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CARRIERE 02/11/2005 Dans
l'intimité d'un coaching |
Ce mois-ci, André de Châteauvieux, coach professionnel, anime un débat sur la manière de s'entretenir d'un problème d'alcoolisme avec un employé. |
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A
la demande d'un club d'entrepreneurs, j'anime chaque mois une "soirée coaching"
: un espace où chaque dirigeant peut résoudre une situation délicate avec ses
pairs.
Pascal, créateur d'une société d'infogérance, est impatient de
démarrer notre séance.
Pascal : Depuis
deux mois, notre ingénieur réseau rentre de déjeuner dans un état d'ébriété. Son
entourage m'a confié qu'il arrose certains repas. Le support réseau est bien sûr
critique dans notre métier et, en même temps, l'entreprise n'est pas là pour traiter
la dépendance à l'alcool. Je me sens bloqué et en porte à faux : pour moi, cette
situation est à la frontière du professionnel et du privé. J'aimerais avoir un
éclairage du groupe et être guidé, si c'est possible ?
Coach
: Qui souhaite donner son éclairage ?
Dominique,
dirigeant d'une activité de conseil : L'employeur est ici responsable
: le code du travail est clair, il interdit au chef d'entreprise, et à toute personne
ayant autorité sur les employés, de laisser entrer ou séjourner dans l'entreprise
des personnes en état d'ivresse.
Anne, responsable d'un
cabinet de radiologie : Le problème de l'alcool est vraiment délicat
et tabou dans l'entreprise. Ayant dirigé un service, dans une clinique, où un
manipulateur radio était aussi dépendant, j'ai investi du temps avec le médecin
du travail et le CHSCT pour prendre en charge ce problème sous l'angle humain
puis préventif.
Je reviens vers Pascal.
Coach :
Que retenez-vous de ces premiers retours ?
Pascal :
Entre le code du travail et la prise en charge d'un problème humain, je me sens
encore plus coincé
Après un long silence.
Coach
: De quoi auriez-vous envie ?
Pascal :
Je ne sais pas... Mais, je sais maintenant de quoi je n'ai pas envie : sans preuves
concrètes, je ne veux ni entrer dans une procédure, ni me mêler d'une éventuelle
addiction. Ce serait une intrusion dans sa vie privée. Je me sens désarmé...
Coach : Quand vous dites que vous vous sentez bloqué,
en porte à faux, désarmé, vous êtes vous-même plutôt dans la sphère privée ou
professionnelle ?
Pascal : Peut-être les deux
à la fois
Non, plutôt entre les deux : je partage ici ma difficulté personnelle
sur un sujet qui reste professionnel, bien que tabou pour moi.
Coach
: Et comment pourriez-vous nommer cet entre-deux ?
Pascal
: La sphère personnelle
tout simplement ! Je crois que nous pouvons
arrêter là, aujourd'hui
J'ai envie de rencontrer Jean-Paul, notre ingénieur réseau,
et lui exprimer ma gêne, lui rappeler ma responsabilité du point de vue du droit
du travail et lui demander de trouver une solution.
Un mois plus tard,
Pascal lors du tour de table.
Pascal : Aujourd'hui,
je pourrai juste partager sur mon entretien avec notre ingénieur réseau.
Coach
: Et qu'est-ce qui a changé ?
Pascal :
L'entretien s'est déroulé simplement : j'ai affiché ma responsabilité d'employeur,
formulé mon inconfort sur cette question délicate et aussi l'impasse dans laquelle
je me trouvais. J'ai alors laissé parlé Jean-Paul : il a évoqué un passage de
cap difficile sans aller, d'ailleurs, dans le détail de sa situation. C'est comme
si j'avais levé le tabou et qu'il sentait en même temps mon souci de ne pas entrer
dans son espace privé. Il a simplement décidé de se faire aider à l'extérieur
pour passer ce cap.
Les précédentes séances
de coaching
Manon surmonte sa phobie
des réunions
Béatrice, consultante,
surmonte sa peur du groupe
Nadine se débat avec Marc, le directeur
financier
Le
coach |
André de Châteauvieux est coach d'entreprise,
certifié par l'école de formation Médiat-Coaching. |
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