Journal du Net > Management >  Jean-Marie Bouckaert (3 Suisses)
CARRIERE
 
04/10/2006

Jean-Marie Bouckaert (3 Suisses)
"Un dirigeant doit donner du sens à l'action"

Après avoir relevé Unigro et Blanche Porte, Jean-Marie Bouckaert a pris la direction du vépéciste 3 Suisses il y a un peu moins d'un an. Rencontre avec un homme d'expérience que le challenge séduit.
  Envoyer Imprimer  

Du dynamisme, Jean-Marie Bouckaert n'en manque pas. Après avoir relevé Unigro et Blanche Porte pour le groupe 3 Suisses International, il prend en charge la réorganisation des 3 Suisses et le recentrage de l'offre autour d'Internet. Rencontre avec celui qui se définit, avant tout, comme un passionné.

 

 

Vous travaillez depuis 25 ans dans le groupe 3 Suisses International. Pourquoi un tel attachement ?
Jean-Marie Bouckaert. Avant de faire de la vente à distance, j'ai débuté ma carrière chez Henkel dans le marketing classique. J'ai fait un peu de vente, j'ai été assistant chef de produit puis chef de produit. Ensuite, j'ai eu l'opportunité de rentrer dans le groupe 3 Suisses et je trouvais qu'avoir une expérience de marketing direct était assez complémentaire. Et une fois qu'on y a goûté, ça ne nous lâche plus. On ne peut pas dire que c'était une vocation mais une fois dans le groupe et ses rouages, je n'ai plus eu envie de partir.

 


On peut faire faire à l'ensemble du personnel beaucoup de choses pour autant qu'on lui dise pourquoi."

Vous avez dirigé plusieurs entreprises du même groupe, que cela vous a t-il apporté ?
Au début j'étais patron d'Unigro en Belgique, soit 250 personnes. Ensuite il y a eu la Blanche-Porte, 1.100 personnes, et maintenant les 3 Suisses et ses 3.400 salariés. Cela ne se dirige pas tout à fait de la même façon. Chaque entreprise a ses spécificités, son histoire et ses modes de fonctionnement auxquels il faut s'adapter. Autant sur les petites entreprises on peut agir et voir tout de suite bouger les choses, autant sur les grandes entreprises il faut utiliser l'ensemble de la chaîne. On ne dirige pas tout directement donc il faut travailler plus en influences. Il faut avoir un peu plus de patience…ce qui n'est pas ma plus grande qualité !

 

Comment définiriez-vous votre style de management ?
J'ai un mode de management qui privilégie l'action, je suis quelqu'un qui va sur le terrain. Il me faut un minimum de concret. Pour résumer, j'aurais tendance à dire que ma méthode c'est action puis réaction : "je réfléchis, j'agis", en boucle.

Une de mes caractéristiques c'est aussi le travail en équipe. Il est important de s'entourer de collaborateurs qui, chacun dans leur domaine, sont bien meilleurs que soi. Le contact avec l'ensemble des salariés est quelque chose que j'apprécie beaucoup. Je pouvais le faire très facilement dans les petites structures mais chez 3 Suisses, cela prend plus de temps.

 

J'ai aussi une règle, selon laquelle l'être humain a tendance à faire naturellement au plus simple. Souvent, nous, managers, en réfléchissant à la place des gens, on leur complique la vie. J'essaie donc de laisser faire mes collaborateurs. Je leur donne des axes et des objectifs et après je les laisse s'organiser et prendre leurs responsabilités. J'ai constaté que cela marche très bien. En outre, je suis toujours ouvert à la critique si c'est constructif. Ma phrase fétiche c'est : "qu'est-ce que tu proposes ?".

 

 

Le groupe 3 Suisses International en chiffres

3,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires dont 70 % réalisés en France
12.500 salariés pour une activité qui comprend 27 enseignes implantées dans 15 pays
Actionnaires : Otto Versand Gmbh (50 %), famille Mulliez (45 %), salariés (5 %)

Quelles qualités attendez-vous de vos collaborateurs ?

Franchise, simplicité, écoute et dialogue. Je ne supporte pas la négligence. Je peux comprendre une erreur, mais le laisser-aller, je ne l'accepte pas. Il me paraît aussi important de savoir travailler en équipe. Chacun a son domaine mais une entreprise reste un process, il faut donc savoir accepter le fait que les frontières soient floues. Chacun doit prendre conscience qu'il est un maillon de ce process. La transversalité, au sein d'une équipe de direction, me paraît essentielle.

 

Evidemment, dans notre métier, on est centré sur le client, c'est essentiel de garder cela à l'esprit. En vente à distance, un acheteur ou quelqu'un du marketing peut passer toute sa carrière sans rencontrer un seul client et c'est le danger de notre système de vente.

