"Embaucher un salarié handicapé ? Plutôt payer !"
Depuis 1987, les entreprises de plus de vingt salariés ont le choix
entre verser une contribution à l'Agefiph (L'Association nationale
de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes
handicapées) ou compter parmi leurs employés 6 % de travailleurs
handicapés. Face à cette alternative, la moitié des entreprises
préfère payer une contribution.
Pour
tenter de changer la donne et favoriser l'insertion des handicapés,
Guy Barette a créé en janvier dernier, à Biarritz
(Pyrénées-Atlantiques), la société Objectifs. Celle-ci se propose
de mettre en relation les entreprises et les personnes handicapées
en recherche d'emploi.
Son principal argument ? D'un point de vue financier, l'opération
est rentable pour l'entreprise. L'embauche de personnes ayant des
handicaps reconnus par la Cotorep (Commission des techniques
d'orientation et de reclassement professionnel) permet à l'entreprise
de percevoir une prime de 1 600 euros par salarié et
de ne plus verser de cotisation Agefiph proportionnelle à ses effectifs.
Cette contribution s'élève par exemple à plus de 80 000 euros pour
une entreprise de 500 salariés à temps complet (lire l'encadré
ci-dessous). Recruter des personnes handicapées peut ainsi permettre
de faire des économies. Une logique qu'Objectifs met en pratique :
la société ne se rémunère qu'au résultat, à
hauteur de 1 500 euros par embauche signée.
|
Le
turn-over de cette population est très faible"
Guy Barette, Objectifs
|
Mais, face aux préjugés, l'argument financier ne suffit pas. Dans
l'imaginaire collectif, les personnes handicapées se déplacent en
fauteuil roulant. De quoi refroidir les ardeurs d'embauche des entreprises.
Pourtant, "90 % des handicapés sont plus que valides, dont la moitié
a un handicap qui ne se voit pas, estime Guy Barette. Ils souffrent
par exemple souvent de mal de dos, conséquence de l'exercice d'un
emploi difficile."
Autre avantage : les salariés handicapés sont
en général particulièrement motivés par leur travail et fidèles
à l'entreprise. Guy Barette cite en exemple un groupe de la grande
distribution qui emploie une centaine de travailleurs handicapés.
"Le turn-over de cette population est très faible, de 2 %
environ, explique-t-il, alors qu'il est en moyenne supérieur
à 10 % dans le secteur."
L'argumentaire a déjà séduit quatre employeurs du Pays Basque,
dans les secteurs de l'hôtellerie, du nettoyage, du commerce et
de la santé. Objectifs a constitué une base de données d'une soixantaine
de candidats handicapés, peu qualifiés pour la plupart.
Une base que la société compte valoriser, le recrutement
de personnes handicapées pouvant s'inscrire pour les entreprises
dans une politique plus large de développement durable.
L'obligation
légale d'emploi des travailleurs handicapés
|
D'après la loi N°87-157 du 10 juillet 1987, les établissements
de plus de vingt salariés doivent embaucher des travailleurs
handicapés dans la proportion de 6 % de l'assiette d'assujettissement
(le nombre de salariés équivalent temps complet). Pour s'acquitter
de leur obligation d'emploi, les entreprises peuvent également
verser une contribution proportionnelle à leurs effectifs
et par unité manquante.
Contribution
par unité manquante selon les effectifs (source
Agefiph)
|
Effectifs |
Taux
|
Smic
horaire (juillet 2002)
|
Coût
par unité
|
20-199
salariés |
300
|
6,83
|
2
049
|
200-749
salariés |
400
|
6,83
|
2
732
|
750
salariés et plus |
500
|
6,83
|
3
415
|
Par exemple, pour un effectif de 500 personnes à temps
complet, l'entreprise devrait compter 30 unités, sachant
qu'un salarié reconnu travailleur handicapé peut valoir plusieurs
unités. Si elle n'en emploie aucun, elle devra payer 81 960
euros (2 732 x 30). La contribution sert notamment à
financer le réseau public Cap Emploi spécialisé dans le placement
des personnes handicapées.
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