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06/03/2007

Qui sont les champions... du pneu

Qui sont les champions... du pneumatique Bridgestone, Michelin, Goodyear : un trio de tête dans un mouchoir de poche, qui détient la moitié du marché du pneu. Mais de nouveaux acteurs asiatiques poussent ces leaders à évoluer
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Les pneumatiques représentent un marché de plus de 100 milliards de dollars dans le monde. Connaissant une croissance moyenne en volume de 2 % à 3 %, il est largement lié à celui de l'automobile à quelques différences près. Il souffre moins de cyclicité que ce dernier car son activité est tirée par le marché du remplacement, les deux tiers des ventes selon le Syndicat national du caoutchouc et des polymères. Enfin, si les véhicules particuliers représentent 58 % de la production, les poids lourds, camionnettes, vélos, avions, métros, tramways, machines agricoles et autres engins de génie civil constituent également des débouchés avec des besoins propres.

 

 

Une industrie emmenée par trois champions mondiaux

La production de pneumatiques est en corrélation directe avec les grands marchés de l'automobile, à savoir le Japon, les Etats-Unis et l'Europe. L'industrie est ainsi dominée par un trio de tête qui couvre à lui seul 54 % du marché mondial.

 

En 2006, les chiffres d'affaires placent le Japonais Bridgestone premier (19,1 milliards d'euros), suivi de près par Michelin (16,4 milliards d'euros) et l'Américain Goodyear (15,4 milliards d'euros). Un podium qui évolue peu selon les années, conséquence de la suprématie des trois leaders. On assiste toutefois à une course à la première position, remportée cette année par Bridgestone, qui rafle ainsi la place à Michelin (numéro un en 2005).

 

 

Parts de marché mondiales des principaux acteurs
 
Parts de marché mondiales des principaux acteurs (Source : Tire Business)
 

 

 

Chacun des trois leaders domine en outre le marché sur sa zone géographique historique  : Bridgestone est numéro un en Asie, Michelin en Europe et Goodyear s'impose sur le continent américain.

Derrière ces champions, les suiveurs, Continental (allemand), Pirelli (italien), Sumitomo (japonais), Yokohama (japonais), Hankook (sud-coréen) et Cooper (américain) détiennent entre 2 % et 6 % de part de marché.

 

 

Un secteur fortement concentré

La comparaison du classement des dix plus importants producteurs de 1981 avec celui de 2006 montre le phénomène de concentration qui a eu lieu principalement à la fin des années 1980. Bridgestone a montré la voie en achetant Firestone, à l'époque 3ème producteur mondial. Une acquisition d'un montant de 2,6 milliards de dollars qui permet au Japonais de mettre un pied sur le marché américain. Suit, peu de temps après, Michelin avec le rachat d'Uniroyal-Goodrich. En 1999, c'est au tour de Goodyear de racheter Dunlop, ex-5ème fabricant mondial, à l'entreprise japonaise Sumitomo. L'Américain forme à la même époque une alliance stratégique, assortie d'une joint-venture, avec cette dernière, alors en situation économique délicate. Une implantation de qualité lui est ainsi assurée sur le marché asiatique.

 

Cette stratégie, menée de conserve par les différents acteurs, leur permet de passer d'un statut de leader régional à celui de champion d'envergure mondiale. Elle permet également, dans une industrie à forte intensité capitalistique, de réaliser des économies d'échelle importantes.

 

Les acteurs de plus petite taille tentent, de leur côté, de suivre la tendance : Pirelli avec le rachat de la firme Armstrong et Continental avec General.

 

 

La concurrence chinoise pousse les leaders vers le haut de gamme

Le marché asiatique prenant de plus en plus d'ampleur, de nouveaux acteurs de taille émergent : c'est le cas des sociétés Cheng Shin (taïwanaise), GITI Tire et Triangle (chinoises). Ces trois entreprises régionales détiennent, pour la première fois en 2006, entre 1 % et 1,2 % du marché chacune. Selon les chiffres de l'IRSG (International Rubber Study Group), la production chinoise aurait quasi triplé entre 2000 et 2005. La Chine est aujourd'hui devenue le premier pays exportateur de pneumatiques, notamment grâce à son offre sur les poids lourds.

 

 

 
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Ces nouveaux arrivants, essentiellement positionnés sur le bas de gamme, incitent les fabricants historiques à se recentrer sur des produits de qualité, plus innovants et plus chers. Ainsi, Michelin a opté pour cette stratégie, en misant sur son image de fiabilité et de technicité. Son PDG, Michel Rollier, a admis que la marque de Bibendum pouvait se permettre d'avoir un différentiel de prix de 10 % par rapport à ses concurrents, et plus sur les pneumatiques poids lourds.

 

Une inflation renforcée par un contexte de hausse du coût des matières premières : le prix du caoutchouc naturel a été multiplié par trois depuis 2002. En outre, les prix sont largement dépendants des cours du pétrole puisqu'un pneu tourisme est composé à 25 % de caoutchouc synthétique et à 14 % d'agents chimiques, tous issus du pétrole.

 

 

L'innovation au centre des stratégies

Les leaders historiques de l'industrie ont conquis leur position grâce à une avance notable en termes d'innovation technologique.

 

 
Frais de R&D des trois principaux fabricants en millions d'euros et pourcentage du chiffre d'affaires (2005 - Source : rapports annuels)
 

C'est le cas de Michelin, dans les années 1950, avec l'invention du pneu radial, depuis adopté comme standard par l'ensemble du marché. La marque a assuré sa notoriété et a pu s'imposer en tant que leader mondial grâce à cette invention qui a permis à son concepteur de passer en quelques années de la 10ème à la 3ème place mondiale. Depuis, le fabricant français a conservé l'innovation au centre de sa stratégie, et ne consacre pas moins de 3,6 % de son chiffre d'affaires 2005 à la recherche et développement, contre 3,0 % pour Bridgestone et seulement 1,9 % pour Goodyear.

Les producteurs chouchoutent également leur image d'experts en technologie en équipant les voitures de courses, notamment en Formule 1. A partir de 2008 et pour deux ans, Bridgestone en sera le fournisseur unique. Une vitrine ostensible pour ses produits.

 

 

L'environnement : le nouveau défi imposé aux fabricants

L'inventivité des fabricants se tourne aussi vers la création de pneus plus propres ainsi que le traitement de la fin de vie du pneumatique. Ils doivent désormais intégrer les contraintes réglementaires et la pression sociétale en faveur de l'écologie. Une directive européenne interdit ainsi le dépôt en décharges des pneus usés depuis le 16 juillet 2001.

 

 
La mise en décharge des pneus usagés est interdite © SNCP
 

Pour intégrer cet objectif environnemental, les principaux fabricants de pneumatiques (Bridgestone, Continental, Goodyear, Michelin et Pirelli) ont créé conjointement Aliapur, société de collecte, de tri et de valorisation des pneus usagés. Environ 300.000 tonnes de pneumatiques usagés ont ainsi été collectés en 2005. Le matériau est ensuite transformé en bandes, en granulat (utilisé pour la production de sols synthétiques), fondu pour le rechapage de pneus usés ou utilisé comme combustible.

 

La Commission européenne a également récemment annoncé sa volonté de voir limitée l'émission de CO2 par les voitures, notamment par l'amélioration des pneumatiques. Une législation devrait voir le jour dans ce sens d'ici mi-2008. Un nouveau défi pour les fabricants.

 

 

Sites:

Syndicat national du caoutchouc et des polymères

Aliapur

 

 


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