INTERVIEW
 
Directeur Général
France Télévisions Interactive
Laurent Souloumiac
"Titre"
Après avoir rejoint en 2001 le groupe Le Figaro, alors en pleine expansion Internet, l'ancien directeur historique du portail Voila.fr (Wanadoo) a pris début mai ses nouvelles fonctions au sein de France Télévisions Interactive (FTVI). Le programme est chargé pour le successeur d'Edmond Zucchelli, qui a posé la première pierre de cette structure dédiée aux développements interactifs du GIE audiovisuel. Avec le développement de la télévision numérique terrestre (TNT), Laurent Souloumiac va devoir relever le challenge de d'associer FTVI à ce grand chantier technologique. Un vaste projet qui devrait aboutir, à terme, à une offre étendue de chaînes télévisées thématiques destinées au grand public.21 juin 2002
 
          

JDNet. Quels sont vos chantiers prioritaires pour FTVI ?
Laurent Souloumiac. Compte tenu de ma récente nomination, je ne peux que définir les voies de développement à court terme. Je vais utiliser la période estivale pour monter un réel plan stratégique. Tout d'abord, nous allons renforcer nos moyens interactifs liés à l'Audiotel et développer le SMS. Je pense que nous sommes en retard sur ces sujets par rapport à d'autres chaînes de télévision. Nous allons également nous atteler à renforcer l'audience des sites France2.fr et France3.fr. Cela va passer par une refonte de ces services en ligne : nous allons revoir l'ergonomie des sites, effectuer des rapprochements graphiques, multiplier les synergies avec l'antenne. Nous voulons également améliorer nos plate-formes techniques, pour éviter d'être débordés en cas de pics de trafic, comme nous l'avons rencontré à l'occasion du premier tour de l'élection présidentielle.

Il existe une certaine répartition des thématiques entre France2.fr et France3.fr : le premier site traite de l'actualité en général et le second est plus axé "régions et sports". Qu'allez-vous changer ?
Je ne vois pas de réelle différenciation "actualité sur France 2" et "sports sur F3". La logique globale est de rester proche des antennes. A ce titre, il est normal que les régions soient l'apanage de France3.fr. Dans cet esprit, il est en revanche plus important de prolonger l'effort de mutualisation. Prenons l'exemple du sport : au sein de France Télévisions, il existe une direction transversale dédiée. Nous allons suivre le pas sur Internet. Nous y sommes déjà arrivés avec la couverture de Roland Garros qui était similaire sur les deux sites.

Votre prédécesseur, Edmond Zucchelli, considérait FTVI comme un laboratoire de R & D de télévision interactive. Quelle serait votre propre définition ?
C'est encore un laboratoire en 2002. Mais il faut passer à quelque chose de plus industriel entre la TNT et la télévision interactive. Je dirais que FTVI est l'entité complémentaire à l'antenne en matière d'interactivité.

La volonté de générer du chiffre d'affaires a-t-elle pris de l'importance chez FTVI ?
C'est une des préoccupations, autant que celle de développer l'audience Internet. La direction de Francetélévisions y est favorable, du moment que ces développements entrent dans le cadre des liaisons avec l'antenne.

Communiquez-vous les résultats 2001 de FTVI ?
Non. Mais vous ne serez pas surpris si je vous dis qu'ils sont négatifs. Nous ne pouvons pas nous permettre de rester structurellement déficitaires. L'auto-financement serait l'idéal mais nous avons encore besoin d'un soutien financier avant d'en arriver à ce stade. Il y a un peu moins de 60 personnes au sein de FTVI.

Comment allez-vous approfondir le lien entre les émissions à l'antenne et l'interactivité ?
Nous allons nous concentrer sur un choix de grandes thématiques traîtées à l'antenne. Il sera difficile de mettre en place un site pour chaque émission. Nous retiendrons les plus populaires, comme le site de Tout le monde en parle de Thierry Ardisson. Compte tenu de la multitude d'émissions produites par des structures externes à Francetélévisions, nous allons nous greffer en complément aux relations qui existent déjà entre les chaînes et les producteurs.

L'une des premières vocations de FTVI était de réaliser une plate-forme technologique multi-canal de diffusion de contenu. Comment est-elle exploitée actuellement ?
Elle est en place pour certains médias. Par exemple, nous utilisons la même plate-forme pour faire de l'Internet, du télétexte et potentiellement du Wap, mais c'est devenu moins prioritaire. Pour le développement de la télévision interactive, c'est encore un peu tôt. En revanche, vous utilisons d'autres outils pour l'Audiotel et le Minitel.

