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INTERVIEW
 
14/06/2006

Richard Descoings (Sciences Po)
"Après 35 ans, la fonction managériale prime sur le technique"

Généraliste, l'offre de l'IEP de Paris en matière de formation continue attire de plus en plus de cadres, du privé comme du public. Son directeur explique pourquoi.
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La renommée de Sciences Po pour la formation initiale qu'il dispense n'est plus à faire. Mais depuis plus de trente ans, l'Institut des Etudes Politiques (IEP) de Paris est aussi présent sur le créneau de la formation continue. Ces cinq dernières années, la demande, et donc l'offre, se sont fortement accentuées. Richard Descoings, son directeur, revient sur les spécificités de l'offre de formation tout au long de la vie que propose son établissement.


Quelle est votre offre en matière de formation pour cadres ?
Richard Descoings. Nous proposons tout d'abord sept Executive Masters en formation continue, validés par un diplôme. Ils portent sur des thèmes très différenciés : économie et finance, ressources humaines et sociologie de l'entreprise, santé et protection sociale... Nous proposons également des
 
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thèmes plus rares à destination des cadres gérants de maisons de retraite, sur la politique à l'égard des seniors dans notre société. Par ailleurs, nous répondons à la demande des entreprises en mettant en oeuvre des formations sur mesure. Nous accompagnons par exemple les cadres de deux groupes bancaires dans leur adaptation aux mutations du secteur. Nous avons aussi un catalogue de formations inter-entreprises très varié. Enfin, nous organisons des cycles de grandes conférences, les "Amphis 21", composées d'une dizaine de séances sur de grands sujets qui touchent les auditeurs en tant que citoyens plutôt que professionnels, comme par exemple "Europe-Etats-Unis : la dérive des continents ?" ou "Les inquiétudes de la société française à la veille des élections de 2007". Des formations courtes plus classiques, de un à cinq jours, sont aussi proposées dans des domaines comme la finance, l'audit, l'expression orale ou écrite...

Quel est le profil de votre public ?
Il s'agit de cadres supérieurs. Mais notre spécificité est de conjuguer public et privé. L'auditoire de nos formations est composé de cadres du privé mais aussi de cadres de la fonction publique, y compris territoriale et hospitalière, de membres du milieu associatif.


Avoir des compétences techniques mais sans avoir le terreau de la culture générale, ce n'est pas possible pour un cadre."

Quelles sont les spécificités des formations proposées par Sciences Po ? Comment vous positionnez-vous par rapport aux écoles de commerce en particulier ?
Avoir des compétences techniques mais sans avoir le terreau de la culture générale, ce n'est pas possible pour un cadre. Le "plus" de Sciences Po est de lui apporter cette culture générale. Les grandes entreprises qui font appel à nous nous le disent : le savoir-faire et la culture technique sont importants dans la première partie du déroulement de carrière d'un cadre, qu'il soit ingénieur ou gestionnaire. Mais à partir de 35 ans, pour évoluer, la fonction managériale prime sur le technique. Sciences Po permet d'acquérir ces capacités. Ces cadres disposent des outils pour prendre des décisions mais ces décisions doivent également prendre en compte des éléments indépendants de la rationalité économique. Ce sont ces éléments que peut apporter Sciences Po. Enfin, nos liens avec l'étranger nous permettent également de proposer des comparaisons internationales sur les sujets abordés lors de nos formations.

Selon vous, qu'a changé le DIF dans la formation pour cadres ?
On ne peut pas encore le savoir. La mise en application est trop récente. Nous
Site
La formation continue à Sciences Po
allons tout d'abord mener l'expérience en interne : à partir de septembre, nous proposerons une partie de notre catalogue de formations à nos 700 salariés. Nous allons observer les différentes questions liées à la mise en place du DIF, comme celle de la formation pendant ou en dehors du temps de travail, ou celle du cumul des droits acquis.

Que conseilleriez-vous à un cadre qui souhaite recevoir une formation complémentaire ?
Je lui conseillerais de commencer par un bilan de compétences. Il doit prendre conscience que le fait de suivre une formation ne va pas être accompagné d'une baisse de sa charge de travail. Son activité va donc s'en trouver densifiée. Il doit
La formation continue à Sciences Po en chiffres

Chiffre d'affaires : 5,2 millions d'euros (formations diplômantes : 25 % du total)
Nombre de formations : près de 300 séminaires, 7 Executive Masters
Public : plus de 5.000 cadres issus de 1.700 entreprises et organismes
Nombre d'intervenants : 1.400 intervenants

également se poser la question de ses aspirations professionnelles. A partir de 35 ans, il est indispensable de se former de nouveau. La formation initiale n'est utile que les dix premières années de sa carrière. La vitesse d'obsolescence des connaissances et celle de la mutation de l'entreprise augmentent. Bien sûr, le cadre se forme tous les jours sur le terrain avec le risque d'avoir " le nez sur le guidon ", et de ne pas prendre la distance critique nécessaire. De plus, de par le système français des Grandes Ecoles, on croit beaucoup au savoir et aux compétences techniques, et on oublie le quotient émotionnel dans l'exercice des fonctions managériales, celui qui permet de comprendre ses collaborateurs et de se comprendre soi-même. La gestion d'équipe et le leadership ne sont pas des compétences innées. Elles dépassent l'intuition. Enfin, le cadre de plus de 50 ans doit utiliser son temps de formation pour organiser la dernière partie de sa vie professionnelle mais aussi pour préparer sa retraite.


Parcours

Diplômé de Sciences Po en 1980, il sort de l'ENA en 1985 (promotion Léonard de Vinci) et intègre le Conseil d'Etat. Dès 1989, il devient directeur adjoint de l'IEP Paris. De 1991 à 1993, il rejoint successivement les cabinets des ministres du Budget et de l'Education nationale. Jusqu'en 1996, il est Commissaire du gouvernement au Conseil d'Etat. Depuis cette date, il est directeur de l'IEP Paris et administrateur de la Fondation Nationale des Sciences Politiques.

 


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