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ENTREPRISE
 
26/07/2006

Yvon Gattaz (ancien président du CNPF)
"Il reste un immense champ d'innovations à détecter et à exploiter"

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Président du patronat français à l'heure des nationalisations et de la mise en place de l'ISFsous le premier mandat de François Mitterrand, Yvon Gattaz s'est toujours posé en défenseur des intérêts des entreprises, tout particulièrement celles de taille moyenne (voir biographie). "Mes vies d'entrepreneur", son dernier ouvrage à dominante autobiographique, vient de paraître chez Fayard. Expériences du passé, débats d'actualité et conseils d'entrepreneur : Yvon Gattaz a répondu aux questions posées par les lecteurs du Journal du Management lors d'un chat.


Pourquoi "Mes vies d'entrepreneur" au pluriel ? Je crois que vous n'avez créé qu'une entreprise...
Yvon Gattaz. Il est vrai que j'ai créé l'entreprise Radiall en 1952 avec mon frère Lucien, mais depuis cette date, j'ai créé de nombreuses associations d'entreprises telles que Ethic, Gecir, Comex93 (Comité d'expansion de Seine Saint-Denis), Jeunesse et Entreprises, Association des moyennes entreprises patrimoniales (Asmep). Il s'agit bien de créations multiples dans le domaine de l'économie et des entreprises. Voilà pourquoi mon éditeur, Fayard, avait pensé comme moi que mes expériences dans le domaine de la création pouvaient s'appeler "mes vies d'entrepreneurs", ce qui en plus était un titre plus attractif que "une vie d'entrepreneur", tant mes expériences ont été multiples et enrichissantes dans ce domaine. Le but du livre est surtout de montrer des exemples aux jeunes. Ce livre aurait pu s'intituler : "Citer pour susciter", gattazisme que nous utilisons beaucoup à l'association Jeunesse et Entreprises, car les jeunes sont particulièrement sensibles aux vertus irremplaçables de l'exemplarité.

Comment expliquez-vous qu'un patron de PME devienne un beau jour président du CNPF ?
On sait que je n'aime pas beaucoup le sigle, sympathique mais fourre-tout, de "PME" car il mélange deux catégories bien distinctes d'entreprises : les petites entreprises "PE" et les moyennes entreprises "ME". Il est exact que Radiall a d'abord été une TPE ("toute petite entreprise") lors de sa création, est devenue une PE puis, grâce à son développement et à ses innovations, une véritable ME, aujourd'hui définie comme la catégorie des entreprises employant de 100 à 3.000 personnes. J'étais donc patron d'une ME en 1981 lorsqu'on m'a demandé de me présenter à la présidence du CNPF et que j'ai été élu.

En effet, l'époque était particulièrement difficile pour l'économie et les entreprises, compte tenu de l'arrivée d'un gouvernement socialo-communiste qui souhaitait mettre en oeuvre le fameux "programme commun". Les entreprises étaient, il faut le dire, terrorisées, et le CNPF a cherché un entrepreneur qui avait créé son entreprise, qui était performant et qui, surtout, ne s'était jamais impliqué dans la politique politicienne. C'est sans doute ces caractéristiques qui m'ont permis d'établir un dialogue permanent avec le président Mitterrand, son gouvernement et le Parlement. Et de sauver les meubles des entreprises pendant cette période.

Les dirigeants de PME ne sont pas nombreux à la tête du patronat français. Vous êtes un peu une exception. Pensez-vous que ce soit dommage ?
Je pense que les véritables "entrepreneurs", c'est à dire ceux qui ont créé des entreprises ou qui dirigent des entreprises dans lesquelles ils ont pu acquérir une part du capital, seront de plus en plus nombreux au Medef, ce qui n'exclut pas la présence de managers de GE (grandes entreprises), souvent de talent. La confrontation des quatre tailles d'entreprises, TPE, PE, ME, GE, est très enrichissante pour une association professionnelle qui souhaite représenter toutes les entreprises françaises.

Comment avez-vous vécu votre expérience de président du CNPF dans le contexte anti-patronat qui régnait alors ? Auriez-vous préféré un mandat sous un gouvernement pro entreprise ?
Les généraux dont on se souvient le plus sont les généraux de guerre et non les généraux de paix. Il est vrai que j'ai présidé les entreprises françaises dans une période particulièrement difficile, mais passionnante, car les menaces étaient immenses et les enjeux de mon action également. Il est fort intéressant d'initier à l'économie et à l'entreprise des dirigeants politiques qui les connaissent peu et même parfois pas du tout. Je me suis donc transformé en instructeur, avec des résultats je pense honorables. Les premières mesures conservatoires ont été acquises plus tôt qu'on ne le croit : dès avril 1982, ce qui a prouvé une évolution rapide des dirigeants politiques de l'époque. Les principales dispositions du 16 avril 1982 étaient une prise en charge partielle de la taxe professionnelle par le budget de l'Etat, l'arrêt de l'augmentation des charges des entreprises, l'arrêt de la diminution du temps de travail légal au-dessous de 39 heures, etc…

