JDNet. Quel était l'objectif de la fusion avec
Comclick?
Alexandre Stopnicki.
Pour l'instant
nous étions surtout concentrés sur la vente au CPM (Coût
pour mille pages vues), donc sur une politique publicitaire
de marque. Comclick était lui plutôt positionnée sur
le créneau de la vente aux résultats (CPL, Cost Per
lead). Nous avons désormais la possibilité d'offrir
une palette plus complète de prestations à un client
selon ses ambitions publicitaires. Il existe par ailleurs
des sites en régie chez ComClick qui pourraient constituer
des réseaux et des thématiques pour Numériland et pour
lesquels nous pourrions proposer également une rémunération
au CPM.
Justement,
est-ce que le rôle d'une régie publicitaire sur Internet
a évolué cette année ?
Non. Plus que jamais, il s'agit de vendre
de l'espace publicitaire pur et dur. Mais le marketing
direct monte en puissance. Nous avons désormais deux
offres distinctes entre l'offre de publicité pour la
marque et l'offre plus ciblée avec le marketing direct.
Internet, contrairement à ce que l'on peut penser, reste
un formidable outil pour faire connaître une marque.
On parle beaucoup de la vente aux résultats mais le
CPM, plus destiné au renforcement d'une marque, marche
toujours aussi bien.
A
combien s'élève le CPM moyen et jugez vous qu'il est
à un niveau correct ?
Globalement, il est à 50 francs, bien que cela dépende
évidemment du type de sites. Le niveau est très bas
pour des raisons conjoncturelles mais aussi parce que
certains ont fait du dumping pour étrangler la concurrence.
Mais cela ne pourra pas durer car personne ne peut faire
des bénéfices avec des prix si peu élevés. Nous pensons
donc qu'on est vraiment à un point bas.
Avec
ces données, est ce que vous serez à l'équilibre
cette année et comment se ventilent les résultats ?
Sur l'année
2001 nous ne ferons pas de bénéfices, c'est une quasi-certitude.
C'est la première année depuis 1994 que nous serons
dans ce cas, donc il n'y a pas péril en la demeure.
Pour le moment, l'essentiel des revenus vient de notre
activité de régie. Nous avons également une partie sponsoring
et un pôle technologique qui nous permet de proposer
à nos annonceurs des mini-sites qui sont destinés à
être couplés avec les bandeaux. Pour l'instant, cela
représente 10% des revenus et cela devrait monter à
15 à 20% l'an prochain.
Vers
quels formats la publicité doit-elle évoluer sur Internet
pour attirer les annonceurs ?
Je ferai tout d'abord remarquer que même si les
bannières sont critiquées, elles restent le format de
référence et demeurent très pertinentes. Tout le monde
ramène cela aux taux de clics en se plaignant qu'ils
n'atteignent qu'1%. Mais si 1% ont cliqué, cela veut
dire que 99% des internautes ont vu la bannière. Une
récente étude de DoubleClick montrait d'ailleurs que
près de 20% des internautes retenaient le nom sur la
bannière et y revenaient plus tard. Il faut donc arrêter
de dire que cela ne marche pas. La bannière reste
un formidable outil de marque. Mais il évident que nous
étudions d'autres formats comme les sky scrappers par
exemple (Voir le Guide
des formats de la pub en ligne). Nous pensons en
revanche qu'il est un peu tôt pour la vidéo en streaming
pour des raisons de débit. Mais dans l'avenir, tous
ces composants viendront enrichir la qualité de la publicité
sur Internet. On aura ainsi tous les outils pour offrir
une interactivité à l'annonceur et donc un niveau supplémentaire
par rapport à la télévision. Internet est un des seuls
médias à pouvoir coupler la politique de marque avec
de l'acquisition instantanée.
Sur
Internet, au niveau publicitaire, êtes-vous plutôt optimiste
pour l'année prochaine ?
Je suis optimiste
à court terme. Si la reprise ne se fait pas au début
2002, elle se fera en fin d'année ou au début 2003.
Pour plusieurs raisons. Tout d'abord, les annonceurs
du Web ne sont plus des start-up. Désormais, les grands
groupes sont présents. Seul problème : ils ne
consentent pas encore des moyens colossaux pour ce média
et n'utilisent pas vraiment l'outil au maximum de ses
possibilités. Ce sont plus des tickets pour voir. Mais
cela va venir dans la mesure où les revenus du Web vont
continuer à croître fortement dans les années qui viennent.
Par ailleurs, les régies se sont professionalisées.
Nous sommes sortis de la période de l'adolescence ou
tout le monde maîtrisait mal son offre et où une certaine
confusion régnait sur le marché. Désormais, il y a beaucoup
plus de clarté.
Les
régies commencent-elles à se pencher sur l'offre publicitaire
sur les mobiles ?
Oui, nous regardons attentivement ce créneau qui
est à notre sens porteur. Néanmoins, le marché est inexistant
pour l'instant. Il faudra attendre l'avènement des nouveaux
standards comme le GRPS ou l'UMTS, qui offriront plus
de potentialités. A l'heure actuelle, la publicité est
très limitée via des SMS.
Les
régies uniquement Internet ne souffrent-elles pas d'un
handicap en ne proposant pas d'offres couplées Radio-TV-Internet
?
Non. Nous l'avons testé avec Canal + et Skyrock
et les intérêts sont trop divergents. Par ailleurs,
toutes les régies qui veulent proposer un couplage avec
Internet sont obligées de faire des cadeaux aux annonceurs
pour le prix de gros et ne gagnent donc pas d'argent
avec ce système. En revanche, sur Internet, nous sommes
favorables à des packs thématiques. Cela permettra d'offrir
aux annonceurs un ensemble de sites qui correspondent
à leur cible. Dans notre offre, nous avons par exemple
constitué un réseau de sites qui accueillent surtout
un public féminin.
Le
risque pour vous n'est il pas finalement de voir les
sites internaliser leurs activités de régie publicitaire
?
Ce fût effectivement le cas l'an dernier, quand le marché
allait bien. Mais à l'heure actuelle, où il faut réduire
les coûts, on assiste plutôt à un mouvement inverse.
Plutôt que d'entretenir des commerciaux pour récolter
finalement peu de publicité, les sociétés préfèrent,
dans le contexte actuel, confier leur régie à un acteur
externe. On le constate nettement depuis quelques semaines.
|