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23/02/2005
Les premiers effets secondaires des 35 heures
Quels sont au juste les effets des 35 heures sur le tissu économique français ? Cette question, hautement politique, trouve quelques éléments de réponse dans le dernier baromètre de "la productivité individuelle des salariés" réalisé par le cabinet Proudfoot Consulting. Un baromètre international, mené sur neuf pays et au travers de 1.668 cas d'entreprise.
Ce baromètre 2004 livre un constat intéressant sur le cas de la France. Depuis trois ans, l'Hexagone enregistrait au sein de ce baromètre une progression très nette de son niveau de productivité. Entre 2001 et 2003, cet indice, qui estime la part des heures non-productives en entreprise, était passé de 54 % à 60 % pour la France. Dans son édition 2003, Proudfoot Consulting n'hésitait pas à indiquer que cette progression de la France était le fruit de la mis en place des 35 heures. Une mise en place qui validait "l'affirmation selon laquelle le travail se développe en s'adaptant au temps disponible pour son accomplissement". Fin 2004, le constat a évolué. Alors que la quasi totalité des pays étudiés ont enregistré l'an passé une amélioration de leur niveau de productivité, la France connaît, elle, une stagnation à 60 %. Pendant ce temps, les Etats-Unis et l'Allemagne ont gagné un point sur leur indice, le Royaume-Uni réalisant un bond de 60 % à 63 %. Cette stagnation de la France en 2004 prouve, selon Proudfoot Consulting, que "l'effet dopant des 35 heures a atteint ses limites". En d'autres termes, la diffusion des 35 heures a généré entre 2001 et 2003 une remise à plat des process de travail qui ont conduit à une hausse de la productivité, le plus souvent à moyens constants. La France obtient ainsi parmi les meilleurs scores mondiaux concernant la planification, le contrôle et la supervision. Cet effet d'intégration des 35 heures étant aujourd'hui passé, l'Hexagone se retrouve face à des nouvelles sources de perte de productivité. Des sources qui apparaissent comme les effets secondaires de la réduction du temps de travail. En premier lieu, la France se fait épingler sur le manque de motivation des salariés, jugé comme la principale cause de non-productivité dans 13 % des cas, contre 8 % au plan international. Ce manque de motivation est à rapprocher de l'amélioration des outils de planification et de contrôle qui, à haute dose, induisent un effet de déresponsabilisation des salariés.
Autre source de non-productivité pour la France : la faiblesse du niveau de qualification de la main d'uvre. Ce critère serait la principale cause du recul de la productivité dans 10 % des cas, contre 8 % dans les autres pays. Le développement de la planification et du contrôle a provoqué une hausse du niveau de qualification nécessaire à poste constant, ne serait-ce que pour maîtriser de nouveaux outils. Sur ce point, la balle est dans le camp de la formation professionnelle.
A la lecture de ce baromètre, les effets secondaires des 35 heures apparaissent multiples mais pas systématiquement négatifs. Il faut y ajouter un ultime paramètre d'importance : le degré d'attachement des Français salariés à la réduction du temps de travail. Selon un sondage CSA, 56 % des salariés se disent opposés à une réforme des 35 heures.
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