 

De quoi êtes-vous le plus fier depuis que vous avez pris vos fonctions de directeur général ?
[Hésitations.] Quand je suis arrivé la première fois chez 3 Suisses, j'ai eu la chance de participer au lancement de la carte "4 étoiles". Seules 5 ou 6 personnes étaient réunies autour de ce projet alors, quand je vois ce qu'est devenu Cofidis aujourd'hui, je peux être fier de ma petite contribution.

 

Ou encore Unigro et Blanche Porte, qui étaient des entreprises en difficulté au moment où je suis arrivé. Aujourd'hui elles sont redevenues pérennes. Ce n'est jamais uniquement grâce à mon travail mais je suis fier d'avoir pu sauver des emplois. J'aime aussi beaucoup sentir que l'équipe est derrière moi. Là, c'est gagné !

 

Dans les postes de directeur général que vous avez occupés, quels ont été les plus grands défis que vous avez dû relever ?
C'est évidemment de remettre de l'ordre dans des entreprises qui sont en difficulté. A la fois réimpulser de l'énergie et du dynamisme et montrer aux salariés qu'il est possible de s'en sortir. Ce sont de grands défis mais c'est aussi passionnant.


Pour économiser du temps, il faut aller à l'essentiel, droit au but."

Comment vous y prenez-vous pour décompresser ?
J'ai deux piliers dans ma vie : ma famille, pour l'équilibre, et le sport, qui me permet de retrouver l'action et le challenge. J'ai longtemps joué au football et maintenant je fais de la course à pied, du cyclisme et de la natation. Le samedi matin par exemple, je fais entre 100 et 150 kilomètres en vélo. Le sport montre qu'on peut faire bien plus que ce qu'on imagine. Il faut y aller par petits pas pour arriver à accomplir de grandes choses. Je fonctionne un peu pareil en termes de management. C'est aussi une soupape importante parce que j'ai beaucoup d'énergie et que cela me permet de penser à autre chose. Ceci étant, c'est parfois en faisant du sport que je trouve des solutions.

 

Qu'est-ce qui fait un bon dirigeant selon vous ?
Un bon dirigeant doit d'abord rester lui-même. Il doit donner du sens à l'action et montrer où il veut emmener l'entreprise. On peut faire faire à l'ensemble du personnel beaucoup de choses pour autant qu'on lui dise pourquoi. Il doit ensuite avoir la capacité d'entraîner car ce n'est pas lui qui va tout faire. Un minimum de charisme, de conviction et le sens du partage sont nécessaires. Il faut aussi faire les choses simplement, et dire ce qui ne va pas, tout aussi simplement.

 

Qui sont les patrons que vous admirez le plus ? Et pourquoi ?
Il n'y a pas un nom qui me vient spontanément à l'esprit mais ce qui est clair c'est qu'on a toujours plein de choses à apprendre des autres. J'ai appris de beaucoup de personnes dans ma carrière, que ce soit de celles qui m'ont dirigé ou de ceux avec qui j'ai travaillé.

 

 


Souvent, nous, managers, en réfléchissant à la place des gens, on leur complique la vie."

Quelles sont vos astuces pour gagner du temps ?
Pour économiser du temps, il faut aller à l'essentiel, droit au but. C'est une première chose, après il faudrait pouvoir déléguer mais je ne le fais pas encore assez. Il faut aussi apprendre à hiérarchiser pour passer du temps sur l'essentiel et pas sur l'accessoire.

 

Qu'est-ce qui vous plaît le plus et le moins dans votre poste de directeur général ?
Ce qui me motive, c'est le challenge. Tout ce qui n'est pas gagné d'avance me passionne. Ce qui me fait sortir de mes gonds, ce sont les attitudes négatives, les spécialistes de la critique pour la critique. Si on en arrive à ce point, il faut être logique avec soi-même et quitter l'entreprise.

 

Pouvez-vous nous dire d'où vient le nom "3 Suisses" ?
C'est un lieu-dit dans le Nord. Lorsque le créateur de la marque, Xavier Toulemonde a démarré son activité en 1932, il s'est installé à proximité d'un bar tenu par M. Suis... qui avait trois filles. Les gens avaient pris l'habitude de dire qu'ils allaient "chez les trois Suisses". Il a donc tout simplement adopté ce nom et l'a ensuite développé comme vous le savez.

 

 

Parcours

Depuis le 21 Novembre 2005 : Directeur Général de 3 Suisses
2001 : directeur général - Blanche Porte
1997 : directeur marketing - Blanche Porte
1995 : directeur général - Unigro
1992 : directeur commercial - 3 Suisses Belgique
1984 : chef du département marketing catalogue - 3 Suisses France
1981 : département marketing produits - 3 Suisses Belgique
1977 : différents postes au département marketing produits - Henkel (Bruxelles)
Formation : Maîtrise en sciences économiques et sociales


JDN Management Envoyer Imprimer Haut de page

Sondage

Penserez-vous à votre travail pendant les fêtes de fin d'année ?

Tous les sondages