Ancien président du CNPF, comment percevez-vous le Medef d'aujourd'hui, le Medef mené par Madame Parisot ? Peut-on envisager un retour de l'esprit d'entreprise en France par les femmes ?
Je suis heureux que le Medef soit présidé par un entrepreneur, et mieux, par une entrepreneuse. Je suis persuadé que cette expérience se reproduira dans l'avenir. Il est certain qu'un entrepreneur est plus apte à faire passer l'esprit d'entreprise, en particulier auprès des jeunes, qu'un manager de GE, même de talent. On peut constater que Laurence Parisot est très bien acceptée par les quatre catégories d'entreprises françaises qui la reconnaissent comme leur présidente incontestée. Et je suis optimiste sur les mesures qu'elle prendra et les résultats qu'elle obtiendra.


Le CNPF cherchait un entrepreneur qui ne s'était jamais impliqué dans la politique politicienne."

En ce qui concerne l'accession des femmes à des postes de premier rang, je pense que les préjugés d'antan ont disparu. On n'entend plus dire aujourd'hui que les femmes sont des fleurs, qui contrairement aux edelweiss, craignent l'altitude. Il n'y a plus ce fameux plafond de verre dont on a tant parlé et on voit aujourd'hui avec bonheur des femmes accéder aux plus hauts postes, aussi bien dans les entreprises que dans la politique. Elles réussissent parfaitement... et je m'en réjouis.

Est-ce que vous pensez qu'il est plus dur de créer une entreprise aujourd'hui quand on est jeune, que dans les années 50 comme vous ?
Je ne le pense pas. Les difficultés sont différentes mais ne sont pas supérieures. Les créneaux produits - marchés que nous avons trouvés à l'époque sont effectivement saturés, mais comme l'a dit Jean-Baptiste Say, les débouchés sont et seront infinis. Aujourd'hui ils sont innombrables et beaucoup plus nombreux qu'il y a 50 ans, ne serait-ce que dans les TIC. Bien sûr, la découverte de projets innovants reste le secret stratégique de l'entrepreneur lui-même. Il n'existe aucun glossaire ni aucune banque de données utiles dans ce domaine. Mais comme pour les champignons, cherchez, cherchez encore, cherchez toujours... et vous trouverez. Bonne chance ! A propos des pseudo difficultés administratives qui existent bien, il est vrai, je me réjouis que ceux qui n'arrivent pas à les franchir ne créent pas d'entreprise eux-mêmes, car ils seraient conduits inéluctablement à l'échec !

Estimez-vous que la politique menée par la France favorise, tolère ou freine l'esprit d'entreprise ?
Il est évident que la majorité des Français a pris conscience de l'importance de l'esprit d'entreprise chez nos jeunes, et il en est de même pour nos dirigeants politiques. Nos gouvernements récents ont pris des mesures d'incitation ou de facilitation importantes dans ce domaine et si tout n'est pas parfait en France aujourd'hui, je suis persuadé que nous progressons dans la bonne direction et que l'esprit d'entreprise va jaillir de plus en plus sur tout le territoire de la part d'entrepreneurs de plus en plus jeunes, car l'expérience est inutile dans ce domaine : notre dotation génétique de goût du risque descend perpétuellement sans jamais remonter "l'escalier du risque" et il faut partir de la marche la plus haute possible sans attendre trop d'expérience, trop de diplômes, trop de belles situations et même trop d'enfants !

J'ai une formation d'ingénieur comme vous et j'aimerais bien monter ma boîte mais je ne suis pas sûr d'avoir les compétences nécessaires en gestion. Faut-il que je fasse une formation ou que je me fasse aider ?
Nul n'est parfait et aucun chef d'entreprise créateur n'a toutes les qualités. Il peut acquérir des formations complémentaires, en particulier en gestion, ce qui peut être important mais non obligatoire, car beaucoup de nos meilleurs chefs d'entreprises se sont eux-mêmes formés sur le tas, car ils doivent être de perpétuels étudiants avides d'apprendre. D'autre part, ils doivent se faire épauler par des talents complémentaires des leurs et constituer une équipe pluridisciplinaire. C'est un des secrets majeurs de l'entreprise performante. Pédéger, c'est déléguer (gattazisme bien connu).

Que pensiez-vous du CPE ?
Le CPE a sans doute été mal présenté et mal préparé, mais l'intention de flexibilité, de mobilité et d'adaptabilité des emplois des jeunes me semble importante. Nos jeunes doivent s'habituer à ces mutations que la vie économique moderne leur imposera et ils peuvent profiter de ces occasions pour faire des expériences nouvelles et acquérir des compétences nouvelles. La mobilité, loin d'être un handicap, puisqu'on l'a baptisée précarité, peut être un atout majeur dans le développement d'une carrière.

