INTERVIEW
 
Directeur général France, Benelux
Sabre
Floyd M Widener
"Titre"
Sabre, spécialisé dans les technologies de l'information pour le secteur du voyage, de l'hôtellerie et des transports, mise, depuis quelques années sur une stratégie multicanal de diffusion. Aujourd'hui, il intervient aussi bien directement en ligne auprès des consommateurs finaux avec Travelocity.com, dont il dédient 100 % du capital, qu'auprès des entreprises pour les aider à gérer leur politique de voyages. Il est également présent auprès des compagnies aériennes et des agences. Une stratégie de diversification qui devrait aider le GDS (Global distribution System) à affronter les transformations actuelles du tourisme. Floyd M. Widener, directeur général France et Benelux revient sur l'évolution récente de la société dans le monde et en France.27 août 2002
 
          

JDNet. Sabre est un GDS qui a beaucoup diversifié ses activités. Pouvez-vous nous rappeler les différents secteurs d'intervention de la société ?
Floyd M Widener. La stratégie de Sabre est depuis quelques années de multiplier les canaux de distribution et les secteurs d'intervention. Aujourd'hui, l'activité de Sabre Holding Corporation est répartie en quatre secteurs d'activité. Le premier comprend les activités B to C avec le site Travelocity.com. Le deuxième est organisé autour de nos activités B to B, c'est-à-dire principalement, GetThere qui permet de gérer directement sa politique voyage. A cela, vient s'ajouter la partie Business de Travelocity. Notre troisième pôle d'activité, Airline Solutions, est plus méconnu. Il concerne la vente de logiciels et de systèmes d'information aux compagnies aériennes. Pour résumer, c'est la propriété intellectuelle, au niveau software, de notre activité. A ne pas confondre avec l'infrastructure dure, les machines, les réseaux, qui, elle, a été vendue à EDS il y a un peu plus d'un an. Notre quatrième pôle d'activité, Travel Marketing and Distribution, est, en revanche le plus connu. C'est l'équipement que nous plaçons dans les agences de voyage, les tours operators, la commercialisation de site Internet... Au total, nous distribuons près de 80 milliards de produits "voyages" dans le monde.

Quel est le bilan économique de Sabre en général et en France sur ces différentes activités ?
Nous ne pouvons pas encore annoncer les résultats de la société pour le deuxième trimestre 2002. Les seuls commentaires que je peux faire concernent l'activité de la société en général, depuis le 11 septembre jusqu'au premier trimestre 2002. Depuis septembre, il faut bien convenir que la situation a été difficile. Mais aujourd'hui, les premiers chiffres 2002 montrent que notre activité aux Etats-Unis se porte mieux que prévu. Quant à la situation en Europe, même si je ne peux pas la détailler, elle est encore meilleure, car ce marché a été moins touché. Les derniers chiffres que nous avons communiqués sont ceux du premier trimestre. Notre chiffre d'affaires a atteint 539 millions de dollars, soit 5,9 % de moins qu'il y a un an sur la même période, principalement en raison de la baisse de 13,8 % des réservations de voyage. C'est d'ailleurs surtout vrai aux Etats-Unis, où elles ont baissé de 17,8 % alors que dans le monde, elles n'ont chuté que de 8,1 %. En 2001, la plus grosse part de notre chiffre d'affaires est venue logiquement du pôle Travel Marketing and Distribution avec 1,7 milliard de dollars. Travelocity arrive en deuxième avec 300 millions de chiffre d'affaires, Airline Solutions en troisième avec 200 millions de dollars et enfin GetThere, avec 42 millions de dollars. Ces deux dernières activités ont d'ailleurs connu une nette croissance sur le premier trimestre 2002.

Quelles sont vos perspectives pour l'année 2002 ?
En ce qui concerne le pôle Travel Marketing and Distribution, nous pensons que nos revenus vont osciller entre - 2 % et + 1 % de croissance en fonction de la situation sur le marché du voyage. Selon nos prévisions, Travelocity devrait croître de 20 à 30 %. GetThere de 40 à 45 % et Airline Solutions de 0 à 2 %. Ce qui fait que notre revenu global devrait augmenter de 1 à 5 % en 2002.

La répartition de votre chiffre d'affaires entre vos différentes activités est-elle la même en France ?
En France également, la plus grosse part de notre chiffre d'affaires est générée par le pôle Travel Marketing and Distribution, étant donné que nous sommes sur place depuis plus de 11 ans. Travelocity, par contre n'est pas installé en France, ce qui ne saurait toutefois tarder. Quant à Airline Solutions, nous avons quelques contrats avec la SNCF qui utilise une partition de Sabre et avec Air France.

Quelle est la part du système de réservation Sabre dans l'ensemble des réservations de voyages effectuées dans le monde ?
Près de 40 %, soit 400 millions de réservations.

Que représente Sabre aux Etats-Unis et en Europe dans l'ensemble des réservations de voyage effectuées ?
En Amérique du Nord, Sabre représente 48 % des réservations, en Amérique Latine 50 %, en Asie Pacifique 57 % et en Europe 14 %. Aujourd'hui, l'Europe représente notre plus forte croissance et nous comptons beaucoup sur ce marché pour nous développer. C'est là qu'existe les plus fortes parts de marché à prendre.

