29/03/2011 Cinq
conseils pour bien négocier son départ
| Licenciement,
démission ou rupture conventionnelle, il est toujours possible de négocier
avec son employeur. Les conseils d'un avocat spécialisé pour partir
dans les meilleures conditions. | Que vous soyez licencié ou que vous démissionniez
pour un autre emploi, un départ ça se prépare. Quand partir
? Que négocier ? Choisir le bon interlocuteur et calculer le montant d'une
indemnisation de départ... Les réponses de Philippe Ravizy, avocat
et fondateur de Ravizy & Associés, cabinet spécialisé
dans le droit du travail des cadres.
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Rupture
à l'amiable, conventionnelle ou transaction |
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Pour une rupture à l'amiable - vous demandez
à partir et l'employeur acquiesce - vous ne toucherez pas les Assedic.
Celles-ci n'indemnisent qu'en cas de rupture - involontaire de votre part - du
contrat de travail, pour raisons économiques, faute ou inaptitude médicalement
constatée. La demande de rupture à l'amiable est très rare
et il vaut mieux signer un accord ou une lettre.
La rupture
conventionnelle est une procédure qui permet à lemployeur
et au salarié de convenir en commun des conditions de la rupture
du contrat de travail qui les lie. La convention de rupture
définit les conditions de cette rupture, notamment le montant
de "indemnité
spécifique de rupture conventionnelle" qui sera versée
au salarié, montant ne peut pas être inférieur à celui de
l'indemnité
légale de licenciement prévue à larticle L. 1234-9
du Code du travail. Chaque parti dispose d'un délai
de rétractation. Ainsi, à compter de la date de signature
de la convention, lun et lautre dispose dun délai de 15
jours calendaires (tous les jours de la semaine sont comptabilisés)
pour exercer ce droit. Celui-ci est exercé sous la forme dune
lettre adressée par tout moyen attestant de sa date de réception
par lautre partie.
La
transaction est une négociation entre le salarié
sur le départ et l'employeur qui permet de réduire
le préavis - il est normalement de trois mois pour
les cadres - voire d'obtenir une indemnité de départ.
La transition entre deux emplois s'en trouve facilitée
et vous pouvez assurer vos arrières en cas de non
emploi suite à cette rupture. Sachez enfin que pour
négocier son départ, il faudra compter entre
15 jours et 18 mois.
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2 | Avec
qui et quand négocier | |
Il faut dans la mesure du possible inverser la pression, qui va le plus souvent
de l'employeur vers le salarié. Le bon moment pour négocier son
départ, c'est quand votre dossier fait ressortir une faute, quelque chose
qui est une contrainte pour vous ou votre travail et qui est du fait de votre
employeur.
Ne négociez pas directement avec votre chef de service"
Philippe Ravisy |
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"Si votre employeur vous annonce qu'il est inutile de prendre
un avocat parce que, de toute manière, il n'ira pas au delà d'une
certaine somme d'indemnisation (il est alors lui-même coaché par
son propre avocat), vous êtes quasiment certain de perdre quatre à
six mois d'indemnités si vous l'écoutez", prévient Me
Ravizy. Choisissez, dans ce cas, de prendre à votre tour un avocat pour
vous accompagner, spécialisé dans le droit du travail et qui n'a
pas d'intérêt dans la défense de l'employeur. Il négociera
directement avec celui de votre employeur. Cela offre finalement un certain confort
dû au secret professionnel et évite les confrontations. Enfin, ne
négociez pas directement avec votre chef de service. Il y a de fortes chances
pour qu'il soit mandaté par la DRH ou le patron et, en somme, n'ait aucun
pouvoir. | |
3 | Ne
pas jouer la victime | |
Il ne faut pas être en position de demandeur : votre employeur serait
en quelque sorte maître de la partie dans ce cas-là. "N'allez
pas le voir en disant que vous êtes prêt à partir contre un
chèque, insiste Philippe Ravizy. Vous donneriez une image négative
et vénale de vous-même."
Il ne faut pas davantage se montrer victime. L'employeur,
lui, n'avouera jamais qu'il pousse un de ses salariés
à partir, notamment en cas de mise
au placard. A l'annonce de votre départ, "ne
vous manifestez pas de manière outragée si vous
n'avez donné aucun signe désapprobateur auparavant
sur les problèmes que vous rencontrez avec votre employeur."
Par contre, il est utile d'amasser les éléments,
documents, preuves (notes, chronologie des faits, photocopies,
échanges...) pour argumenter lors d'une négociation.
En tout cas, ne pas y aller les mains vides.
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4 | Calculer
une indemnisation | |
Si vous avez trouvé un emploi ailleurs, normalement vous ne
pouvez pas prétendre à une indemnisation, sauf si vous avez de bonnes
raisons d'en faire la demande ou avez subi des pressions qui vous portent atteinte.
"Dans le cas d'une démission établie en termes circonstanciés,
vous pouvez saisir le conseil des prud'hommes pour rompre votre contrat de travail
et réclamer des dommages et intérêts. Ceci aura le même
effet que si vous étiez licencié, notamment si votre employeur laisse
se dégrader la situation. Cette demande, chiffrant le préjudice,
fixe une base de discussion avec l'entreprise qui voit ainsi le risque qu'elle
encourt." Attention, une faute grave vous retire votre droit à une
indemnité de licenciement et de préavis. Le préjudice
est chiffré en fonction de : - L'indemnité de retraite,
incomplète et inférieure à celle que vous auriez touchée
si vous étiez resté en poste. - L'indemnité chômage
qui est inférieure au salaire que vous auriez touché. - La
clause d'exclusion, en cas de licenciement, de votre assurance crédit dans
le cas où vous auriez fait l'acquisition d'un bien immobilier par exemple.
- Si vous avez plus de deux ans d'ancienneté dans une entreprise de plus
de dix personnes, en cas de perte d'emploi pour motif non réel ou sérieux,
l'employeur doit vous verser six mois de salaire brut minimum (Art. L122-14-4
du Code du travail). - Etc... | |
| Si votre
relève est déjà assurée, vous ne devriez pas avoir
de problème pour négocier un départ anticipé. La démission
d'un salarié s'accompagne souvent d'une perte de motivation, phénomène
qui peut se propager dans les équipes. Par contre, si personne ne vous
succède rapidement, proposez des solutions voire des candidats, ou bien
la formation de vos collègues, par vous-même si nécessaire.
Côté indemnités, normalement votre employeur doit vous
payer votre préavis s'il vous demande de l'écourter. La jurisprudence
indique que si la demande vient de vous, vous ne recevrez rien. Le montant de
l'indemnité peut être intégré dans la transaction,
ce qui permet à l'employeur de ne pas payer de charges sociales (uniquement
la CSG et CRDS). En cas de non exécution du préavis de votre part,
mieux vaut avoir un emploi rapidement car les Assedic ne vous prendront pas en
charge durant trois à six mois. En effet, votre lettre de licenciement
et vos feuilles de salaire attesteront de votre départ volontaire. |
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