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| Jean-Jacques
Nillès, Socrates | |
Basée sur la morale et plus large que la déontologie,
"l'éthique est un processus qui doit se mettre en oeuvre lors de situations
de prise de décision, en particulier en présence de cas inédits",
explique Jean-Jacques Nillès, conseil scientifique auprès de la
société Socrates, spécialisée dans l'éthique en entreprise, et maître
de conférences à l'université de Savoie.
Être
éthique : oui, mais pourquoi ?
A ceux qui s'inquiètent encore
de savoir quel gain l'entreprise peut trouver à mettre en place une telle
démarche, Jean-Jacques Nillès démontre qu'ils se posent la
mauvaise question. "Il est difficile de mesurer l'impact économique
d'une démarche éthique même si l'on peut s'intéresser
aux coûts liés aux comportements déviants. Mais le premier
réflexe consiste à articuler la démarche éthique autour
de la stratégie de l'entreprise." Elle fait alors partie d'un tout
et contribue à atteindre des objectifs cruciaux. Ainsi, la société
norvégienne Aker Yards, qui a repris les anciens Chantiers de l'Atlantique,
souhaitait intégrer ses fournisseurs en amont afin de coopérer sur
des projets d'innovation. Une attention tout particulière portée
à l'éthique de ses achats était un préalable nécessaire
à de fortes relations de confiance, indispensables pour permettre cette
réalisation.
"L'idéal serait de pratiquer une évaluation
de l'entreprise à 360°" |
"Le premier bénéfice
de la démarche éthique se mesure en terme de mobilisation des équipes",
constate cependant Jean-Jacques Nillès. C'est vrai pour l'ensemble des
collaborateurs mais tout particulièrement pour le personnel encadrant qui trouvera
une plus grande facilité à manager en s'appuyant sur une éthique
forte. La crédibilité de l'entreprise vis-à-vis de ses partenaires
extérieurs s'en trouvera également renforcée.
Evaluer
le chemin à parcourir
"On va chercher à connaître
la perception qu'ont les salariés de l'éthique de leur entreprise",
explique Jean-Jacques Nillès. On s'intéressera à savoir quelles
sont les fonctions sensibles et comment les collaborateurs prennent leurs décisions,
avec leur équipe. A partir de questionnaires administrés aux salariés,
on détermine le niveau de criticité de plusieurs situations types,
à base de cas présentant des conflits d'intérêts ou
autres occasions de comportements déviants. On examine ensuite celles qui
sont qualifiées "à risque" : quel est le niveau de mise
en oeuvre des règles ? Est-ce que la décision prend en compte
les intérêts des différentes parties prenantes, qu'elles soient
internes ou externes à l'entreprise ?...
Pour une représentation
encore plus précise, il est possible d'intégrer ses fournisseurs
et clients à l'évaluation des pratiques. "L'idéal serait
de pratiquer une sorte de 360°", commente Jean-Jacques Nillès.
Cette évaluation peut se transformer en baromètre
afin de quantifier le résultat des efforts fournis et l'impact des politiques
éthiques entreprises. Dans tous les cas, il est important d'opérer
un retour aux répondants.
Cibler les fonctions
les plus exposées
L'accent soit être mis sur les postes et
activités les plus sensibles. "Sur le fond, toutes les fonctions sont
concernées", rappelle Jean-Jacques Nillès. Cependant, certaines
activités sont, par nature, plus exposées aux questions d'éthique
: celles en lien avec les achats, la vente, le contrôle de gestion et la
finance mais aussi les postes de management.