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ENTREPRISE
 
20/09/2006

Apprendre à cerner l'autre

Savoir très rapidement à qui on a affaire pour choisir le ton et les arguments qui feront mouche, c'est ce que permet la Process Com. Explications avec un spécialiste de la question.
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La Process Com, méthode d'analyse des personnalités établie par Taibi Kahler dans les années 1970, distingue six types de personnalité : l'empathique, le rebelle, travaillomane, le persévérant, le rêveur et le promoteur. Le principe est que chacun possède l'ensemble de ces personnalités, l'une d'elle dominant les autres. Pour communiquer, il est préférable d'activer le même type de personnalité que son interlocuteur. Voici, avec Dominique Rondot, auteur de "Négocier avec la Process Com", comment appliquer ce modèle aux échanges professionnels.

 

1
 L'empathique : compatissant, sensible et chaleureux

Le reconnaître

"L'empathique se repère immédiatement à sa façon de prendre contact. Il viendra spontanément vers vous, se montrera chaleureux, à l'écoute, souriant, proche, voire tactile", explique Dominique Rondot. Il se montrera également soucieux de votre confort. Une phrase typique de ce profil : "J'aimerais vous poser une petite question", avec un verbe au conditionnel et une légère dévalorisation.

 

Lors d'un échange, s'il est un peu stressé, l'empathique pourra faire passer les besoins de l'autre en priorité. Il pourra aussi manquer de fermeté et ne pas dire si une situation ne lui convient pas. "Et il est, plus qu'un autre, sujet aux grosses bourdes", prévient Dominique Rondot.

 

Interagir avec lui

Pour stimuler l'attention d'un empathique, il faut choisir un mode de communication proche du sien, chaleureux et bienveillant, et veiller à l'agréabilité de son environnement. "Son manager, s'il a des choses un peu dures à lui dire, doit prendre beaucoup de précautions et l'aider à faire la différence entre le problème et la personne. Il évitera d'être froid et accordera de l'importance aux sentiments de l'empathique." Plus largement, hors situation difficile, le manager d'un empathique ne doit pas hésiter à sortir du plan professionnel et à parler famille ou loisirs.

 
2
 Le rebelle : spontané, créatif et ludique

Le reconnaître

"Deux dimensions caractérisent le rebelle : le ludique et le créatif, dans des proportions variables, remarque Dominique Rondot. Très réactif, il répond du tac au tac. Pour être sûr d'avoir affaire à ce type de personnalité, on peut le tester avec une pointe d'humour." S'il est sous pression, le rebelle aura tendance à ronchonner et à provoquer son interlocuteur.

 

Le manager du rebelle aura tout intérêt à utiliser ses ressources créatives."

Dominique Rondot

On le reconnaît notamment dans les situations de stress car il a tendance à "décrocher" : tout lui paraît compliqué et ennuyeux. Il risque de rejeter la responsabilité sur les autres, moyennant une bonne dose de mauvaise foi.

 

 

Interagir avec lui

Son manager aura tout intérêt à utiliser ses ressources créatives. Le rebelle aime communiquer sur un mode ludique et apprécie d'être sans cesse stimulé par son entourage. Pour gérer ce type de personnalité, le mieux est de l'"accrocher" par le biais d'un mode de communication énergique, mais surtout réactif. Et si vous l'avez "perdu", "récupérez-le" par le jeu ou le rire.

 
3
 Le travaillomane : logique, responsable et organisé

Le reconnaître

Pour Dominique Rondot, "le travaillomane est le genre de personne à avoir dans la tête une petite voix qui lui dit : "Tu dois être parfait". Y compris dans son apparence." Il fonctionne par étape et ne viendra pas à une réunion si l'ordre du jour n'est pas planifié. On le reconnaît notamment à ce qu'il pose beaucoup de questions. Lui-même a d'ailleurs tendance, en particulier lorsqu'il est sous pression, à surdétailler son propos, pensant ainsi le clarifier. Eventuellement, en cas de stress, il pourra même reprendre à sa charge ce qu'il avait délégué, de façon à étendre son contrôle aux plus petits détails.

 

Interagir avec lui

Vous aiguiserez son intérêt en communiquant de manière très factuelle. Pour vos échanges, privilégiez les questions-réponses. Parlez échéances, avancement et démontrez ce que vous avancez au moyen de références très concrètes. Dominique Rondot note par exemple : "En entretien avec un travaillomane, il ne faut pas partir dans tous les sens, mais lui fournir la structure dont il a besoin. Ce type de personnalité a également besoin de se sentir reconnu pour son travail et ses compétences."

