Manager les situations de crise

En savoir plus

En période de crise, le stress et la panique se diffusent rapidement dans les équipes. "Et plus la direction d'une entreprise s'est efforcée d'éradiquer la peur, de faire croire aux salariés que le risque zéro existait et que tout était parfaitement sécurisé, plus la panique, qui est une forme non gérée et inattendue de peur, sera forte au moment où la crise apparaîtra", souligne Jean-Pierre Veyrat.

 

Neutraliser les comportements invalidants en période de crise

Face à cette vague, le manager doit, non seulement garder son sang-froid, mais également faire preuve d'une attention aigüe aux réactions de ses collègues, qu'ils soient au-dessus ou en dessous de lui dans l'échelle hiérarchique. Car ces réactions peuvent dangereusement affaiblir son effort de gestion de la crise s'il ne les a pas anticipées.

Ainsi, dans les premières heures qui suivent le déclenchement d'une crise, l'hystérie peut gagner certains collaborateurs et les conduire à transmettre une information déformée, exagérant ou minimisant l'ampleur d'une situation. Il est nécessaire de garder un certain recul à l'égard de ce qui est rapporté, de n'exiger et de ne tenir compte que d'éléments strictement factuels.

"L'après-crise est la dernière étape de la gestion d'une crise"

D'autres attitudes sont prévisibles et doivent être anticipées : pour certains, le repli sur soi, pour d'autres la recherche systématique de boucs émissaires. "Sur-stressés, certains responsables font montre d'une agitation excessive qui se traduit par une attention exacerbée sur des détails accessoires et une inaptitude à se concentrer sur l'essentiel", explique Jean-Pierre Veyrat. Dans d'autres cas, la hiérarchie, paniquée, s'enfonce dans un déni de la réalité et va exiger du manager opérationnel une quantité déraisonnable de "preuves" de la gravité de la situation.

 

Gérer les dégâts humains de l'après-crise

Par peur du problème ou de leur implication dans le problème, par manque de courage ou d'honnêteté, certains collaborateurs vont aller jusqu'à se "disqualifier", au cours des crises plus graves, perdant durablement tout crédit auprès de leurs interlocuteurs, en particulier des témoins directs de leur incurie. Inversement, certains autres auront été accusés à tort d'incompétence ou injustement mis en cause au cours de la crise. Ils conserveront des rancœurs, voire des blessures narcissiques profondes qui ne peuvent être négligées par leur encadrement. Ce sont les victimes de la crise.

Or, la cohabitation des coupables, des victimes et des témoins peut très vite s'avérer explosive et conduire, parfois longtemps après la fin de la crise, à des règlements de comptes. "On a longtemps oublié que l'après-crise était bien la dernière étape de la gestion d'une crise", remarque le consultant. Dans certains cas, il faut prévoir des réorganisations, afin de ne plus faire travailler ensemble certains collaborateurs. A certains, proposer une "sortie honorable", au travers d'un licenciement transactionnel, pourra même s'avérer la meilleure solution. Dans tous les cas, ne pas fermer les yeux et croire que la simple reprise normale des activités et quelques excuses peuvent suffire à panser ces blessures.





JDN Management Envoyer Imprimer Haut de page