Chaque
semaine, gros plan sur la loi et l'Internet
Les
nouvelles règles de la TVA appliquée au commerce électronique
2. La nouvelle
législation européenne
- Jeudi 27 juin 2002 -
Comment la
TVA s'applique-t-elle au commerce électronique, quels sont
les projets de réforme achevés ou en cours? Suite de notre
tour d'horizon en deux volets.
Le
7 juin 2000, la Commission européenne a présenté une proposition
de règlement modifiant le règlement n° 218/92 du Conseil sur
la coopération administrative dans le domaine des impôts indirects,
ainsi qu'une proposition de directive modifiant la directive
388/77/CEE concernant le régime de taxe sur la valeur ajoutée
applicable à certains services fournis par voie électronique
( documents disponibles sur le site de la Commission européenne).
Ces deux propositions ont été adoptées par le Conseil en mai
2002, et seront dès lors sous peu publiées au Journal Officiel.
L'objectif
de la Commission était double : d'une part, il s'agissait
de mettre un terme aux discriminations frappant le commerce
électronique en matière de tva, conformément au principe de
neutralité et de non discrimination affirmé lors de la Conférence
ministérielle de l'OCDE tenue en octobre 1998 à Ottawa, et
d'autre part, de mettre en place des mesures de facilitation
et de simplification destinées à réduire autant que possible
les formalités administratives à charge des entreprises.
La directive
concerne pour l'essentiel la fourniture, par le biais de réseaux
électroniques (livraison numérique), de logiciels, de services
informatiques, de conception de sites Web, ainsi que de services
d'information, culturels, artistiques, sportifs, scientifiques,
éducatifs, récréatifs ou analogues. Elle ne concerne donc
pas les produits achetés par voie électronique mais livrés
par les canaux physiques traditionnels (par exemple un CD-ROM
ou un DVD-ROM).
A l'instar
de la réforme intervenue en 1997 en matière de tva applicable
aux services de télécommunication, la nouvelle directive prévoit
que les services précités fournis par voie électronique soient
considérés pour les besoins de la tva comme localisés dans
l'Union européenne lorsqu'ils sont fournis par un assujetti
établi en dehors de l'Union européenne en faveur de preneurs
établis dans l'Union européenne. Si le preneur est un assujetti,
il sera le redevable de la taxe (application du mécanisme
de l'auto-liquidation). Si, en revanche, le preneur n'est
pas un assujetti, le redevable serait le prestataire établi
en dehors de l'Union européenne, lequel serait tenu de se
faire identifier aux fins de la tva dans un seul Etat membre
pour s'acquitter de son obligation en tant que redevable de
la taxe.
Même si
elle présente l'avantage indéniable de la simplification,
pareille législation risque d'entraîner un certain forum shopping
au sein même de l'Union européenne, et de créer une concurrence
fiscale entre États membres. En effet, une entreprise nord-américaine
aura tout intérêt à s'identifier au Luxembourg ou à Madère,
dont les taux sont les plus bas d'Europe
Cette obligation
d'identification unique serait toutefois levée lorsque les
assujettis extra-communautaires non-résidents n'assurent pas
d'autres prestations dans l'Union européenne et que leur chiffre
d'affaires annuel localisable dans l'Union ne dépasse pas
100.000 euros. Par ailleurs au regard de la tva, le prestataire
de services établi en dehors d'Union européenne a l'obligation
de vérifier le statut attribué au client.
Toutefois,
selon le texte de la directive, lorsque ce prestataire non-résident
"a agi avec toute la diligence normalement de mise dans la
pratique commerciale d'un secteur déterminé et a vérifié sur
la base d'un ensemble cohérent de données provenant d'une
source indépendante (
) que le preneur est un assujetti établi
dans la Communauté, la taxe est due par le destinataire de
la prestation de services". Pour permettre cette vérification
du statut, le nouveau texte modifiant le règlement 218/92
prévoit que les personnes concernées par des livraisons de
biens ou des prestations de services intracommunautaires pourront
obtenir une confirmation de la validité du numéro d'identification
tva par voie électronique (en ligne et en temps réel).
[thibault.verbiest@brussels.ulys.net]
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1. Biens commandés
et prestations de services
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