JDNet.
Comment expliquez-vous la similitude des projets Internet
de Renault et Peugeot ?
Thierry Sybord.
Cette situation a tendance à me rassurer ! En fait,
c'est la combinaison de deux choses. Tout d'abord, nous avons
fait des études communes avec d'autres constructeurs,
y compris Peugeot, dans le cadre de l'évolution de
la distribution. Renault s'est servi de ces études
mais Peugeot aussi et j'imagine que d'autres constructeurs
vont le faire. Et puis je crois que Renault et Peugeot ont
une sensibilité assez forte avec leur réseau.
Cela vient de toute une historique qui fait que, aujourd'hui,
nous sommes tous convaincus que le réseau est une pierre
angulaire de notre stratégie e-commerce. Il y a à
la fois des logiques très conjoncturelles, liées
aux évolutions prévisibles de la distribution
automobile, et puis ensuite il y a une histoire très
similaire sur de nombreux aspects entre Renault et Peugeot.
Que les deux sociétés aient des projets similaires,
cela me conforte dans le sentiment que nous sommes sur la
bonne voie.
Avez-vous
une stratégie Internet commune avec Nissan ?
Nous partons du principe que les deux sociétés
ont une culture et une identité très différentes.
Cela veut dire que tout ce qui sera visible du client devra
systématiquement respecter l'identité de chacune
des marques. Concrètement, Renault a un site, Nissan
en a un autre mais ces deux sites commerciaux doivent être
totalement indépendants et décorrélés
en terme de vision client. Néanmoins, nous discutons
avec nos collègues de Nissan dans le but de mettre
en commun le back office, c'est-à-dire tous les outils
et tous les logiciels que nous utilisons. Dans ce domaine,
nous pouvons effectivement nous associer pour être plus
robustes et pour acquérir des compétences plus
rapidement. Et puis, en terme de méthodes et de processus
internes, nous échangeons de manière extrêmement
transparente tout ce qui peut être mis en commun. Mais
du point de vue du client, il est évident que nous
resterons toujours dans le respect total de l'identité
de chacune des marques.
Votre
volonté d'impliquer les concessionnaires dans le projet
Internet a-t-elle pour but de les rassurer?
Nous sommes surtout convaincus que c'est un élément
indispensable pour le client, y compris sur Internet. Finalement,
quelles que soient les évolutions de la réglementation,
ce que nous souhaitons, c'est que nos clients viennent désormais
dans notre réseau parce qu'ils l'ont choisi et que
ce n'est plus une contrainte. Notre stratégie commerciale
repose sur l'amélioration du service de proximité
que nous pouvons offrir au client via notre réseau
de distribution et donc celui-ci fait partie intégrante
de notre stratégie e-commerce. Mais il est vrai que
lorsque nous avons eu nos premières réflexions
pour Internet, nous avons intégré très
en amont notre réseau et à l'époque,
cela les a rassurés parce qu'on voyait arriver de nouveaux
acteurs et que l'on pouvait se demander si un jour les constructeurs
ne vendraient pas en direct. A cette époque, nous les
avons apaisés en leur disant que pour nous, c'était
un élément vital de notre distribution et que
nous ne ferions rien sans eux.
Quels
sont les prestataires impliqués dans la réalisation
des sites Renault ?
En amont, nous avons travaillé avec un cabinet de conseil
stratégique, Boston
Consulting Group, pour élaborer la stratégie.
Et puis nous avons travaillé avec la web agency Proxicom,
une société américaine qui a ouvert sa
filiale en France et dont Renault a été le tout
premier dossier. La société avec laquelle nous
avons collaboré pour faire l'intégration est
une société française du nom de Euriware.
L'hébergement, central et mondial, est réalisé
par Atos
Origin, basée à Lille. Pour le e-marketing,
nous travaillons avec l'agence BDDP
Tequila Interactice. Elle nous aide à définir
les principes stratégiques pour la France, l'Angleterre
et l'Allemagne. Et puis, pour les principaux outils que nous
utilisons, nous travaillons avec Broadvision
pour la partie outil de publication et personnalisation, et
avec Trilogy,
une société américaine basée à
Austin, pour la configuration du véhicule. Siebel
a également été un partenaire important sur
ce projet, notamment pour la gestion des leads.
Pouvez-vous
nous parler de l'équipe des sites Internet ?
Nous avons élaboré une organisation assez originale
où nous avons identifié un certain nombre de
domaines fonctionnels (relations clients-réseau, gestion
des leads, etc.). Pour chacun de ces domaines, nous avons
un binôme où il y a à la fois un représentant
du métier commercial et un représentant du métier
informatique. Aujourd'hui, l'équipe Internet de Renault
représente une trentaine de personnes. Et au sein de
ces équipes projets, nous avons aussi intégré
des fonctions supports telles que les achats ou le juridique.
