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(janvier 2004).
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Tirer parti de la "validation des acquis de l'expérience"
Par Martine Gaillard, ingénieur d'affaires de l'Afpa (Association nationale pour la fomation professionnelle des adultes)


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Il est assez évident aujourd'hui, pour un certain nombre de directions des ressources humaines, de responsables de PME- PMI, de directeurs d'entreprises ou d'associations, que la validation des acquis de l'expérience (VAE) peut favoriser la réussite de leur politique de gestion du personnel. Encore faut-il que les liens entre les différents partenaires, porteurs du projet, soient établis de manière très étroite dès le début et tout au long du parcours.

Quel parcours ? Pour quels partenaires ?
Le parcours, qu'il soit à l'instigation du salarié ou de l'entreprise, doit, pour réussir, être individualisé, accompagné et, naturellement, validé par des reconnaissances partielles, capitalisées ensuite et définitivement reconnues par la délivrance d'un diplôme. Cela nécessite la participation active et concertée de tous les partenaires concernés : le salarié, l'entreprise, le "valideur".

Le salarié peut, bien entendu, être à l'origine de la demande de validation puisqu'il s'agit avant tout d'un droit individuel, non contestable. Cependant, l'expérience montre que les chances de réussite, c'est-à-dire l'obtention du diplôme par validation des acquis, sont nettement plus importantes lorsque le projet de validation est porté conjointement par le salarié et l'employeur.

Comment l'un et l'autre peuvent-ils dès lors se positionner de manière à ce que cette démarche soit, à la fois, source de progrès social et acte de management pour l'entreprise ? Chaque situation est particulière.

Dossier

La relation entre les anciens et les nouveaux salariés
Prenons le cas d'entreprises où une majorité de salariés, relativement âgés, ne possèdent aucun diplôme. Ces salariés ont acquis, au fils des ans, un certain nombre de compétences, non reconnues, non identifiées, non définies, voire non exploitées. Ces entreprises peuvent rencontrer un problème au moment du recrutement de nouveaux salariés, souvent diplômés, eux, et dont les "connaissances", sanctionnées par un diplôme, viennent se heurter aux "compétences", au "savoir-faire" des plus anciens.

Cet impact des "nouveaux" diplômés (quelquefois, par-là même, mieux rémunérés) sur les "anciens" (compétents, mais non officiellement "reconnus"), peut créer de véritables tensions, particulièrement là où, peu à peu, la génération du baby-boom se trouve confrontée aux jeunes qui entrent sur le marché du travail, mieux formés.

Chez Danone, par exemple, six secrétaires, salariées de l'entreprise depuis de nombreuses années, étaient en situation délicate par rapport à de nouvelles collègues, embauchées avec le BTS et mieux rémunérées, bien qu'occupant les mêmes fonctions. Les anciennes ont entamé un parcours de validation de leurs acquis et cinq d'entre elles ont obtenu le diplôme visé.

Expérience réussie : l'entreprise a joué le jeu et a permis à cinq de ses salariées de se qualifier tout en évitant les tensions internes. La validation peut, dans une telle situation, servir de facteur de régulation permettant aux uns, et aux autres de définir clairement les savoirs, savoir-faire, savoir être de chacun.

Pouvoir reconnaître certaines fonctions
Ailleurs, peuvent se rencontrer des problèmes de reconnaissance d'une fonction précise dans l'entreprise. Ainsi, la fonction tutorale ou celle de formateur occasionnel qui mettent en œuvre de véritables compétences, entre autres de "face à face pédagogique", sont souvent non reconnues, voire totalement ignorées (volontairement ou non) par les autres salariés ou la ligne hiérarchique.

La validation des compétences se révèle alors un vecteur de positionnement de ces salariés, un outil de management par la reconnaissance de leur statut et de leur place spécifique dans l'entreprise. Ainsi, Conforama accompagne certains de ses salariés vers la validation du titre "Formateur professionnel d'adulte" afin que leur fonction de formateur occasionnel soit clairement identifiée et reconnue par l'ensemble des salariés du groupe.

