Six Sigma : la
nouvelle méthode de management ?
Par
Patrice Marvanne,
directeur général de PLM Conseil (septembre
2003)
Elaborée à l'origine par Motorola, alors qu'il s'agissait d'une
question de survie, la démarche Six Sigma a pour objectif de satisfaire
les clients en réduisant les problèmes sur les opportunités produites.
Après avoir conquis les organisations américaines en recherche de
performances nouvelles, cette nouvelle approche de la qualité devient
le centre d'intérêt des chefs d'entreprise, réalisant ainsi une
percée sur notre vieux continent.
Cette
méthodologie, qui s'appuie sur la satisfaction des attentes du client
en définissant d'une part ses besoins et d'autre part en optimisant
les processus, a permis d'économiser des millions de dollars dans
les entreprises. Le Six Sigma Management a séduit les plus grands
noms de l'industrie tels que Kodak, Allied Signal, IBM, Air France,
Schneider Electric, Thales, Westin Hôtels, Air Liquide, etc.
General Electric avance deux milliards de dollars d'économie lors
de ses trois premières années de pratique de Six Sigma. Les dirigeants
d'Invensys et DuPont annoncent, quant à eux, des sommes respectives
de 160 et 700 millions de dollars sur l'année 2000. Aujourd'hui,
que ce soit aux Etats-Unis, en Europe ou bien en France, les grands
patrons qui en ont fait une véritable culture d'entreprise, n'hésitent
pas à en parler dans leurs rapports d'activités.
Qu'est-ce que le Six Sigma ?
Sigma est la 18ème lettre de l'alphabet grec. Techniquement, cette
lettre est employée pour décrire la variabilité d'un processus ou
écart type mesurant la dispersion des produits ou services autour
d'une valeur moyenne égale ou proche de la valeur nominale voulue
par le client. Six Sigma représente 99,999666 % de performance,
soit 3,4 défauts par million. Ces chiffres ne peuvent laisser ni
un chef d'entreprise, ni un actionnaire indifférents.
L'objectif : l'amélioration
permanente de la qualité"
|
Six Sigma est une méthode de management prônant les principes de
l'amélioration permanente de la qualité et de la profitabilité des
entreprises. Le concept repose sur la théorie de la variabilité
: toute chose mesurée finement varie. L'aspect management de cette
démarche s'articule autour d'une structure dédiée en totalité,
ou partiellement, à la conduite de projet et dont les acteurs sont
appelés "Champion", "Black Belts" et "Green
Belts". En langage moins marketé, on peut traduire ces étiquettes
par "Chefs de Projets", "Conseillers Qualité" et
"Faciliteurs".
Ces différents acteurs ont tous suivi un cycle de formation
spécifique à la méthode. Ces formations ont la particularité d'être
de type "form'action". Chaque module correspond à une étape de la
méthode qui doit être mise en pratique, avec des résultats concrets
et vérifiables.
La méthode
Une méthode en cinq étapes très structurée, des outils de mesure
et d'analyse où les statistiques jouent un rôle primordiale, l'application
des principes rigoureux de la gestion de projet : tel est le
Six Sigma.
Les cinq étapes sont appelées DMAIC :
Définir le projet d'amélioration :
- c'est établir la charte de l'équipe qui va travailler sur le sujet
d'amélioration ou de conception (dans ce second cas on parlera de
"Design by Six Sigma")
- c'est identifier les attentes des clients ("Critical To Quality")
- c'est fixer les résultats attendus
- c'est cartographier les processus que recouvrent le projet.
Mesurer la performance du processus pour s'appuyer sur
des faits vérifiables :
- c'est mesurer la fréquence des défauts
- c'est mesurer les attentes des clients
- c'est mesurer le Sigma du processus
- c'est mesurer seulement ce qui peut être utile pour l'analyse.
Analyser pour comprendre les raisons du problème :
- c'est analyser les mesures obtenues
- c'est rechercher les causes racines
- c'est valider la ou les causes racines
Innover ou améliorer pour éradiquer les causes du disfonctionnement :
- c'est choisir des solutions
- c'est tester les solutions
- c'est valider la ou les solutions retenues
Contrôler pour s'assurer de la disparition du
problème :
- c'est surveiller le résultats attendus et pérenniser la solution
- c'est s'assurer de la satisfaction du client
- c'est maîtriser le nouveau processus.
Attention à ne faire de cette méthode qu'un outil de chasse
aux défauts ou d'amélioration de la productivité. C'est aller au
devant de résultats substantiels à court terme, mais aussi d'attaques
ou revendications syndicales. Ce qui est déjà le cas pour des entreprises
françaises n'ayant pas perçu de cette approche le caractère managérial.
Car pour réussir, la mise en place d'une démarche Six Sigma
Management doit reposer sur une culture d'amélioration permanente,
un management de type leadership, une communication interne efficace
et un système de reconnaissance performant.
PARCOURS
|
Patrice Marvanne, 52 ans, est le fondateur de PLM Conseil,
cabinet de formation et de conseil en management par la qualité
totale. Il est également secrétaire du Mouvement Français
pour la Qualité, région Ile-de-France. Issu du Groupe Acoor,
où il a occupé des directions opérationnelles, il a fait
sa carrière dans des cabinets de conseil en organisation et
en ressources humaines, notamment chez Hay Groupe. Il est l'auteur
du Vade Mecum de la Qualité Totale (éditions EMS) et
prépare actuellement un deuxième ouvrage sur les nouveaux
outils de la qualité avancée. |
|