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L'éthique en entreprise : se donner les moyens de réussir

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Gérard Kuster
 
Gérard Kuster, directeur de l'éthique de Suez
 

Après un parcours dans les ressources humaines du groupe Lyonnaise des Eaux - devenu Suez -, Gérard Kuster prend la direction de l'éthique du groupe. En charge de la politique éthique auprès des 140.000 collaborateurs dans le monde, il revient sur l'organisation déployée et les actions menées et donne ses conseils pour être un bon responsable de l'éthique.

 

Comment a été mise en place la démarche éthique au sein du groupe Suez ?

Gérard Kuster. Lors de la fusion de Suez avec Lyonnaise des Eaux il y a dix ans, Gérard Mestrallet, PDG de l'ensemble, a souhaité instaurer un dispositif d'éthique par les valeurs. Un travail de détermination des valeurs fondamentales du groupe a donc été réalisé. Il a donné lieu à la rédaction de la première charte éthique. Un code de conduite a suivi, détaillant comment appliquer ces grands principes. L'action a été prolongée avec la nomination d'un déontologue, d'une direction de l'éthique - assortie d'un réseau de 93 déontologues dans le monde - ainsi que d'un comité d'éthique composé de quatre administrateurs.

Aujourd'hui, nous avançons encore d'un pas en ajoutant le principe de compliance. Il s'agit de rechercher en permanence la conformité avec l'ensemble des normes. Notre objectif est de contrôler que nous sommes conformes à nos chartes et de pouvoir le prouver à nos partenaires.

Un système d'engagement des présidents des différentes branches a été mis en place : annuellement, ils signent une lettre de conformité aux dispositions éthiques où ils détaillent leurs actions. Cela permet de vérifier que les documents ne dorment pas.

 

"Des modules de formation de quatre heures ont été créés à l'adresse du management de haut niveau et des hauts potentiels"

Quel est votre rôle en tant que directeur de l'éthique ?

Je m'assure tout d'abord que nos documents restent d'actualité. Ainsi la charte rédigée en 1997 a été renouvelée en 2006 car elle était devenue obsolète sur certains points. Elle préconisait par exemple d'instaurer des comités d'éthique dans certaines filiales cotées. Or, ces filiales sont à présent détenues à 100 % par le groupe, elles n'ont donc plus de raison d'en être dotées. Le guide de la relation commerciale, rédigé en 2003, y a également été inséré.

Je cherche aussi à identifier les évolutions des métiers afin de déceler les nouveaux risques. Je vais à la rencontre des opérationnels afin de leur demander ce qu'ils anticipent en matière d'éthique. Nous avons ainsi fait remonter des problématiques liées au harcèlement et aux malversations financières.

Je réunis tous les ans le réseau des déontologues pendant deux jours. Une dizaine de patrons de business units des quatre branches de l'entreprise nous rejoignent. On gagne ainsi un temps fou car ils sont impliqués dans les projets dès leur origine !

 

Comment communiquez-vous auprès des salariés ?

Il y a dix ans, la charte éthique avait été éditée en format papier en six langues. En 2006, elle a été envoyée par e-mail aux 75.000 collaborateurs qui disposent d'une boîte électronique, en 17 langues. Les autres salariés peuvent la consulter sur un extranet dédié à l'éthique. Ce site contient également des quiz pour tester son niveau de connaissance, des posters à télécharger...

"Je vais à la rencontre des opérationnels afin de leur demander ce qu'ils anticipent en matière d'éthique"

Par ailleurs, des modules de formation de quatre heures ont été créés à l'adresse du management de haut niveau et des hauts potentiels. J'ai également lancé un programme de formation en e-learning d'initiation à l'éthique des affaires. Il s'adresse à toutes les catégories de personnel. Ensuite, un deuxième niveau plus spécialisé cible les salariés particulièrement concernés par certaines situations à risque. On y trouve, entre autres, une formation sur le droit de la concurrence dans l'Union européenne et sur les règles éthiques dans les marchés publics. En un an, nous avons recensé 2.500 connexions sur ces stages. Notre objectif est d'atteindre les 7.000 connexions en 2008.

 

Quelles sont les qualités d'un bon directeur de l'éthique ou déontologue ?

J'ai pour ma part une grande expérience sur le terrain, ce qui facilite les choses car je connais personnellement beaucoup de responsables régionaux. Mais ce n'est pas obligatoire. Les conditions nécessaires sont d'être reconnu par les salariés, qui doivent avoir confiance. Le responsable de l'éthique doit savoir écouter et comprendre les risques évoqués. Il doit être capable de travailler avec les autres sur le terrain, être convaincu et convaincant, connaître le métier et l'entreprise et avoir de bonnes connaissances juridiques. Il doit surtout se sentir bien dans ce poste. Lorsqu'on m'a proposé la direction de l'éthique, on m'a bien précisé que je pouvais dire non...

 

 

 
Parcours
 
 

Gérard Kuster est directeur de l'éthique groupe de Suez.

Après un début de carrière dans le secteur public, il rejoint le groupe Lyonnaise des Eaux en 1988 comme directeur de la formation. Il poursuit sa carrière dans les ressources humaines à l'administration des ressources humaines puis comme directeur du personnel du siège social et directeur de l'emploi et de l'insertion du groupe devenu Suez. Depuis 2003, il est en charge de la direction de l'éthique auprès du secrétaire général et déontologue du groupe. En animant un réseau de 93 déontologues, il a la responsabilité d'adapter et de développer le dispositif éthique de Suez, en liaison avec les organes de gouvernance comme avec les responsables opérationnels.

 

 


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