17/05/2006
Gérer les personnalités difficiles en réunion
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Heureux sont ceux qui lors de l'animation d'une réunion n'ont jamais été dérangés par un ou plusieurs participants. Agressifs, faux experts, adeptes du mutisme... Voici les conseils pour gérer les profils les plus exaspérants. |
Pas toujours facile de piloter efficacement une réunion ou un entretien face à des personnalités déroutantes. Dans son livre Gérer les personnalités difficiles au travail, Sandrine Weisz a établi 22 profils. Voici ses conseils pour savoir réagir face à quelques cas courants, de l'agressif au muet, en passant par le faux expert, le conservateur ou l'accro du portable.
Mais avant d'intervenir, des précautions s'imposent. Tout d'abord, il faut savoir être opportuniste. Par exemple, deux bavards qui discutent à voix basse entre eux ne gênent pas forcément. Au contraire, ils se monopolisent l'un l'autre. Ensuite, s'il ne faut pas attendre le dernier moment pour recadrer une personne, ne vous précipitez pas non plus : vous risqueriez d'être grossier, maladroit et de réagir de manière excessive. D'autant que même si celui qui est visé ne se braque pas, ce sont tous les autres qui peuvent le faire dans une sorte de solidarité. Mieux vaut réagir à froid après avoir repris votre calme et préparé votre remarque. Enfin, il existe certaines limites liées à la culture de l'entreprise : ce qui se fait ou pas. Dans la grande distribution par exemple, les comportements y sont souvent plus entiers.
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L'agressif est une personne qui attaque et cherche le duel. Il n'attend de vous qu'une seule chose : que vous répliquiez de manière agressive. Au contraire, gardez votre calme et laissez-le s'exprimer jusqu'à retrouver son propre calme et sa capacité d'écoute, sans quoi vous ne réussirez pas à vous faire entendre. Vous pourrez alors reprendre calmement les propos de votre interlocuteur en ouvrant sur une solution. "Lorsqu'un agressif est piqué au vif, explique Sandrine Weisz, le plus difficile est de ne pas se laisser emporter quand on n'a plus le temps de réfléchir." Autre solution : la méta-communication. En clair, prenez de la hauteur et dites directement à votre interlocuteur que son comportement est gênant pour ouvrir sur une discussion, trouver les causes de ce comportement et la solution. "Souvent les gens ne se rendent pas compte de leur agressivité, prévient-elle.
Il est d'ailleurs important de se désensibiliser face aux personnalités difficiles car l'on n'est en général pas visé personnellement. Chacun joue un rôle et si une personne est agressive avec vous, elle doit l'être avec tout le monde."
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Parfois, il faut accepter que des gens ne parlent pas. Mais lorsque leur silence est un frein ou bien qu'il fait obstacle à la cohésion d'équipe, certaines astuces permettent de débloquer la situation.
Par exemple, à la fin de ce que vous avez à dire, tournez-vous vers "le muet" et regardez-le en silence pour l'inciter à parler. Pendant une réunion, vous pouvez également faire un faux tour de table en demandant à deux ou trois personnes leur avis dans le but en fait de recueillir celui du "muet". Pour ne pas le déstabiliser, posez une question facile tout en le regardant. Sur un autre plan, "on observe également que le fait de s'asseoir, après avoir parlé debout, ouvre un temps d'échange lors d'une réunion, note Sandrine Weisz.
A contrario, les bavards se taisent si l'on s'approche d'eux".
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L'expert fait peur, qu'il ait une réelle expertise ou pas. Dans ce dernier cas, c'est le fameux "monsieur je sais tout" parce qu'il a travaillé dans tel domaine ou avec telle personne, que sa femme travail ici ou là, etc.
"En général le faux expert est à l'aise à l'oral, mais attaquable sur ses sources", souligne Sandrine Weisz. Posez-lui la question "D'où tiens-tu exactement ton information ?". Poussez-le à s'expliquer et laissez-le s'embrouiller seul. Ayez une réaction objective mais dans laquelle vous ne vous mettez pas vous-même en avant : votre orgueil dans la poche, jouez les candides, faites comme si vous n'aviez pas compris.
Le faux expert est à l'aise à l'oral, mais attaquable sur ses sources"
Sandrine Weisz |
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Sandrine Weisz ajoute qu'il faut agir de même avec l'insinuateur. Ni factuel ni courageux, il n'hésite pas à dénigrer sans argument ce que vous avancez avec des "Ah oui, enfin bon...". Demandez-lui à quoi il fait référence. Dans le cas d'une attaque personnelle, vous n'êtes pas obligé d'accepter ce qui remet en cause votre intégrité : mettez alors un terme à l'entretien.
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Le "conservateur" est campé sur ses positions et a peur du changement, comme lorsque les salariés d'une entreprise doivent tout d'un coup se mettre aux nouvelles technologies ou à l'anglais... Dites-lui : "Je comprends que c'est difficile et qu'il faille faire des efforts" ou encore donnez-lui vos arguments en faveur de ce changement et expliquez-lui comment il va être accompagné et formé. Une personne du type "conservateur" dira rarement devant vous qu'elle a changé d'avis au risque de jouer les girouettes devant les autres. Alors n'en faites pas trop non plus. "Il faut savoir lâcher prise avec eux et ne pas attendre de changement immédiat", conseille Sandrine Weisz. Et dans le cadre des réunions avec tour de table, ne lui donnez pas la parole en premier, au risque d'influencer négativement les autres.
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Difficile d'être interrompu lors d'une réunion par les sonneries
intempestives de téléphones portables. La solution : instaurer
des règles du jeu. Pendant une réunion, le portable doit rester
éteint ou en mode vibreur, et les messages sont consultables à
la pause. "C'est un contrat moral qui est très souvent respecté
à partir du moment où tout le monde acquiesce, même du
bout des lèvres", remarque Sandrine Weisz. Si les règles
n'ont pas été établies, vous pouvez toujours utiliser
le langage non verbal : tout en parlant normalement, regarder la personne
droit dans les yeux. Elle culpabilisera et ne recommencera pas. D'un autre
côté, soyez diplomate. "Le téléphone portable
offre d'une certaine manière un don d'ubiquité, la possibilité
de se trouver à deux endroits à la fois. Une personne n'ayant
pas cette possibilité choisira peut-être de ne pas assister à
une réunion..."
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