Ces personnes sont détachées de leur direction
Renault d'origine et travaillent en permanence avec nous pour
être très réactifs. Et puis, dans chacun
des pays, il y a une petite structure de six personnes qui
travaille toujours sur le système de binôme.
Au total, cela fait une cinquantaine de personnes, sans compter
les prestataires. Ce qu'il est important de souligner, c'est
que la cellule Internet travaille en collaboration avec tous
les métiers de Renault (marketing, financement, etc.).
Quelle est l'audience des site
pays ?
Depuis notre lancement, le week-end dernier, nous avons des
audiences de l'ordre de 10.000 visiteurs uniques par jour
et par pays (France, Allemagne et Grande-Bretagne) et nous
en sommes relativement satisfaits, car cela représente
à peu près un doublement des chiffres des anciennes
versions des sites.
Quels sont vos objectifs avec ces sites ?
L'objectif est que l'internaute aille plus en profondeur et
qu'il découvre plus les produits. En fait, notre objectif
principal, c'est que le client soit dans une position de better
buyer quand il va chez son concessionnaire après
un premier contact en ligne. Le réseau est alors là
pour lui apporter un rôle complémentaire de services
et des réassurance par rapport à son choix initial
sur Internet et aux informations qu'il a pu y collecter. Notre
deuxième objectif concerne la partie "News".
L'idée est de proposer aux internautes une newsletter
et de les faire ainsi revenir régulièrement
sur le site pour connaître l'actualité de Renault
que ce soit en terme de sport ou d'innovation. Nous voulons
développer la partie "rêve" et le lien
affectif qui existe avec les visiteurs du site.
Avez-vous l'intention de communiquer
autour de ces nouveaux sites ?
Nous avons élaboré une stratégie globale
avec BDDP Tequila Interactive et, ensuite, pays par pays,
il est prévu des campagnes de communication, de e-marketing,
à la fois online et offline et où chacun des
pays aura l'initiative en terme de plan média. Le principe
que nous avons retenu est un principe d'apprentissage. Il
est important de communiquer mais nous ne voulons pas le faire
massivement, dans un premier temps, parce que nous voulons
voir comment réagit l'ensemble du système et
comment les concessionnaires gèrent cette nouveauté.
Nous sommes vraiment dans une stratégie de type "make
& learn". Pour la France, c'est une campagne de communication
qui va débuter très prochainement et sera basée
sur une logique assez classique de bannières online.
En ce qui concerne la partie offline, nous n'avons pas encore
précisément défini notre plan média.
Le principe de positionnement sera vraiment "Venez sur
notre site pour être mieux informé et être
mieux capable de construire le véhicule de vos rêves".
L e réseau sera également très présent
et mis en avant dans notre communication.
Quelle est désormais votre
position par rapport à Caradisiac ?
Il n'y aura pas de synergie entre les sites Renault et Caradisiac
mais les concessionnaires auront à la fois leurs véhicules
d'occasion présents sur le site de la marque et sur
des sites multimarques. On voit une complémentarité
entre le site de la marque et Caradisiac, où des concessionnaires
de toutes marques sont présents. En ce qui concerne
notre présence dans le capital de Caradisiac, nous
pensons que, pour qu'il y ait une vraie légitimité,
il faut que des sociétés par nature concurrentes
se retrouvent dans l'actionnariat de la société
dans la mesure où elles ont des intérêts
communs. Nous ne sommes pas opposés à ce que la structure
capitalistique de Caradisiac évolue et que d'autres constructeurs
entrent dans la capital à moyen terme.
Personnellement,
qu'est-ce que vous aimez sur Internet ?
Ce qui m'attire sur Internet, c'est tout ce qui est l'information,
la comparaison... Pour moi, Internet est une mine, donc je
passe beaucoup de temps à surfer sur des sujets qui
m'intéressent mais je pars aussi parfois à la
découverte. C'est une ouverture extraordinaire sur
l'extérieur.
A
contrario, que détestez-vous sur Internet ?
Les sites où on ne sait pas chez qui on est mais aussi
ce coté "strass et paillettes" du web, où
il y a des flash partout. J'aime la sobriété
et beaucoup de sites manquent de simplicité.
Quels
sont vos site spréférés ?
Des sites d'information du site Yahoo
ou Boursorama
et des sites de type achat de produits en ligne, tels que
la Fnac
ou Houra.
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