INTERVIEW
 
Vice-président du directoire
Groupe NRJ
Alain Weill
"Titre"
Le groupe radiophonique NRJ (NRJ, Chérie FM, Nostalgie, Rire et Chansons) a officialisé en début de semaine sa prise de participation à hauteur de 80% dans le réseau de "city guides" BestOfCity (lire l'article JDNet du 18/10/00). Il y a un an, le groupe créait sa filiale interactive eNRJ. Par son biais, il est entré dans le capital de plusieurs start-up : FranceMP3 (musique en ligne, 15%), Tamaloo (santé, 12,5%), et Déclics Multimédia (agence de marketing interactif, 50%).20 octobre 2000
 
          
JDNet. Comment définiriez-vous les sites que vous créez autour des radios du groupe NRJ ?
Alain Weill. Ce sont des sites qui regroupent la communauté de nos auditeurs. Ils permettent de renforcer l'idée de communauté autour des radios. C'est le cas de l'émission radio "My NRJ" diffusée le soir et qui s'appuie sur l'interactivité en offrant la possibilité de laisser une dédicace musique par NRJ.fr. Internet est plus qu'une diversificiation, c'est un prolongement des services apportés aux éditeurs.

Ces sites pourraient-ils devenir des portails thématiques ?
On peut dire que NRJ est un portail pour les jeunes. Tout comme le site de Rire et Chansons, dont l'ouverture est prévue avant les quinze prochains jours, devrait être celui de l'humour.

Il y a des échos selon lesquels vous avez pris des contacts avec Rigoler.com...

On discute avec des partenaires possibles dans l'univers du rire, qui est un petit monde. Mais nous n'avons rien signé avec Rigoler.com.

Avec le réseau de "city guides" BestOfCity, vous entrez sur un terrain déjà très exploité. Celui du local. Aviez-vous pris des contacts avec d'autres acteurs du secteur comme WebCity par exemple ?

Alexandre Dreyfus était venu nous voir il y a un an. A l'époque, ce n'était pas du tout notre culture le fait d'acheter une société une dizaine de millions de francs. Mais nous avons un savoir-faire en local et BestOfCity repose sur une petite équipe dynamique. Il existe des synergies évidentes avec BestOfCity et je pense que ses comptes seront équilibrés dès cette année. Je crois que ceux qui réussiront sur ce terrain seront ceux qui ont des bases extrêmement solides. Il est clair que les gens de la PQR ont cette base commerciale. Pour les autres, ce sera plus laborieux et onéreux.

Comment comptez-vous devenir "distributeur de musique en ligne" ?
Nous sommes déjà distributeur de musique. Un artiste qui ne passe pas sur NRJ aura aujourd'hui du mal à vendre des disques. Demain, nos auditeurs auront la possibilité d'acheter la musique en ligne. Les producteurs auront besoin de nous.

Mais ils n'auront pas envie de s'affranchir ?

Non. Les producteurs ont besoin des réseaux les plus performants. Par exemple, Universal Music ne pourra pas faire l'ensemble de son business sur son site ou sur le portail Vizzavi. Ils ont intérêt à avoir la distribution la plus large possible.

Comptez-vous augmenter votre participation dans France MP3 ?
Pour l'instant, le problème ne se pose pas. On verra plus tard. Pour le moment, nous nous échangeons du savoir-faire.

Vous misez beaucoup sur le haut débit. Vous voulez devenir fournisseur d'accès ?
Je confirme que nous y prêtons un grand intérêt. Si dans le futur, nous nous intéressons à la fourniture d'accès Internet, c'est plus dans une optique de maîtriser les canaux de communication par lesquels la musique sera distribuée. Ce serait un service complèmentaire.

Vous détenez 5% du consortium Fortel, qui a obtenu une licence nationale de boucle radio. Que comptez-vous en faire ?
Cela va effectivement nous aider à lancer des projets à haut débit. Nous lancerons peut-être des initiatives ensemble.

En terme de e-commerce, avez-vous des projets autres que dans la musique ?
Nous restons ouverts à des projets avec d'autres partenaires qui viendraient nous voir. Pourquoi pas dans l'univers des voyages...

On vous reproche parfois une stratégie Internet un peu trop timorée. Vous en pensez quoi ?
Je crois que nous sommes à la fois ambitieux et à la fois prudents. Cette prudence est parfois interprétée comme de la timidité. Nous attendons d'avoir une certaine visibilité sur le "business model" avant de nous engager. C'est une preuve de sang-froid. Nous ne voulons pas devenir un mouton de Panurges comme cela s'est passé les six derniers mois.

L'échec de la reprise de MusicToYou ne vous a pas refroidi dans vos initatives ?
On a beaucoup parlé de cette expérience car c'était à l'époque de la folie Internet. Le "deal" ne s'est pas fait car Xavier Maïa avaient des associés malhonnêtes.

Vous n'avez pas l'impression que M6 et Fun Radio vous talonnent sur Internet ?
Il y a de la place pour tout le monde. Nous sommes actuellement en croissance exponentielle sur le site de NRJ. Nous avons distancé les autres sites radios.

Estimez-vous que la concurrence traditionnelle s'est déplacée maintenant sur ce support ?
Non. Nous avons des ambitions importantes pour notre groupe sur Internet. Point barre.

Que pensez-vous de Napster ?
C'est génial... mais c'est dommage que ce soit un outil qui s'appuie sur la piraterie. Il y aura à l'avenir une économie autour de la musique en ligne. Ce sera peut-être grâce à la publicité. C'est ce qui fait déjà vivre les radios aujourd'hui. Pourquoi pas les "webradios" de demain ? Le client pourra peut-être payer son streaming et ses téléchargements. La piraterie, c'est une petite part de marché sur chaque secteur de la création. Il y a 25 ans, un copain achetait un disque et les autres le copiaient sur une cassette audio. Mais Napster, c'est de la piraterie accélérée grâce à Internet. Il faut que ce soit contrôlé.

Vous achetez de la musique en ligne ?
Non, pas pour le moment. Ce sont des artistes méconnus que l'on peut surtout découvrir sur Internet. Je les écoute en streaming, mais je ne suis pas encore passé à l'acte d'achat.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
La logique du "tout et tout de suite".

Que détestez-vous ?
La lenteur des connexions. C'est "tout et tout de suite" mais avec un certain décalage.
 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Alain Weill, 39 ans, est diplômé de licence de sciences économiques et diplômé de l'Institut supérieur des Affaires. Entre 1985 et 1989, il est directeur du réseau NRJ SA puis directeur général de Quarare (groupe Sodexho). En 1990, il devient attaché de direction générale à la Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion (CLT) puis PDG du réseau, filiale de la CLT et du groupe espagnol SER. En 1992, il est nommé à la direction générale du groupe NRJ puis de NRJ Régies en 1995. Alain Weill est vice-président du directoire depuis 1997. Il est également président du Syndicat indépendant des régies de radios privés (SIRRP) depuis 1998.

   
 
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