 
4
 Le persévérant : dévoué, observateur et consciencieux

Le reconnaître

"Assez proche du travaillomane, le persévérant a cependant une autre petite voix dans la tête qui, elle, lui chuchote : "Les autres sont-ils dignes de confiance ?" Très centré sur ses opinions, il donnera rapidement son avis sur tout", explique notre expert. Sa conscience professionnelle et son sens aigu du dévouement guident le comportement du persévérant. Il se montrera ainsi particulièrement tenace pour respecter un engagement, un principe ou un idéal.

 

Le persévérant a du mal à accorder sa confiance, donc soyez honnête."

Dominique Rondot

Sous tension, il tendra à commencer par relever ce qui ne va pas chez les autres et chercher à imposer son point de vue. Si vous êtes en face de lui à ce moment là, ne vous braquez pas. Travaillez plutôt à ce qu'il regagne confiance en vous, avant de poursuivre.

 

 

Interagir avec lui

Le persévérant sera plus efficace s'il se sent reconnu pour ses convictions. "Vous l'y encouragerez donc en vous y montrant sensible. Sollicitez fréquemment son avis. Et surtout, évitez de lui promettre quelque chose pour ne pas le respecter ensuite… Il a du mal à accorder sa confiance, donc soyez honnête", recommande Dominique Rondot. Pour développer la motivation d'un collaborateur, on admet généralement qu'il lui faut adhérer aux valeurs de l'entreprise. C'est encore plus vrai pour un persévérant.

 

Comme le travaillomane, le persévérant a un faible pour les informations factuelles. C'est donc aussi dans des échanges sous forme de questions-réponses qu'il sera le plus à l'aise pour communiquer avec vous.

 
5
 Le rêveur : imaginatif, calme et introspectif

Le reconnaître

Dominique Rondot est formel : "Le rêveur ne viendra pas spontanément vers vous. Par exemple, il frappera avant d'entrer même si la porte est ouverte. Ce n'est pas quelqu'un de contact, il est plutôt distant." Il donne parfois le sentiment d'être ailleurs quand on lui parle. Le rêveur est très introspectif, ce qui fait de lui un très bon observateur de son entourage. Il n'est pas dans l'émotion ou dans l'affectif et se montre d'humeur égale. Plus il est sous stress, plus il se retire dans son monde. Dominique Rondot note enfin que : "Les rêveurs savent très bien gérer les silences : leurs interlocuteurs reprendront souvent la parole avant lui. Très utile en négociation !"

 

Interagir avec lui

A lire

"Négocier avec la Process Com" de Dominique Rondot (Dunod, 2006)
>>> Consulter les librairies

Mieux vaut lui ménager un espace de travail où il peut s'isoler, plutôt que de lui imposer un open space. C'est nécessaire pour qu'il retrouve son efficacité. Il se montrera alors imaginatif et saura explorer avec talent toutes les hypothèses ou les options qui s'offrent.

 

Par ailleurs, si vous avez besoin de vous entretenir avec un rêveur, choisissez plutôt le matin. En fin de journée, il risque d'être déjà en saturation de communication. Enfin, il est important de s'adresser à lui de façon assez directive, avec des impératifs : "Fais ceci, fais cela, et donne-moi tes conclusions pour telle date."

 
6
  Le promoteur : adaptable, charmeur et plein de ressources

Le reconnaître

Pour Dominique Rondot, "le promoteur est avant tout stimulé par le challenge. Ce qui le fait vivre, c'est la prise de risque. Et réfléchir des heures autour d'une table, ce n'est pas son truc." Effectivement, dans un échange, les promoteurs sont les premiers à s'impatienter. Par ailleurs, ils communiquent le plus souvent de façon très directe. Cette façon de s'exprimer, alliée à leur sens du compliment, fait d'eux de véritables charmeurs, très persuasifs.

 

En situation de stress, ces personnalités centrées sur l'action auront tendance à prendre de plus en plus de risques, jusqu'à flirter avec la limite des règles et des procédures ou à manipuler leur entourage.

 

Une bonne façon de manager un promoteur est de lui dire : "Voilà les objectifs, tu as carte blanche." Il foncera."

Dominique Rondot

Interagir avec lui

"Une bonne façon de manager un promoteur est de lui dire : "Voilà les objectifs, tu as carte blanche." Il foncera. Mais si vous essayez de trop le contrôler, il détestera ça", prévient Dominique Rondot. Pour le faire travailler efficacement, il faut donc lui choisir une mission où il trouvera l'excitation qui le fait avancer. Notre expert précise même : "C'est quelqu'un qui supporte bien les coups, il n'est pas rancunier. Ne pas hésiter, donc, à lui dire clairement les choses et à se montrer directif."


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