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septembre 2004

Un thésard dans mon entreprise

Les conventions Cifre permettent de faire travailler un doctorant sur un projet de recherche. Un bon moyen de développer ses relations avec les labo et de recruter des chercheurs de haut niveau.
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Philippe Freychat a débuté en tant que Cifre chez Décathlon. Il a soutenu sa thèse en 1995 et obtenu le grade de docteur. Quant au distributeur, il a gagné non seulement un brevet, mais aussi un chercheur de haut niveau, aujourd'hui directeur de son Centre de recherche et développement. Un exemple parmi d'autres de relation gagnant-gagnant entre une entreprise et un doctorant.

 

Créées en 1980, les Conventions industrielles de formation par la recherche associent une entreprise, un jeune diplômé et un laboratoire autour d'un projet de recherche qui conduira à une soutenance de thèse de doctorat. L'entreprise a ainsi l'opportunité de faire travailler et de former un jeune titulaire d'un diplôme de niveau Bac + 5 récent, sur un projet de recherche défini.

 

Chez Décathlon, depuis l'expérience réussie de Philippe Freychat, les conventions Cifre se succèdent. Ils sont actuellement quatre à préparer leur thèse, pas seulement en sciences dures. Une étudiante en marketing a par exemple choisi le thème "Passer de marques distributeurs à des marques propres. Quelles stratégies marketing ?".

 

Tests dans le Centre de recherche et développement de Décathlon

"L'une de nos thésardes, actuellement en fin de 2ème année, a contribué fortement à l'aboutissement d'une innovation : la nouvelle combinaison néoprène de Tribord (*), explique Nicolas Belluye, ingénieur R&D chez Décathlon. Elle a mené la majorité des expérimentations scientifiques." D'après l'ANRT (Association nationale de la recherche technique) qui gère les Cifre, 85 % des entreprises obtiennent un résultat - un prototype ou un brevet - à l'issue des trois ans et 15 % déposent un brevet. "Les chercheurs seniors ayant une obligation de résultat, réaliser un projet de recherche en tant qu'étudiant Cifre est une réelle opportunité pour démarrer ou creuser certains projets", commente le chercheur.

 

Pour l'entreprise, la convention Cifre s'inscrit souvent dans sa politique de recrutement. "Nous avons ainsi l'opportunité de découvrir de très bons éléments qui pourront évoluer en interne, ou avec lesquels nous pourrons travailler s'ils deviennent maître de conférence", constate-t-il. Les Cifre sont généralement bien intégrés à l'entreprise. Chez Décathlon, ils passent en moyenne une semaine par mois au centre de recherche.

 

La convention associant également un laboratoire, l'entreprise peut développer ses relations. Un critère particulièrement important pour Décathlon qui travaille en réseau avec plus de quarante laboratoires dans le monde.

 

Le jeune Cifre touche un salaire de 20 000 euros par an. Il coûte 30 000 euros à l'entreprise, sans compter les 15 000 de subvention qu'elle reçoit. Mais le but de la convention n'est pas de fournir des ingénieurs à bon marché. L'ANRT effectue une importante sélection pour éviter tout abus. "D'après nos calculs, un Cifre coûte aussi cher à l'entreprise qu'un ingénieur recherche" insiste Catherine Bec, chef de service ANRT-Cifre. En effet, l'entreprise doit également payer le laboratoire, ce qui peut représenter un coût important.

 

"Selon le projet, la somme que nous versons au laboratoire va du simple au triple. Tout dépend de la part que nous prenons directement à notre charge, témoigne Nicolas Belluye. Dans certains cas, nous ne payons au laboratoire que le coût de l'encadrement, et de l'utilisation et de l'amortissement du matériel." D'après Catherine Bec, une grande entreprise va ainsi prochainement verser 75 000 euros à un laboratoire pour la durée de la Cifre. "Nous pourrions très bien payer le laboratoire pour mener un même projet, ce qui ne nous coûterait pas forcément plus cher, ajoute Nicolas Belluye. Mais engager un étudiant en Cifre représente un réel investissement financier et humain."

 

En savoir +

Pour recruter, Décathlon s'adresse directement aux laboratoires qui présentent ensuite des candidats. Le distributeur soigne son recrutement, puisqu'il s'engage pour trois ans, avec un CDI potentiel à la clé. "En général, nous essayons avant de lancer une thèse de suivre les étudiants en DEA ou de faire un petit projet avec eux pendant l'été pour évaluer leurs capacités" note le chercheur. A noter que sur Internet, le site www.placeojeunes.com diffuse des offres de laboratoires cherchant des entreprises partenaires. Enfin, le Cifre n'est pas réservé aux grands groupes. La moitié des entreprises bénéficiant d'une convention sont des PME.

 

 

Le Cifre en chiffres
Année
Nb de Cifre
  92 % des étudiants Cifre soutiennent leur thèse
1980
50
  85 % des entreprises obtiennent un résultat
2003
860
  15 % déposent un brevet
2004
1160
  50 % des employeurs de Cifre sont des PME

 

(*) Marque des sports d'eau de Décathlon


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