Vous allez utiliser le même outil pour faciliter la circulation de l'information produite par les antennes régionales ?
Les treize antennes régionales de France 3 auront à treme un site dedié. Toutes exploiteront notre plate-forme au bout du compte. Actuellement, huit antennes régionales ont déjà ouvert un site et utilisent notre plate-forme (*). Deux autres vont ouvrir leur site avant la fin du mois et trois en septembre. La diffusion de l'information se fait soit par les circuits internes de France 3, soit par la plate-forme de FTVI qui est de plus en plus délocalisée. Nous devons parfois faire preuve de diplomatie auprès des journalistes en cas de soucis techniques. Mais, en général, ils sont satisfaits. Une centaine de personnes ont été formées à l'outil. L'objectif d'ici deux ans est de parvenir à former entre 200 et 250 personnes. Il ne s'agit pas forcément de collaborateurs dédiés. L'idéal serait d'arriver à faire de l'audiovisuel d'une part et de l'Internet de l'autre.

Comment pouvez-vous améliorer l'exploitation de la vidéo en ligne pour traiter l'actualité ?
Les deux sites intégrent déjà une centaine de milliers de vidéos téléchargéables par mois. Nous allons installer des outils d'encodage dans les régions. Logiquement, nous devrions avoir de plus en plus d'extraits vidéos affinés. Et donc aboutir à une offre plus large. Nous pouvons faire mieux que le dispositif mis en place pour les journaux télévisés de TF1.

Concrètement, quels ponts voyez-vous entre les futures chaînes numériques et Internet ?
C'est en terme d'interactivité qu'il faut parler avec les nouvelles chaînes de Francetélévisions. Il est difficile de concevoir une chaîne d'info sans un relais Internet. Dans l'ensemble, ce seront des services interactifs dans la lignée de ceux qui existent sur les bouquets numériques type TPS ou Canal Satellite.

TF1 a un projet de télévision Internet via l'ADSL. Cela vous inspire quoi ?
Je ne connais pas les contours précis du projet de TF1. S'il s'agit d'un service vidéo sur PC par le biais d'un accès ADSL, je n'y crois pas. En revanche, l'exploitation d'un service de vidéo à la demande (VOD) accessible par un poste de télévision qui passerait par des canaux ADSL est plus réaliste. Mais il faut que l'interactivité soit au coeur du projet. Je ne vois pas l'avantage d'opter pour un schéma ADSL plutôt que de lier le projet à la TNT. La couverture ADSL va être deux fois moins importante que celle de la TNT. Nous voulons déployer des services interactifs sur la TNT et nous allons certainement monter une expérimentation de VOD dans ce sens.

En tant que pionnier dans le domaine du Net, comment percevez-vous le développement de la fourniture d'accès Internet rapide en France ?
Je me rappelle des premières expérimentations américaines liées à l'Internet rapide destinées à un usage à domicile, qui ont été lancées vers 1994. En France, je pense que les fondamentaux sont maintenant là : diversification des offres d'accès et une population d'internautes haut débit en constante augmentation,. Ce qui est en revanche assez surprenant, ce sont les à-coups économiques liés au monde du Net, dans l'un ou l'autre sens.

Vous n'avez jamais eu l'envie de monter votre propre start-up ?
J'ai suivi le développement des start-up d'assez loin. J'ai eu des propositions pour en diriger mais je n'étais pas convaincu par les projets que l'on me proposait. Entre Wanadoo et le Groupe Le Figaro, il est vrai que j'ai davantage l'expérience de grandes structures. J'ai plutôt un profil de développeur que de créateur. Cela a été le cas lorsque j'ai pris en main le portail Voila en 1999.

Quel est votre site d'informations favori ?
LeFigaro.fr. Je connais bien l'ergonomie maintenant pour trouver l'information que je cherche !

Qu'aimez-vous sur Internet ?
L'information à tout instant et l'application du concept d'achat impulsif en ligne, le fait de pouvoir commander immédiatement un produit que l'on veut acquérir.

Qu'est ce qui vous irrite sur Internet ?
La lenteur des connexions.

(*) Les huit antennes régionales de France 3 disposant actuellement d'un site Internet sont : Paris- Ile de France - Centre, Ouest, Sud, Lorraine-Champagne-Ardenne - Rhône-Alpe-Auvergne, Corse, Aquitaine, Nord Pas-de-Calais Picardie.

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
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