Jean-Pierre Scandella (Arrowman) : Le développement durable comme facteur de croissance

La prise de conscience collective et soudaine de la nécessité de préserver la qualité de l'environnement ne doit pas être opposée nécessairement à l'idée de croissance. En effet, le thème concerne par définition toutes les sensibilités et transcende les clivages traditionnels, comme ont pu l'illustrer les adhésions des principaux partis au pacte écologique de Nicolas Hulot. Ni de gauche, ni de droite, la qualité de l'air est nationale et surtout internationale.

Dans ce contexte positif qui consiste à préserver la qualité de l'environnement et à éduquer les enfants pour éviter les dépenses d'énergie inutiles, il faut éviter de réduire cette belle et noble idée à la seule baisse des consommations qui reste bien évidemment nécessaire et au cœur du problème. En effet, si l'on s'ingénie à réduire notre consommation sur tous les plans sans la transformer, il est probable que notre économie en subira des retombées négatives et que notre effet sur la planète sera faible.

Proposer de nouveaux produits

Le défi est donc aussi d'apporter de nouveaux produits au plus grand nombre en créant de nouveaux emplois. Dans ce cadre, l'exemple de la société Sphere, leader européen des emballages ménagers, est intéressant. Cette société fabrique, à partir d'amidon de pomme de terre, des sacs biodégradables qui pourraient remplacer progressivement les sacs en plastique mettant environ 400 ans pour disparaître.

Le secteur de la chimie connaît également des transformations et des projets innovants comme en témoigne la croissance de Metabolic Explorer : un chiffre d'affaires multiplié par 2,5 entre 2005 et 2006. La société utilise les ressources renouvelables - maïs, amidon, sucre et déchets agricoles - qu'elle transforme en produits chimiques de grande consommation dans les domaines aussi variés que le textile, les peintures ou les biocarburants de deuxième génération.

Se positionner sur des marchés internationaux

Il faut mettre l'idée de la protection de l'environnement au diapason de la croissance et au centre de la globalisation. La recherche de nouvelles solutions, leur diffusion de façon plus propre sont des enjeux mondiaux qui font apparaître une nouvelle compétition économique dans laquelle notre pays et nos entreprises ont toutes leurs chances de réussir si elles entrent pleinement dans la bataille sans avoir en arrière plan une idée quasi malthusienne de l'économie.

Le traitement des déchets, les nouveaux emballages propres, les nouveaux transports ou le recours plus fréquent aux réunions de travail à distance… autant de sujets intéressants pour gagner les paris de demain et apporter notamment à la Chine et l'Inde des solutions qui nous intéressent au premier plan... à court et à long termes. Il s'agit également de les aider à prendre conscience de la préservation de l'environnement pour leur faire gagner du temps dans l'évolution de leur modèle de développement.

Favoriser les initiatives et développer l'emploi

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Tirons avantage de ces nouveaux enjeux au lieu de camper sur l'idée négative qui ne consisterait qu'à mesurer le développement de la pollution sans trouver de remèdes. Il y a fort à parier que ceux qui concevront les solutions apporteront également de nouveaux emplois à leur population. En 2004, le secteur représentait déjà en France un peu plus de 370.000 emplois et devrait se renforcer progressivement. Selon l'IFEN, l'Institut français de l'environnement, les deux tiers des emplois environnementaux émanent du secteur privé et notamment des éco-industries.

Alors, pour concrétiser simplement l'idée d'un développement économique respectueux de l'environnement, il serait certainement utile de créer un prix européen pour les premières PME qui ont su innover et mettre en pratique cette idée positive, ce qui leur permettrait de financer leur développement international...