dossier
(juin 2004)
Loi NRE : un bilan mitigé
L'Observatoire sur la responsabilité sociale des entreprises (l'Orse) vient de remettre un rapport de mission au gouvernement concernant l'application de l'article 116 de la loi NRE. Cet article (cf. encadré) concerne environ 700 entreprises cotées en Bourse et de droit français, tenues de rendre compte annuellement de leurs impacts sociaux et environnementaux dans le cadre du rapport de gestion que présente le conseil d'administration, ou le directoire, à l'assemblée générale des actionnaires. D'après l'Orse, la majorité des 700 sociétés concernées n'a pas respecté la loi. Certaines entreprises, en particulier les plus importantes, ont certes rendu un rapport spécifique, souvent appelé rapport de développement durable. Mais seule la moitié des entreprises du CAC 40 s'est engagée dans une démarche de développement durable, formalisée dans le rapport ou dans une lettre du président. Le rapport note que plus la taille des entreprises est réduite, moins les renseignements en nombre de thématiques et de pages sont importants concernant le développement durable. Plus de 80 % des 130 entreprises les plus petites du SBF 250 consacrent ainsi moins de cinq pages aux informations sociales et environnementales.
Toujours pour les 130 entreprises les plus petites du SBF 250, les indicateurs restent limités, surtout dans l'environnement. 50 % de ces entreprises ne proposent pas plus de quatre indicateurs dans leur rapport. 56 % d'entre elles n'ont aucun indicateur pour l'environnement. L'Orse note que, dans leur démarche, les entreprises françaises préfèrent souvent travailler seules. Parmi les entreprises du CAC 40, seules treize ont fait appel à des agences de notation extra-financière. Ces dernières sont de loin les plus sollicitées, devant les actionnaires (quatre entreprises), les associations nationales ou internationales, les syndicats, clients, fournisseurs ou experts. Les pouvoirs publics n'ont jamais été consultés.
Le rapport de l'Orse met également en évidence les points à améliorer dans l'article 116 de la loi NRE. Les entreprises ont rencontré d'importantes difficultés pour quantifier certaines thématiques. Les indicateurs varient ainsi selon les secteurs et les pays, notamment lorsque les réglementations sont distinctes. La comparaison des indicateurs et le reporting au niveau mondial sont parfois impossible. Par ailleurs, la définition du périmètre s'avère délicate.
Autre obstacle pour les entreprises : le coût des opérations de reporting. En interrogeant ses membres, l'Orse a relevé que la collecte et la consolidation des informations extra-financières peut mobiliser jusqu'à douze salariés en équivalent temps plein pendant six mois. Le seul coût de la publication peut par exemple atteindre 100.000 euros. Un luxe ?
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