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24/10/2006

Bien choisir son bras droit

A quoi ressemble le numéro deux idéal ? Comment le détecter ? Comment bien le cerner ? Les conseils d'une spécialiste pour aider les dirigeants à trouver la bonne personne pour les seconder.
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Dans l'exercice délicat qui consiste à trouver un bras droit, la moindre erreur se paye au prix fort. Voici la démarche à adopter et une série de conseils pratiques pour minimiser les risques.

Définir les besoins auxquels devra répondre le numéro deux
D'après Marie-Josée Bernard, professeur de management à l'EM Lyon et co-auteure de "Choisir son n°2, s'entourer en toute confiance", il existe plusieurs raisons de recourir à un bras droit.
Le dirigeant peut juger nécessaire d'étoffer la culture managériale de l'entreprise et décider de démultiplier l'équipe dirigeante.
Il peut aussi recruter un bras droit pour rompre la solitude due à sa position, ou encore pour anticiper une transmission de pouvoir.
Il peut également s'agir d'ajouter une compétence clé pour impulser une nouvelle dynamique de développement pour l'entreprise. "Par exemple, si une entreprise plutôt de culture technique et produit veut passer à une culture du service sans y être préparée, ce sera peut-être le moment de s'enrichir de compétences spécifiques." La problématique est alors de trouver une personne responsable et de confiance.

Le dirigeant doit chercher quelqu'un plus intelligent que lui sur certaines dimensions."

Marie-Josée Bernard,
EM Lyon
Quel que soit le contexte, deux questions essentielles se posent :
Qu'attend-t-on de son second ? "Attention en particulier à ne pas se tromper de rôle en prenant pour numéro deux un faire-valoir, potiche ou fou du roi…"
Quelle place va-t-on lui faire ? "Et plus précisément : Saura-t-on déléguer ?"

Une fois ces interrogations levées, il est temps de s'interroger plus avant sur le profil recherché.


Arrêter des critères de sélection
La première caractéristique du bras droit idéal est la complémentarité qu'il apporte à l'équipe dirigeante en place. "Mais cette complémentarité peut s'exprimer de plusieurs façons", précise Marie-Josée Bernard :
Un dirigeant dont les compétences s'orientent vers le marketing, la stratégie et le commercial peut rechercher un numéro deux gestionnaire.
Un dirigeant dans l'action, dans le mouvement, peut rechercher un homme de structure et de rigueur.
"Le principe, c'est que le dirigeant doit chercher quelqu'un plus intelligent que lui sur certaines dimensions. A condition bien sûr d'être capable de lui laisser une place suffisante."

La loyauté constitue naturellement une qualité importante du candidat. Il faudra en effet pouvoir échanger avec son numéro deux en toute confiance. "Attention, met en garde notre experte. Certes, il faut s'assurer qu'il joue dans le même camp. Mais loyauté n'est pas assujettissement."

Troisième critère de sélection, la capacité de développement du candidat : on l'embauche aussi pour ce qu'il apportera dans le futur. Cela implique qu'il ait un réel potentiel de leadership. "Reste donc à savoir où placer le curseur entre les deux rôles possibles d'un numéro deux :
quelqu'un qui vous challenge, un peu compétiteur,
un point d'appui, votre second dans le sens militaire du terme."

Il est important de mettre en situation le numéro deux pressenti."

Marie-Josée Bernard
La dernière qualité à exiger d'un bras droit est sa transparence. "Certains veulent être numéro deux pour devenir numéro un, d'autres pour briller comme numéro deux. Sa capacité à se rendre lisible est donc importante." En particulier parce que les motivations du numéro deux pourront évoluer avec le temps, par exemple à l'occasion d'une crise ou d'un problème de santé. Toutefois, son ambition n'est pas forcément un défaut. Par exemple, s'il se produit une déficience interne dans la transmission de pouvoir, un numéro deux pouvant reprendre la barre se révélera utile.


Détecter son futur numéro deux
Pour déceler son futur bras droit au sein de l'entreprise, un repérage s'impose. "Or, s'il n'y a pas de numéro deux déclaré, ce repérage va surprendre l'équipe dirigeante. Il faudra donc faire preuve de beaucoup de diplomatie pour faire accepter son choix."

Le repérage à proprement dit va d'abord découler du profil recherché : quelqu'un qui est représentatif de la culture de l'entreprise, un esprit d'aventurier… Ensuite, notre experte insiste sur l'utilité d'approfondir ce repérage : "Il est important d'apprendre à se connaître. Echanger sur les projets, partager ses visions, rencontrer ensemble les clients importants… mettre en situation le numéro deux pressenti. Eventuellement, même, se rencontrer avec les conjoints." Sans rechercher une fusion totale, cela peut servir à voir si le candidat est quelqu'un de confiance.

Comme le souligne Marie-Josée Bernard, "on peut aussi se faire aider par un professionnel extérieur qui aura sur la situation un regard neutre." On le consultera soit pour une simple validation, soit pour mener toute la démarche en tandem avec lui.

A lire
"Choisir son n°2, s'entourer en toute confiance" de Marie-Josée Bernard et Paul-André Faure (Editions d'Organisation - 2004)

>>> Consulter les librairies
Il est enfin possible de s'aider de tests de personnalité. Le MBTI, par exemple, est adapté pour diagnostiquer la complémentarité d'un candidat avec l'équipe dirigeante en place. Le Team Management System et le Sosie sont également de bons outils de repérage.

Si on n'a pas trouvé de numéro deux au sein de l'entreprise, on peut toujours envisager un recrutement. On passe alors à une approche de type "chasseur de tête", en confiant l'analyse et le profil du poste à celui qui devra débusquer le bon candidat.


L'accompagner dans sa prise de fonction
Pour réussir pleinement l'arrivée d'un numéro deux, soigner sa prise de fonction s'avère toujours indispensable. "Il faut tout de suite une intronisation, un acte symbolique qui le légitime, en particulier auprès de l'équipe dirigeante", recommande Marie-Josée Bernard. Le dirigeant doit très rapidement confier à son nouveau bras droit des dossiers importants, des clients stratégiques. Il doit accepter ce transfert de responsabilité, mais aussi faire en sorte que le numéro deux soit visible auprès des collaborateurs comme de l'extérieur de l'entreprise.


Les pièges à éviter
Pratique
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Tout d'abord, il faut évidemment se prémunir contre les escrocs et les candidats qui prétendent avoir une expérience ou une formation qu'ils n'ont pas. Pour choisir son bras droit, plus que pour n'importe quel recrutement, il convient de faire les choses sérieusement : se méfier et vérifier.

Par ailleurs, comme le note notre experte, "il faut éviter le côté copain-copain". Le fait de se dire "c'est un ami et je lui fais confiance" peut s'avérer dramatique dans le cadre d'une délégation de pouvoir. Par conséquent, il faut absolument séparer l'amical du professionnel.

Enfin, résister à la tentation de ne s'adjoindre qu'un "fidèle serviteur". Cela implique d'avoir bien réfléchi à ce que l'on recherche chez un numéro deux. Ainsi que le conclut Marie-Josée Bernard : "On peut vouloir un fidèle serviteur, mais quel impact cela aura-t-il sur la crédibilité et l'image de l'entreprise ?"

Parcours

Après une double formation en sciences humaines (philosophie et Histoire des idées) et en gestion des ressources humaines, Marie-Josée Bernard a occupé des fonctions de DRH en entreprise et de consultante en cabinet de conseil. Elle est aujourd'hui professeur de management et de développement personnel à l'EM Lyon, coach de dirigeants et d'entrepreneurs et consultante en développement managérial.


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