Que pensez-vous de ce que l'on appelle "le patriotisme économique" ?
L'intention est fort louable et flatte notre nationalisme français que nous portons tous dans le cœur. Mais il ne faut pas abuser des meilleures intentions, qui peuvent devenir des freins. On ne peut pas, au nom du patriotisme économique, empêcher les transferts de capitaux et les modifications des structures d'entreprise en fonction des marchés et des aléas de l'économie.


Il faut être prudent dans les incitations à exporter lorsqu'une entreprise est réellement petite."

Est-ce que le mouvement Ethic, que vous avez créé en 1975, existe toujours ? Quel est son but ?
Je souhaitais, à cette époque, avec 25 chefs d'entreprises moyennes performantes, donner à l'entreprise une morale bien nécessaire dans les affaires, favoriser la création d'entreprises nouvelles à partir de zéro par des jeunes, développer une "stratégie humaine" dans l'entreprise par un climat de confiance et de convivialité, et enfin, réhabiliter dans l'esprit de nos concitoyens, l'image même de l'entreprise, souvent écornée. Ces quatre buts ont été partiellement atteints, et le mouvement Ethic a su se pérenniser avec dynamisme et efficacité. Et aujourd'hui, grâce à une présidente particulièrement tonique, il réalise beaucoup d'actions allant dans les quatre directions ci-dessus, avec des résultats qui méritent d'être salués.

Etes-vous favorable à un statut spécifique aux PME, à l'image du Small Business Act américain ?
Le Small Business Act est souvent très mal connu en Europe, et particulièrement en France. Il s'adresse en particulier aux PE, small businesses, et non pas aux medium size companies, fort différentes, que nous avons depuis 1936 mélangées sans nuance dans les sigles PMI ou PME. En ce qui concerne les PE, elles méritent effectivement une attention particulière, compte tenu de leur fragilité financière, et elles ne doivent pas être simplement considérées comme les sous-traitantes des ME ou des GE. En revanche, on a souvent tort de vouloir les pousser dans des directions pour lesquelles elles ne sont pas préparées compte tenu de leur taille, et il faut être prudent dans les incitations à exporter lorsqu'une entreprise est réellement petite et n'a pas de cadre multilingue.

Selon vous, quels sont les grands sujets dont le Medef devrait s'emparer sans attendre ?
Contrairement à ce que l'on a cru pendant fort longtemps, le Medef n'a pas qu'un seul rôle de dialogue social, mais il a une infinité de responsabilités économiques, ce que j'ai tenté de démontrer moi-même de 1981 à 1986. La structure actuelle du Medef est fort diversifiée et s'intéresse à tous les aspects de l'entreprise, ce qui est, je le reconnais, immense et difficile à atteindre. Mais il n'est pas anormal de prendre tous les sujets en main quand on représente l'ensemble des entreprises françaises.

Pourquoi n'avez-vous pas travaillé dans une grande entreprise ? Cela ne correspondait pas à votre manière de travailler ou à votre caractère ?
Contrairement à ce que vous croyez, j'ai commencé ma carrière dans une très grande entreprise, Citroën, où j'ai appris énormément de choses, et cette expérience d'une GE innovatrice et magnifiquement organisée m'a été très utile pour créer une TPE à partir de zéro avec mon frère dans le domaine des composants électroniques. Je suis donc un des rares ingénieurs français à avoir travaillé dans les quatre catégories d'entreprises, dans un ordre un peu surprenant: GE, puis TPE, puis PE, puis ME. Et je peux attester que j'ai trouvé dans chacune de ces catégories d'immenses satisfactions, même si les structures sont fort différentes. Mais je peux témoigner que partout, l'esprit d'entreprise peut souffler, même dans les GE bien organisées.

Y a-t-il des exemples d'initiatives, d'entreprises ou d'entrepreneurs qui vous semblent plus prometteurs que d'autres ?
Le secret de l'entreprise naissante (car il y a un secret), c'est bien la découverte si difficile du créneau produit - marché porteur, comme l'affirmait mon ami Octave Gélinier. Il est évident que la découverte de ce marché conditionne le succès de l'entreprise et ce succès risque d'être d'autant plus grand que le projet sera plus innovant, et même parfois surprenant ou farfelu. Aucun adulte, même expérimenté comme les chefs d'entreprise eux-mêmes, ne peut conseiller un jeune créateur sur ce créneau innovant, qui reste son secret. C'est pourquoi je conseille aux jeunes en mal de création de garder leur secret pour eux et de ne pas trop le diffuser pour ne pas être copiés. Il reste un immense champ d'innovations à détecter et à exploiter. Et nos jeunes créateurs ne manqueront pas de terrain d'expérimentation. Si par hasard ils font fausse route, ils sauront tirer parti de leurs erreurs, qui constituent souvent une expérience irremplaçable pour les esprits forts.


