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09/11/2005
Denise Broussal (Baker & McKenzie SCP)
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La Cnil a été amenée à revoir sa position" |
En effet, les codes d'éthique ou de conduite, qui contiennent souvent un système d'alerte, sont rarement mis en place en conformité avec les lois et règlements en vigueur, alors qu'ils s'apparentent au règlement intérieur, en ce que leur non-respect peut être sanctionner. Par ailleurs, nombre de dispositions de ces codes sont considérées comme une intrusion voire une violation de la vie privée des salariés (interdiction de voyager dans des pays sous embargo américain, drogues, politique, sexe au travail, etc.).
Plus récemment, la Cnil au cours de sa séance du 26 mai 2005, a refusé d'autoriser deux projets de "lignes éthiques" permettant aux salariés de signaler des comportements fautifs imputables à leurs collègues de travail. A la suite de ces décisions, les entreprises, souvent influencées par les syndicats, ont traduit ces décisions en une prohibition ou interdiction.
La Cnil n'a cependant pas interdit ces systèmes ou lignes d'alerte mais a émis une réserve de principe mettant en avant les raisons suivantes :
le risque de mise en place d'un système organisé de délation professionnelle notamment du fait de l'anonymat de la personne dénonciatrice ;
la disproportion entre les dispositifs et les objectifs poursuivis ;
la déloyauté de la collecte et du traitement des données pour la personne n'ayant pas le moyens de s'opposer et de se défendre.
Sur ces fondements, le tribunal de grande instance de Libourne dans une ordonnance du 15 septembre 2005 a ordonné le retrait immédiat de l'affichage de deux notes dont l'une prévoyait la mise en place d'une ligne éthique.
Non pas une police interne mais un moyen de protéger la liberté d'expression de tous" |
La position des tribunaux et de la Cnil concerne en particulier des filiales françaises de sociétés cotées aux Etats-Unis, qui ont été poussées à mettre en place rapidement, sans aménagement et surtout sans prendre en compte les spécificités de la législation française, des codes d'éthiques et des systèmes d'alertes à l' "américaine". De ce fait, ni la direction ni les salariés en France n'ont pu travailler à la mise en place d'un système prenant en compte les spécificités tant juridiques que culturelles françaises mais se sont vus imposer, souvent sans aucune marge de manuvre, le système conçu par leur maison mère.
En raison des différences culturelles, il est nécessaire de communiquer et d'ouvrir un dialogue social, afin d'éviter de créer un climat de suspicion. D'où la nécessité de mettre en place un système simple, structuré et surtout transparent auquel les salariés adhèreraient, sans pour autant que le système soit considéré comme contraire à l'esprit de l'entreprise ou imposé par la maison-mère. Le système doit être accepté non pas comme une police interne mais comme un moyen de protéger la liberté d'expression de tous.
Précautions à prendre
Sous réserve des recommandations qui seront finalement émises par la CNIL, certaines précautions simples et de bon sens décrites ci-après devraient permettre le fonctionnement des systèmes d'alertes dans les entreprises françaises.
Privilégier la confidentialité et bannir l'anonymat" |
Parcours
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Denise Broussal est associé et co-gérant de Baker & McKenzie SCP. Franco-américaine, elle est diplômée de la faculté de droit de Paris I - Panthéon-Sorbonne et de Boalt Hall School of Law, UC Berkeley, California. Après avoir consacré quelques années aux fusions-acquisitions, elle s'est spécialisée en droit social en conseillant notamment les grands groupes américains. |
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