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ECONOMIE
 
07/12/2005

Qui sont les champions... des aéroports européens

Si London Heathrow domine, Francfort et Paris rattrapent peu à peu leur retard en matière de trafic de passagers et de revenus connexes à l'aérien. Et leur principal avantage sur le britannique est le fret.
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1,8 milliard de personnes dans le monde utilisent chaque année les transports aériens, que ce soit pour raisons professionnelles ou pour leurs loisirs. Ce chiffre, en constante augmentation, devrait dépasser les 2,3 milliards d'ici 2010. Une croissance qui soulève de nombreuses problématiques pour les aéroports européens.

La première concerne la congestion de ces plates-formes. La Commission européenne a identifié une soixantaine d'aéroports qui sont déjà ou seront sous-dimensionnés d'ici quelques années. Parmi eux, une vingtaine, les plus importants, est menacée de huit à dix heures de congestion par jour d'ici 2025 si des efforts ne sont pas consentis au niveau des infrastructures.

Evolution du nombre de passagers qui ont transité par les
six premiers aéroports européens de 1996 à 2004
Source : Airport Council International (ACI)

Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessus, les six premiers aéroports européens connaissent une croissance relativement constante depuis une dizaine d'années. Le premier, London Heathrow, troisième aéroport au monde, a vu sa fréquentation augmenter de 20 % entre 1996 et 2004, selon les données récoltées par l'ACI Europe (Airport Council International). Celui de Francfort a vu le nombre de passagers s'accroître de près d'un tiers (+ 31,8 %) tandis que Paris Charles de Gaulle, nettement en retrait en 1996, fait maintenant jeu égal avec l'aéroport allemand. La fréquentation de l'aéroport de Roissy s'est en effet accrue de 59,7 % entre 1996 et 2004. Désormais, l'allemand et le français sont considérés respectivement comme les septième et huitième aéroports au monde. Mais la plus forte progression revient à celui de Madrid Barajas. Sur la période étudiée, il enregistre une hausse de fréquentation de 76,6 %. De 21,8 millions de passagers qui ont transité par la plate-forme en 1996, ils sont 38,5 millions en 2004.


La course à l'accroissement de capacité
Toutefois, ces progressions auraient sans doute pu être encore supérieures avec des infrastructures de plus grande capacité et modernisées. C'est ce qu'ont compris la plupart des grands aéroports
Les 10 premiers aéroports au monde
(en millions de passagers)
1. Atlanta (USA)
83,5
2. Chicago (USA)
75,3
3. London Heath. (UK)
67,3
4. Tokyo (JAP)
62,3
5. Los Angeles (USA)
60,7
6. Dallas (USA)
59,4
7. Francfort (ALL)
51,0
8. Paris CDG (FRA)
50,8
9. Amsterdam (NED)
42,5
10. Denver (USA)
42,3
Source : ACI, 2004
européens qui se sont lancés ces dernières années dans d'importants travaux d'agrandissement.

A Paris Charles de Gaulle, la mise en service de la nouvelle aérogare S4 est prévue pour 2014 et la rénovation du Terminal 1 est engagée depuis avril 2004. A Amsterdam, l'aéroport de Schiphol a enclenchée la construction d'une nouvelle jetée avec la possibilité d'y connecter sept avions. De son côté, l'aéroport de Francfort va se doter d'un troisième terminal pour un investissement de 3,4 milliards d'euros. Quant au londonien Heathrow, il projette d'investir près de 10 milliards d'euros sur les dix prochaines années pour moderniser et développer ses équipements. En outre, certains réfléchissent à la construction de nouvelles plates-formes. Ainsi, la France songe à se doter d'un troisième aéroport aux côtés de Roissy et Orly.

Des capacités accrues qui doivent aussi permettre l'atterrissage d'avions transportant toujours plus de passagers. La mise en service de l'Airbus A-380 n'est pas tant un défi lié au poids de l'appareil ou à la longueur des pistes qu'un challenge pour gérer le flux de passagers. L'objectif est de faire embarquer 800 passagers en 45 minutes, tout en gérant les contingents qui y sont liés (bagages, nourriture à bord, nettoyage des cabines, etc.). A Roissy, un investissement de 740 millions d'euros est prévu, à London Heathrow, des travaux de l'ordre de 640 millions euros ont été programmés.