Le secret de l'entreprise naissante, c'est la découverte si difficile du créneau produit - marché porteur."

Existe-t-il des plates-formes de mise en relation entre les profils d'entrepreneurs ingénieurs et les profils d'entrepreneurs commerciaux ?
Je ne les connais pas, mais j'ai tenté moi-même, à plusieurs reprises, de rapprocher les écoles commerciales et les écoles scientifiques, avec un succès variable. Il faut que chaque candidat créateur prenne lui-même des initiatives dans ce sens : s'il est ingénieur, qu'il prospecte les écoles de commerce ou de gestion et réciproquement. Il s'est constitué ainsi d'innombrables associations de créateurs qui représentent une catégorie importante des entreprises dites "patrimoniales", celles des associés non parents, par opposition au family business cher aux Américains.

Quelle opinion avez-vous sur les stock-options, distribuées à profusion aux grands patrons ?
Les stock-options sont bien nécessaires pour les start-up innovantes, car elles permettent d'impliquer des innovateurs de talent dans les résultats mêmes de l'entreprise. En revanche, elles ont sans doute été abusivement utilisées dans les très grands groupes internationaux pour constituer des suppléments himalayens de salaires. Un code de déontologie entrepreneuriale reste à créer dans ce domaine, comme nous avions tenté de le faire au mouvement Ethic, en préconisant une marge maximale d'écart entre chaque échelon hiérarchique, tout comme l'avis préconisé JP Morgan lui-même lorsqu'il avait créé sa banque, en imposant que le salaire du dirigeant ne dépasse pas 30 fois le salaire moyen des employés. Les coefficients actuels entre le bas et le sommet de la pyramide donnent le vertige et méritent quelque médication. Les statistiques prouvent que dans les entreprises patrimoniales, les salaires des dirigeants sont sensiblement plus faibles que ceux des managers de GETA ("grandes entreprises très anonymes"...).

Dans vos différentes vies d'entrepreneur, quelle est celle que vous préférez et pourquoi ?
Lorsqu'on a créé une entreprise à partir de zéro et qu'elle s'est développée pour devenir innovatrice, exportatrice et employeuse, on est indéfectiblement attaché à son enfant. Aujourd'hui, Radiall est très efficacement dirigée par mon fils Pierre, également ingénieur, qui a su lui donner une dimension internationale majeure. Bien que je ne la dirige plus moi-même, et que je ne sois plus que président du conseil de surveillance, je peux suivre de près son évolution et me réjouir de son succès. J'ajouterais cependant que les nombreuses associations que j'ai créées m'ont donné et me donnent encore d'immenses satisfactions, comme l'association Jeunesse et Entreprise, qui a trois axes - information, formation et insertion des jeunes - et l'association des moyennes entreprises patrimoniales Asmep, qui joue un rôle important pour la pérennité des entreprises françaises et la pérennité de leurs emplois.



Parcours

Yvon Gattaz, diplômé de l'Ecole Centrale de Paris, se lance dans l'aventure de la création d'entreprise dès l'âge de 27 ans et fonde avec son frère, en 1952, la société Radiall, PME spécialisée dans la production de connecteurs coaxiaux pour l'électronique dont il est toujours président du conseil de surveillance. Mais il s'intéresse aussi à la promotion de l'entreprenariat français dans son ensemble. En 1969, il publie "Les hommes en gris" (Robert Laffont), qui tire un signal d'alarme sur la démographie des entreprises française. En 1975, il fonde le mouvement Ethic (Entreprises de taille humaine industrielles et commerciales).

Membre du comité exécutif du CNPF (devenu Medef en 1998), il en prend la présidence en 1981 après l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand. Il assumera ce rôle jusqu'en 1986, six années de bras de fer avec un gouvernement de gauche qui instaure les 39 heures, l'ISF et lance la vague des nationalisations.

En 1986, il crée l'association Jeunesse et entreprises pour rapprocher les jeunes générations de l'entreprenariat. En 1995, il se lance dans la défense des moyennes entreprises patrimoniales en créant l'Asmep. Entre temps, il avait rejoint l'Académie des Sciences morales et politiques (1989). En 2006, il publie ses mémoires de chef d'entreprise, "Mes vies d'entrepreneur" (Fayard). Il est également l'auteur de "La fin des patrons" et "Les patrons reviennent" (Robert Laffont), "Le modèle français" (Plon), "Mitterrand et les patrons 1981-1986" et "La moyenne entreprise, championne de la croissance durable" (Fayard).



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