Que représente la France dans les activités du groupe Sabre et quels sont vos principaux partenaires en ligne dans l'hexagone ?
La France représente une implantation stratégique et en pleine croissance pour nous. Depuis les 5 premiers mois de 2002, nous représentons plus de 1 % du marché au niveau des réservations de voyages. Aujourd'hui, la France représente, pour nous, au niveau du volume, le troisième plus grand marché européen derrière la Grande Bretagne, où nous atteignons 23 et 25 % des réservations de voyages, et l'Allemagne. Quant à nos partenaires en France, ils sont très diversifiés. Il y a d'abord les agences en ligne comme Karavel.com, Promovacances, Directour ou Anyway.com. Nous avons également parmi nos clients le réseau de 26 agences de voyage, JanCarthier, pour lequel nous sommes intervenu sur son service BtoB. Même chose pour le réseau d'agences Boomerang pour lequel nous avons créé le moteur de réservation dédié à la distribution électronique professionnelle de ses produits. Mais également des compagnies aériennes comme KLM, Austrian ou Swissair.

Comment percevez-vous les initiatives comme celles d'Orbitz aux Etats-Unis et d'Opodo en Europe ?
Ces initiatives ne nous dérangent pas dans la mesure où nous nous trouvons sur un terrain de jeu équitable. Car nous arrivons toujours avec nos produits et nos services à accroître nos parts de marché. En Europe, la communauté européenne effectue un très bon travail de surveillance sur le dossier Opodo pour s'assurer qu'il n'y a pas situation de monopole et que le contenu du site ne privilégie pas un acteur par rapport aux autres. Tant que la communauté européenne travaille de cette manière, Opodo est un canal de distribution parmi d'autres. En revanche, dans le cas d'Orbitz, les choses sont plus discutables car le consortium à l'origine du site (NDLR, : les grands compagnies aériennes américaines), contrôle de A à Z la chaîne de distribution y compris certains tarifs et contenus qui ne sont pas disponibles ailleurs. C'est comme si Dell, Compaq, HP, Microsoft et IBM étaient tombés d'accord pour créer un site pour vendre de manière exclusive leur matériel.

Quel est selon vous l'avenir des agences de voyages réelle dans ce nouveau paysage du tourisme ?
Pour moi, le futur est très prometteur. C'est un peu provocateur. Mais il faut prendre du recul et se demander quelles sont les agences de voyage qui vont continuer de vivre demain. En gros, ce sont celles qui vont chercher à fournir des services et à distribuer via de multiples canaux. Aujourd'hui, l'agence de voyages qui prend une réservation, qui émet un billet et le donne au client, et qui ne fait que cela, est vouée à disparaître. En revanche, celle qui se diversifie, qui va mettre en place du CRM, qui va sur Internet pour capter une certaine part de marché, qui va créer des services à valeur ajoutée pour ces clients, elle, va bien vivre. Regardons le marché américain où les commissions sont quasi inexistantes ! Les agences de voyage ont su gérer cette transition en poussant le coût de la transaction vers le consommateur, en vendant des services supplémentaires.

Justement, quelle est votre stratégie à l'égard des grands réseaux d'agences de voyages ?
Nous continuons de travailler activement ce marché avec notre suite de moteur de réservation, intitulé .Res, nos sites Internet pré-packagés jusqu'à notre site internet, Virtually There, qui permet de se renseigner sur son voyage et de télécharger des informations sur un PDA. D'ici fin 2002- début 2003, nous allons lancer une gamme de produits CRM à destination des 460 agences de voyages avec lesquelles nous travaillons.En 2002, nous avons intégré deux nouveaux grands partenaires, le réseau JanCarthier et les agences Boomerang, Usit connect et Travel Club.

Qu'est-ce que vous préférez le plus dans Internet ?
L'accès à l'information. Il y a une dizaine d'années, si on voulait une information, il fallait consulter un bouquin dans une bibliothèque. On perdait énormément de temps et d'énergie. Aujourd'hui, c'est nettement plus rapide avec certains sites.

Qu'est-ce qui vous agace le plus dans Internet ?
C'est un détail, car j'adore Internet, mais je déteste les pop up.

Quels sont vos sites préférés ?
J'adore Google car le moteur de recherche est vraiment incroyable. Chez les marchands, je suis un grand client d'Amazon. Sinon j'aime bien les sites qui fournissent les derniers taux de change. Et enfin, j'aime beaucoup les pagesjaunes.fr.

 
Propos recueillis par Anne-Laure Béranger

PARCOURS
 
Titulaire d'un Bachelor Science of administration and Management de l'université de San Diego aux Etats-Unis et d'un diplôme Mineur en Littérature américaine, Floyd M. Widener, 37 ans, commence sa vie professionnelle en tant que gérant d'une entreprise de climatisation aux Etats-Unis. Puis il intègre une société de publicité avant de rejoindre, en France, Eurédit, société spécialisée dans les produits électroniques, site Internet, CD-Roms et à l'origine du site Europages.fr, un annuaire européen des affaires. Il rejoint ensuite le GDS Amadeus qu'il quitte après deux ans, pour intégrer l'équipe française de Sabre.

   
 
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