Diversification des revenus : les britanniques en tête
Les aéroports européens s'efforcent de renforcer et compléter leurs revenus. Certes, les redevances aériennes (atterrissage, balisage et stationnement, passagers), les taxes d'aéroport affectées aux dépenses de sécurité et autres prestations et assistances représentent encore près de la moitié des revenus des principaux hubs européens. Toutefois, priorité est mise dans la diversification des revenus, notamment par le biais du développement de nouvelles activités commerciales. En la matière, le modèle à suivre est britannique. BAA, la société privée British Airport Authority qui gère sept des principaux aéroports outre-Manche, réalise 60 % de son chiffre d'affaires dans les activités non aériennes. Son secret : elle s'est dotée avant tout le monde d'un gigantesque mall commercial de 48.000 m². Une surface qui doit être complétée par l'ouverture du Terminal 5, prévue d'ici deux ans et demi et qui a été particulièrement pensé en termes d'activité commerciale.
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Le projet Aéroville à Roissy (Unibail)
Mais les autres aéroports européens ne sont pas en reste. Avec la privatisation d'Aéroports de Paris (ADP : Roissy, Orly et Le Bourget) prévue au début de l'année 2006, le groupe a élargi ses métiers et s'efforce de sortir de ses activités historiques. Au menu, centres commerciaux, parkings, parc immobilier, etc. ADP indique qu'en 2004, 53,1 % de son chiffre d'affaires était issu de manière directe ou indirecte de ses activités commerciales (location d'espaces aux boutiques, redevances hôtelières, revenus immobiliers...). Sur le seul aéroport Charles de Gaulle, le groupe prévoit de faire passer l'espace dédié aux boutiques à 50.000 m² d'ici 2008. Il a également signé un accord avec Unibail pour créer à proximité de Roissy d'ici 2012 un centre commercial géant, Aéroville, équivalent à la surface de 4 ou 5 hypermarchés. Un projet de 200 millions d'euros d'investissement pour le groupe immobilier.

Aéroports de Paris : répartition du chiffre d'affaires 2004
(1.821 millions d'euros) et variation 2003/2004
(source : ADP)

De même, à l'aéroport de Schiphol, 48 % du chiffre d'affaires 2004 (888 millions d'euros) sont issus des activités commerciales. En la matière, le moins bien loti est allemand. Sur les 1,9 milliard d'euros de chiffre d'affaires de Frankfurt Rhein-Main, seulement 20 % émanent d'activités non aériennes. L'aéroport ne possède que 23.000 m² de surfaces commerciales.


Fret : une longueur d'avance pour Francfort et Roissy
Outre le public, les aéroports réalisent également une partie de leur activité avec le fret, c'est-à-dire le transport de marchandises. A Roissy, le fret aérien représente 6,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, selon le Comité Interprofessionnel Fret des aéroports parisiens. De part sa très bonne situation géographique (deuxième plate-forme aéroportuaire et fluviale d'Europe, interconnexion avec le réseau TGV vers Londres et Bruxelles...), l'aéroport voit transiter chaque année 1,7 million de tonnes de fret. Mais c'est la plate-forme de Francfort qui est la plus performante en la matière avec plus de 1,8 million de tonnes de fret enregistrées en 2004. A titre de comparaison, London Heathrow est pénalisée par rapport à ses concurrents du continent. Bien que premier aéroport européen en nombre de passagers, il n'a vu transiter que 1,3 million de tonnes de fret en 2004, contre 1,4 million pour le hub d'Amsterdam.

100.000 €
C'est la valeur moyenne d'une tonne de fret
A l'instar de l'accroissement de capacité nécessité par le trafic de passagers, l'activité "cargo" des aéroports est elle aussi en constante augmentation et réclame de nouvelles infrastructures. En la matière, outre des efforts consentis par les hubs eux-mêmes, les grands groupes tels que DHL, UPS, Fedex, La Poste ou TNT investissent eux aussi dans des équipements lourds à proximité des zones d'atterrissage. En 1999, Fedex s'est implanté sur Roissy pour y développer son principal hub européen et a engagé un investissement de 200 millions d'euros. En outre, un projet de gare TGV Fret, pour renforcer l'attractivité du pôle parisien, est à l'étude.
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