemagne, en Italie, en Espagne et maintenant en France pour la partie européenne. Nous avons également une implantation en Asie avec le Japon, à Hong-Kong et en Malaisie.

Quels sont les spécificités du portail Genie français ?
La philosophie générale est la même pour tous les pays. En revanche, nous localisons bien évidemment les contenus et le services. Les Français se regardent toujours comme des gens très différents et je pense qu'ils ont raison. Si l'on prend le sport comme exemple, certaines disciplines sont propres à la France et ne sont pas du tout populaires en Allemagne et réciproquement. Ensuite, pour ce qui est des services, si l'on prend l'horoscope, ce service est plus important pour la France que pour ses proches voisins.

Pourquoi investir autant sur le wap alors que les résultats des acteurs déjà présents sont pour le moins mitigés ?
La raison est simple, cela nous permet de prendre pied sur le marché français, tout en commençant à créer notre base de données et à fidéliser nos membres. Par ailleurs notre présence sur l'Internet mobile, comparable aujourd'hui à un minitel mobile, va nous apporter énormément de connaissances sur la consommation, en terme de mobilité, de la population française. Cela va également nous permettre de commencer à éduquer les utilisateurs sur ce qu'est le mobile en proposant notre vision de la mobilité.

Allez-vous conclure un accord avec SFR ou un autre opérateur mobile ?
Non, bien que nous n'excluons absolument aucune éventualité sur ce plan là. Aujourd'hui, nous sommes tout à fait convaincus que nous pouvons fonctionner sans avoir conclu d'accord avec un opérateur. Le "wap locking", le fait de ne pouvoir accéder qu'à un portail de services, n'existe plus. Aujourd'hui, n'importe quel type d'utilisateur qu'il soit sur SFR, Bouygues ou Itineris, peut accéder au portail wap Genie.fr.

Le fait de ne pas avoir signé d'accord avec un opérateur en téléphonie mobile ne représente-t-il pas un handicap pour lancer un portail wap ?
Notre philosophie en la matière est simple. Nous pensons que les gens qui vont se connecter à l'Internet mobile sont avant tout des internautes. On va essayer de les fidéliser d'abord sur notre portail Internet pour ensuite les inciter à utiliser le portail wap Genie. Dans la mesure où nous mettons en place cette stratégie de fidélisation, nous estimons qu'un accord avec un opérateur n'est pas la chose la plus importante qui soit. Nous pourrons tout à fait vivre sans.

Comment allez-vous promouvoir votre offre ?
Notre offre va essentiellement être promue par le biais d'une campagne massive sur différents médias online. Nous avons également démarré une campagne radio et nous sommes en train d'étudier une campagne sur support presse papier. Par contre, nous ne voulons pas aller sur la télévision, notre but n'est pas de faire de l'image, nous cherchons avant tout à être efficace. Nous ne voulons pas de ces grandes campagnes qui font plaisir à certains lorsqu'ils allument leur poste et dont la rentabilité reste encore à démontrer pour des services Internet.

Quel est le budget de cette campagne ?
Je vous dirais simplement que nous allons investir suffisamment pour avoir une exposition très forte.

Comment vous positionnez-vous Genie par rapport à Vizzavi, le portail mobile de Vivendi et de Vodafone ?
Nous ne nous lançons pas pour aller concurrencer Vizzavi. Nous considérons Vizzavi comme l'un de nos concurrents, la concurrence étant une bonne chose et notamment un bon élément de stimulation. Notre but est avant tout de nous implanter sur le marché européen qui possède un énorme potentiel.

Comment British Telecom a perçu le fait d'être écarté par rapport au portail Vizzavi ?
Vizzavi a été monté entre Vivendi et Vodafone, ce qui a posé un petit problème compte tenu du pacte d'actionnaires de Cegetel. La cour d'arbitrage internationale a statué et a notamment reconnu légitimement l'existence de Vizzavi, en permettant également à British Telecom de lancer ses propres services en France. D'où l'arrivée de Genie.

Sans parler de rentabilité, quels sont vos objectifs en terme d'utilisation de vos services ?
Là aussi, nous ne souhaitons pas communiquer sur nos objectifs. Bien évidemment, British Telecom en s'implantant en France, n'a pas juste l'intention de mettre le pied dans l'eau pour prendre la température. Notre volonté est de monter sur le podium des portails multi-accès et multi-supports dans un temps assez court. Nous avons été lancés mercredi 21 février et nous comptabilisons actuellement 24.000 abonnés. En France, le taux de recrutement est très élevé et nous en sommes d'ailleurs très contents pour le moment.

La technologie wap a-t-elle un avenir ?
Le wap à réellement un avenir. Il est certain que lorsque le GPRS sera une réalité, cet avenir sera remis en question puisque la différence se fera vraiment ressentir. En France, nous avons deux problèmes avec le wap. Le wap est un minitel mobile, alors qu'il a été vendu comme étant de l'Internet mobile. L'autre problème concerne les communications sur le produit wap par certains qui survendaient complètement le produit. Et lorsque l'utilisateur se retrouvait sur son terminal, il ne pouvait qu'être déçu de ce qui lui avait été vendu. C'est une erreur de communication par rapport à la réalité du produit qui a notamment contribué à créer une mauvaise image autour du wap. Le wap est un produit en texte, qui n'offre pas la possibilité d'afficher des images évoluées, et qui est surtout destiné à une utilisation instantanée.

Selon vous qu'est-ce qui marche sur le wap ?
Tous les services d'accès instantanés marchent en général très fort. Je regrette à ce sujet que la SNCF n'ai pas encore lancé son site wap, car c'est typiquement le genre de service qui fonctionne. Lorsque l'on recherche un renseignement précis, les gens n'ont pas toujours accès à leur PC ou à un minitel. Sur un aspect plus ludique, les jeux ou les services de rencontre sont des outils qui marchent bien sur le wap, nous l'avons déjà observé en Angleterre.

Quels succès connaît le wap en Angleterre ?
En Angleterre, nous approchons les 2 millions d'abonnés à notre réseau mobile Cellnet. Les deux tiers de nos abonnés utilisent nos services wap et sur l'ensemble de nos abonnés, la moitié utilise le wap au moins une fois par semaine. Sur le mois de janvier, nous avons enregistré 88 millions de pages vues, ce qui prouve bien le succès de notre portail. Lorsque le produit est vendu de manière sereine, l'engouement du public est bien réel.

Quels sont les services qui marchent le mieux ?
Les services liés à la recherche de proximité marchent assez bien, tout comme le sport. Les services équivalents aux pages jaunes françaises sont également très utilisés, tout comme le mail.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
J'aime beaucoup Nova, il ne s'agit pas de la radio française, mais d'un site d'information américain sur l'archéologie que je trouve très bien fait. J'utilise beaucoup l'IRC et le chat d'une manière générale. J'aime également beaucoup le moteur de recherche Google.

Au contraire, que détestez-vous sur Internet ?
Beaucoup de choses. Je ne supporte pas le spamming, ni les sites qui font de la communication sur des produits qu'ils n'ont pas.

 
Propos recueillis par Philippe Rémond

PARCOURS
 
Jean-Baptiste Sers a débuté sur Internet en lançant sa propre web agency en 1995, et en devenant par la même occasion consultant en stratégie internet. En août 1999, il intègre Spray.fr, la filiale du groupe suédois et racheté depuis par Lycos, en tant que responsable du développement et des partenariats. Jean-Baptiste Sers est arrivé au sein de British Telecom en décembre 2000, en devenant responsable du développement du portail mobile Genie.fr.

   
 
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