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INTERVIEW
 
24/10/2006

Olivier Oger (Edhec)
"Le marché américain décline au profit de l'Europe"

Les MBA européens à temps partiel ont la cote. Et selon le directeur de l'Edhec, les MBA français redorent également leur blason, même s'ils ne sont pas les plus plébiscités.
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L'Edhec, l'école de hautes études commerciales implantée à Lille et à Nice, fête cette année ses 100 ans. Fondée par et pour les entreprises, elle a développé plusieurs dispositifs diplômants de formation continue à l'attention des professionnels. L'école est d'ailleurs placée en 7ème position du classement réalisé par le Financial Times sur les meilleurs masters en management européens pour 2006. Olivier Oger, le directeur général du groupe Edhec, revient sur l'offre de l'école et livre son analyse du marché de la formation continue en France, en Europe et aux Etats-Unis.

Quelle est l'offre de l'Edhec en termes de MBA et de formation continue ?
Olivier Oger. L'Edhec propose un MBA à temps plein, et un Executive MBA à
 
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temps partiel qui s'adresse surtout aux cadres et dirigeants. Le CSM, Cycle Supérieur de Management, est quant à lui une formation sur six mois souscrite par les entreprises pour les juniors de 22 ou 23 ans qui sont en poste et qui vont être amenés à prendre rapidement la responsabilité d'un service.

Comment l'Edhec se différencie-t-elle des autres écoles ?
Je pense que nous nous différencions par la qualité de notre relation client. Et c'est fondamental. Si une entreprise vous confie un cadre, elle veut aussi un retour. Le cadre doit venir avec un projet qui concerne l'entreprise.

Pourquoi avoir créé un deuxième campus à Nice ?

Les écoles françaises attirent moins que leurs homologues anglais ou espagnols."

En fait, le campus de Nice existe depuis 1991 et accueille aujourd'hui 2.000 étudiants sur les 5.000 que compte l'Edhec. D'ailleurs, le MBA à temps plein se fait là-bas, le reste de la formation continue et des MBA se trouvent à Lille. La raison est simple, Lille est très facile d'accès par le TGV depuis Paris, Londres ou Bruxelles, notamment pour les personnes qui font une formation à temps partiel. D'un autre côté, le MBA temps plein de Nice est beaucoup plus international. Les personnes qui viennent en France préfèrent passer un an sur la Côté d'Azur plutôt que dans le Nord.

Comment se portent les MBA français sur le marché européen ?
En ce qui concerne les MBA internationaux ? Moyennement. Les écoles françaises attirent moins que leurs homologues anglais ou espagnols. D'une part les MBA sont une invention anglo-saxone, d'où leur prédominance historique. D'autre part, les diplômes des grandes écoles étaient les produits stars de celles-ci, et pas les MBA que l'on désignait auparavant sous les termes de "formation complémentaire". Cependant, ces écoles investissent davantage depuis cinq ans sur les MBA. D'ailleurs, l'Insead et HEC ont fait une bonne percée sur le plan international.

Et comment se comporte le marché européen par rapport au marché américain ?
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  Edhec
Il se défend bien ! Le marché américain décline au profit de l'Europe et de l'Australie. Je dirais que la bascule s'est faite sur les dix dernières années. Il y a une grosse différence entre les MBA américains qui durent traditionnellement deux ans et les MBA européens qui sont concentrés sur un an et correspondent mieux à la demande des candidats. Mais les Etats-Unis sont en train de s'adapter. D'autre part, le MBA européen est moins monolithique et plus international que l'américain. Ce qui intéresse un candidat asiatique par exemple, c'est l'aspect multiculturel des MBA européens dont les corps professoraux sont internationaux, ce qui est moins le cas aux Etats-Unis.

L'Edhec en chiffres

2 campus
4.700 étudiants
100 professeurs permanents
800 intervenants extérieurs
37,9 millions d'euros de budget et 2005
5 millions d'euros de chiffre d'affaires pour la formation continue

Quels sont les besoins des cadres en matière de formation aujourd'hui ?
Le développement du MBA à temps plein ralentit car trop rigide, au profit de toutes les formules à temps partiel, part time ou online. En effet, lorsqu'on est cadre, comment faire accepter à son employeur que l'on va être absent pendant neuf à douze mois ? D'ailleurs, la formation à distance via Internet connaît un véritable essor. Au sein de l'Edhec, suivant la décision que l'on prendra en décembre prochain, une telle formation pourrait voir le jour dans un an. En tout cas, il y a un marché à prendre. Du reste, la demande est très forte sur les formations diplômantes, culture française oblige.

Quels conseils donneriez-vous à un cadre qui souhaiterait suivre une formation diplômante ?
Un seul en fait. Ne jamais venir sans un projet derrière la tête. S'il vient uniquement pour décrocher un diplôme, il sera déçu. Le cadre doit arriver avec sa problématique qu'il pourra à la fois traiter lors de la formation au bénéfice de l'entreprise et partager avec le reste du groupe.


Parcours

Depuis 1988 : Directeur général du Groupe Edhec.
Auparavant : Professeur d'économie à l'Université catholique de Lille où il a également lancé et dirigé un centre de recherche en Economie Agricole et Agro-alimentaire affilié à un laboratoire CNRS.
Divers : Olivier Oger représente la France au Comité d'accréditation Equis à Bruxelles. A ce titre, il est amené à diriger des audits de Business Schools dans le monde entier (Angleterre, Etats-Unis, Suisse, Suède, Finlande, Espagne, Irlande, Pérou, Colombie, Nouvelle-Zélande). Il est également membre du Comité d'orientation de l'EFMD (European Foundation for Management Development) qui regroupe toutes les Business Schools européennes et une centaine de grandes entreprises.
Formation : DES en économie (Université de Lille 1), Licence de sciences économiques (l'Université catholique de Lille / Université de Paris 2 IESEG).


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