Une manière de fidéliser ses salariés
D'autres entreprises encore ont des difficultés de recrutement dues à des causes diverses parmi lesquelles on peut citer : la mauvaise image du secteur, les horaires décalés, le temps partiel, les basses rémunérations réelles ou supposées. Le "turn-over" important qu'elles constatent peut être notablement diminué par la perspective d'une filière professionnelle possible, dont le salarié va pouvoir gravir la première marche par l'obtention d'un premier niveau de qualification.

Les salariés peuvent trouver un intérêt à aller vers un secteur généralement peu apprécié si la VAE leur offre la possibilité d'obtenir une certification, à l'issue d'un parcours porté par l'entreprise, alternant des phases de formation et la validation d'acquis expérientiels. C'est le cas des centres d'appels, des parcs à thème, de la branche hôtellerie restauration, de certains secteurs du bâtiment qui ont bien compris l'attrait que constitue, à l'embauche, la promesse d'obtenir, à terme, un titre national dans le cadre d'un contrat de travail.

Au Club Med ou à Eurodisney...
Citons le cas du Club Med qui avait des difficultés de recrutement puis de fidélisation de ses salariés sur des postes de restauration. Il a été proposé aux personnes qui le souhaitaient de faire valider leurs compétences sur un titre nouveau du secteur loisirs/tourisme, "agent de loisirs", qui permettait de valider, outre les compétences liées à la restauration, celles liées à l'accueil, à l'animation et à la vente. Les salariés entrés dans le programme ont pu acquérir un diplôme national, une polyvalence reconnue sur le marché du travail, une reconnaissance de la part de leur entreprise et de leurs collègues.

Dossier

Face aux difficultés liées à l'application des 35 heures, au temps partiel, aux amplitudes horaires importantes, certains secteurs peuvent également trouver intérêt à envisager, pour leurs salariés, l'obtention d'un titre polyvalent, à compétences diversifiées mais cependant clairement identifiées et reconnues pour une gestion souple et concertée des plannings. C'est ce qu'a fait Eurodisney. Avec la mise en place, depuis deux ans, de son programme de VAE "agent de loisirs" pour plus de 500 salariés de ses parcs à thème.

L'individualisation porte, c'est donc une réalité, sur les situations spécifiques observées au sein de chaque entreprise ou branche. Mais l'individualisation doit également porter sur chaque individu.

De nouveaux métiers en émergence
Chaque salarié devant être accompagné dans son parcours spécifique vers la validation de ses acquis pour avoir le maximum de chances d'obtenir le diplôme souhaité, de nouvelles fonctions vont apparaître.

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La validation s'appuie sur une problématique de succès. L'individu a besoin d'être aidé, guidé, à la fois dans le choix du diplôme, du "valideur", de la voie à suivre, et des moyens à mettre en œuvre pour y arriver. Il y a ainsi émergence de toute une lignée de "nouveaux métiers" de la guidance, du conseil, du positionnement, voire de l'orientation, qui s'ouvre aujourd'hui en France pour les salariés et leurs entreprises, en lien avec les différents"valideurs" et en cohérence avec les directives européennes de "formation tout au long de la vie".

PARCOURS

Martine Gaillard est entrée à l'Afpa en 1998, comme chargée de mission, pour mettre en place une première expérimentation de la VAE, en anticipation du vote de la loi de "modernisation sociale". En 2001, elle est nommée au poste chargée de direction et responsable de formation à l'Afpa Paris. Elle assure, à ce titre, le développement, sur le département de Paris, de la gamme de services de l'Afpa : évaluation, formation, validation. Fin 2002, elle devient ingénieur d'affaires à la direction régionale Ile-de-France. Elle est chargée, depuis cette date, de la promotion de toutes les prestations de l'Afpa auprès des grands comptes.

 

Rédaction, Le Journal du Management
   
 
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