JDNet. Vous venez d'annoncer la création d'une agence
de voyages en ligne en collaboration avec Expedia. Pouvez-vous
revenir sur l'historique de ce projet et des négociations
?
Denis Wathier.
Notre objectif
était de bénéficier de l'expérience d'acteurs qui avaient
déjà connu tout ce cycle de création technologique et
d'implantation sur un nouveau marché. Nous avons donc
consulté, de mars à début août, les principaux acteurs
du secteur. Finalement, nous avons arrêté notre choix
sur Expedia, au terme de plusieurs rencontres avec l'équipe
basée en France, présidée par Marc Ruff. Et ceci pour
plusieurs raisons. La plus importante d'entre elles
est que nous avions la même vision du projet et du client.
Ensuite, comme nous inscrivons ce projet dans la durée,
Expedia nous est apparu comme un partenaire solide.
Le site est déjà rentable aux Etats-Unis, il a une politique
de développement mesurée et il avait un actionnaire
de référence, Microsoft.
Le
fait qu'il y ait eu en juillet un changement d'actionnaires
chez Expedia a-t-il été un problème ?
Non.
Bien entendu, lorsqu'il y a une nouvelle donne, on la
considère. Mais nous avons vite compris que cela ne
changeait pas vraiment grand chose.
Vous
parlez de vision similaire du client. Comment se traduira-t-elle
sur le site ?
Pour
nous, il est important que le client en ligne dispose
d'une forte ergonomie lors de sa réservation et qu'il
dispose d'un maximum de services en ligne et uniquement
en ligne. Or aujourd'hui, lorsque vous regardez la plupart
des sites concurrents, Internet est fréquemment utilisé,
il est vrai pas pour tous les produits, comme une vitrine
électronique avec un coût d'usage du web call center
important. Je ne dis pas que nous allons nous passer
de web call center, mais nous avons l'intention de faire
tous les efforts technologiques nécessaires, notamment
pour les séjours, pour permettre leur vente complètement
en ligne et utiliser le moins possible de web call center.
Cela
signifie que vous allez vous associer avec des tour
operators ?
Nous
allons en effet négocier avec des tour operators français
en recherchant ceux qui sont capables de proposer des
offres qu'il sera possible de réserver en ligne,
sans assistance téléphonique.
Le
fait que voyages-sncf.com devienne une agence de voyages
en ligne est-il un changement de positionnement ?
En
fait, il s'agit moins d'un repositionnement que d'un
élargissement de notre secteur d'activité et du projet
initial de création d'un portail du voyage ferroviaire.
Déjà, dans le premier projet, il s'agissait de proposer
toutes les prestations touristiques et pas seulement
du transport ferroviaire. Le principal changement vient
plutôt de l'élargissement du territoire couvert. Le
projet initial se limitait à l'Europe, terre de prédilection
du transport ferroviaire. Aujourd'hui, nous avons franchi
le pas de "l'out-going". C'est-à-dire que maintenant,
nous allons proposer des destinations moyen courrier,
comme le Maroc ou la Tunisie, ou plus lointaines encore.
Dès lors, le train n'est plus le moyen de transport
privilégié. Il est remplacé par l'avion. C'est ici que
réside le principal changement.
Pourquoi
cet élargissement ?
Ce
changement nous a été suggéré par les résultats d'enquêtes
qualitative et quantitative que nous avons menées auprès
des internautes du site. Une très forte majorité d'entre
eux déclarait que si nous étions capables d'apporter
une qualité de service, ils seraient tout à fait disposés
à commander d'autres prestations de voyages sur le site
voyages-sncf.com que des trajets en train.
Comment
ce projet est-il accueilli en interne ?
Bien.
Voyages-sncf.com a pour activité principale de gérer
la partie ferroviaire, à savoir TGV grandes lignes.
Et aujourd'hui, comme demain, c'est sur ce poste que
s'effectuera le plus gros du business. Jusque là, il
s'agissait de vendre du train et nos partenaires stratégiques
grandes lignes, comme Avis ou Accor. Aujourd'hui, la
nouvelle équipe, dirigée par Marc
Ruff, a la responsabilité de construire cette nouvelle
offre. Le site commun sera une agrégation des deux sites
et de l'offre de nos différents partenaires. Le client
aura donc le choix de réserver dans un hôtel Accor ou
parmi une offre plus large. Nous proposerons toujours
l'offre la plus large possible au sens qualitatif du
terme, car c'est autour de l'offre que s'agrège la demande.
