Carrière
RUBRIQUES
ENTREPRISE
30/03/2005
Délocalisations : les dirigeants lucides
Les dirigeants d'entreprise se montrent plutôt réalistes sur l'intérêt réel, et les conséquences, des politiques de délocalisation. Tel est le constat de l'enquête menée par CSA et le cabinet Celerant auprès d'une centaine d'entreprises industrielles françaises de plus de 1.000 salariés. Parmi ces entreprises, un tiers a délocalisé une partie de leur activité au cours des cinq dernières années. Ces entreprises, déjà en prise avec la délocalisation, ont pour point commun d'être déjà ancrées dans une logique internationale. La moitié des entreprises ayant procédé à des délocalisations réalisent plus de 50 % de leur chiffre d'affaires à l'international.
Au-delà de ces données factuelles, l'enquête se penche sur l'opinion des dirigeants d'entreprise vis-à-vis des délocalisations. Un domaine sur lequel les patrons font état d'une certaine acuité, voire de réalisme. 80 % des dirigeants d'entreprise admettent ainsi que les délocalisations entraînent des pertes d'emploi en France. Dans le même esprit, 75 % considérent que ce mouvement se traduit par une perte de savoir faire au plan national, 70 % jugeant que la politique de délocalisation apparaît être au final un "mal" pour la France. Derrière cette analyse plutôt sombre sur les implications hexagonales, les dirigeants d'entreprise se montrent tout aussi timorés concernant les bénéfices réels des délocalisations pour les pays cibles. Seuls 50 % des patrons estiment que cette logique permet de redistribuer la richesse et l'emploi au plan mondial. Autre aspect sur lequel les dirigeants apparaissent prudents : l'intérêt des délocalisations en termes de stratégie internationale. Ils ne sont que 30 % à considérer que les délocalisations ouvrent de nouveaux marchés aux entreprises françaises et tirent vers le haut leur niveau de compétitivité. A la lecture de ces chiffres on comprend que l'intérêt numéro un des délocalisations se situent ailleurs : la réduction du coût de la main d'oeuvre, principal critère retenu par les entreprises. Cette suprématie du facteur salarial se traduit même par une règle d'or. Pour qu'une délocalisation soit rentable, le poids de la main d'oeuvre dans les coûts de l'activité visée doit dépasser, en moyenne, les 40 %. Autre facteur décisif : la position concurrentielle. 40 % des entreprises indiquent que les délocalisations effectuées par les concurrents directs font partie des éléments déterminants pour mettre en oeuvre une telle stratégie. En clair, si mes concurrents y vont, j'y vais.
Pour finir, on notera que tout n'est pas rose pour les entreprises qui ont déjà procédé à des délocalisations. Plus d'une entreprise sur deux ayant délocalisé reconnaît ne pas avoir réussi à évaluer puis à maîtriser les coûts liés à cette opération. Un tiers des entreprises indiquent également ne plus souhaiter poursuivre sa stratégie de délocalisation face aux difficultés rencontrées. Autres facteurs jugés handicapants : la préférence des clients pour le "made in France", sans compter l'intégration du supply-chain, et notamment du flux tendu, peu favorable à une production lointaine.
|
Découvrez le nouveau classement Forbes des milliardaires du monde. Lire