Monter en gamme pour faire la différence
"Nos produits exigent deux à trois ans de mise au point, explique Dominique
Bergin, et, pour faire fabriquer un cadre, ce sont entre 35 et 40 heures de travail
qui sont nécessaires. Il en faut même cent pour produire le 496 Athènes, utilisé
lors de jeux olympiques." En outre, et c'est là un argument essentiel dans
le discours marketing de la marque, les produits qui sont vendus aux pratiquants
sont les mêmes que ceux utilisés par les professionnels. Dans de telles conditions,
les vélos Look coûtent cher : pas moins de 2.000 euros pour un cadre nu
et jusqu'à 6.000 euros pour certains modèles. Alors que le marché est inondé de
produits venus d'Asie - 90 % des cadres carbone sont fabriqués en Chine -
Look a donc préféré monter en gamme, pour éviter une concurrence
directe impossible à soutenir. Revers de la médaille, il lui faut s'imposer
sur un segment très restreint qui représente, en France, 6 % du marché
du cycle en volume.
Un positionnement de produit de luxe
Avec des produits très innovants, donc très chers, Look a opté
pour un positionnement comparable à celui des produits de luxe. "Nous sommes,
en quelque sorte, le Hermès du vélo, s'exclame Dominique Bergin : nos produits
sont fabriqués et montés à la main et nos ouvriers sont de véritables artisans
high-tech". Surtout, les usines Look sont détenues en propre. "Cela nous permet
bien sûr de maîtriser l'outil de production, condition sine qua none à
une vraie stratégie d'innovation. Mais cela nous permet surtout de garantir
à nos clients un produit unique, alors que de nombreuses usines en Asie fabriquent
aujourd'hui des cadres pour plusieurs marques" poursuit-il. Une particularité
à laquelle sont sensibles beaucoup d'amateurs de haut niveau.
Si elle refuse la sous-traitance, la PME a toutefois cédé aux sirènes de la
délocalisation et a ouvert, en 2001, une usine en Tunisie. C'est dans ce pays
que sont fabriqués les cadres carbone et employés 300 des 450 salariés de Look.
Le site de Nevers a néanmoins vu ses effectifs passer de 80 à 150 salariés et
conserve, outre l'activité de recherche et développement, la fabrication des pédales
: "un choix social, que nous maintiendrons tant que nous le pourrons économiquement"
souligne Dominique Bergin.
"Nous sommes, en quelque sorte, le Hermès
du vélo" |
Autre particularité de l'entreprise, elle est financièrement indépendante et
son capital est réparti entre les dirigeants et l'actionnariat salarié. "C'est
une situation tout à fait originale par rapport à nos concurrents,
détenus par des fonds d'investissement ou cotés en bourse", souligne Dominique
Bergin, lui-même détenteur, avec Thierry Fournier, de 80 % de
la société. "Cela nous place dans un état d'esprit différent des
autres et nous apporte une sérénité pour nos projets de développement à
long terme."