Quelle
sera la part du ferroviaire par rapport aux autres produits
et comment allez-vous parvenir à maintenir un équilibre
entre les différents moyens de transport ?
L'activité
ferroviaire restera largement dominante en volume d'affaires.
Un facteur de 2 est tout à fait réalisable. Le site
sera donc construit en conséquence. Par rapport aux
autres agences de voyages virtuelles, où c'est l'avion
qui est mis en avant, voyages-sncf.com mettra plutôt
en avant le train tout en respectant la mise en avant
paritaire de toutes les prestations. Mais c'est vrai
que ce sera, au quotidien, une des difficultés du site.
Concernant
les partenariats avec des compagnies aériennes, avez
vous déjà conclu des accords ?
Marc
Ruff a initié des discussions, mais il n'y a pas encore
à ce jour d'accord définitif. En tant que directeur
général d'Expedia en France, il fera d'ailleurs certainement
valoir sa position mondiale dans les négociations
tarifaires.
Quelle
est la cible exacte de ce nouveau site ?
Notre
objectif est de travailler avec le marché français.
Quant à Expedia, en dehors de la joint venture qu'elle
a avec nous, elle a sa propre stratégie internationale.
Le marché français s'inscrivant dans celle-ci.
Est-ce
que vous projetez d'étendre l'offre de points Maximiles
à votre nouvelle offre ?
Nous
allons effectivement regarder cette possibilité, par
cohérence avec le site précédent. Nous sommes d'ailleurs
assez satisfaits des retombées de cette activité
qui aujourd'hui est liée à la livraison des billets
à domicile. Depuis son lancement, en décembre 2000,
nous avons recruté 70.000 membres. Nous n'étendrons
l'offre de Maximiles que si nous trouvons des ressorts
aussi efficaces que la livraison à domicile des
billets.
Vous
accompagnerez le lancement de ce nouveau site d'une
campagne de communication. Quel en sera le budget et
quels seront les médias utilisés ?
Nous
avons bien entendu une idée du montant, mais il n'est
pas encore arrêté. La campagne est néanmoins déjà conçue
et sera effectuée sous la marque voyages-sncf.com. Les
principaux médias seront la presse, l'affichage en gare
et une campagne on-line.
Ce
projet remet-il en cause l'objectif de rentabilité fixé
début 2002 ?
Non.
Cet objectif nous semble tout à fait tenable.
Quels
sont les derniers chiffres de voyages-sncf.fr ?
Selon
nos sources internes, en l'occurrence Dart, nous avons
atteint une audience de 1,230 million de visiteurs uniques
en juillet. D'ailleurs, contrairement à ce qu'enregistrent
les panels, nous n'avons pas connu sur ce mois, une
baisse de la fréquentation. Au contraire, nous avons
constaté une légère augmentation d'environ 40.000 visiteurs
uniques par rapport à juin. Par contre, août sera en
baisse avec un peu plus d'1 million. Quant au chiffre
d'affaires, il est de 112 millions de francs pour juillet.
Que
représente les réservations pour le TGV Méditerranée
sur le site ?
En
termes de volume, c'est notre liaison la plus importante.
En juillet, nous avons fait 49% de croissance.
Quels
sont les autres projets de la SNCF ?
Nous
sommes en cours de développement d'une solution de comparaison
multi-modale de transport en partenariat avec une société
anglaise. Par exemple, un client qui veut relier une
ville à une autre pourra visualiser, en instantané,
le meilleur rapport coût/temps pour s'y rendre, tout
mode de transport confondus. Il pourra ensuite faire
son choix en fonction des critères importants pour lui,
l'argent ou le temps. Cet outil devrait être mis en
ligne à la fin de l'hiver ou au printemps prochain.
Qu'est
ce que vous préférez sur Internet ?
La
rapidité d'accès à l'information. Si on se débrouille
assez bien avec les moteurs, moi j'utilise beaucoup
Google, on trouve une information phénoménale.
Qu'est-ce
que vous détestez sur Internet ?
Les
gens qui saturent ma boite au lettre avec des informations
dont je n'ai pas besoin.
Quels
sont vos sites préférés ?
Comme
j'aime bien le cinéma, je vais souvent sur Allociné.
Je me rend également sur les cybermarchés comme Ooshop.
J'aime bien la Fnac
et toute la presse.
Achetez-vous
sur des sites de voyages ?
J'achète
mes billets sur voyages-sncf.com. Pour le reste, comme
je ne prends pas beaucoup de vacances
|