"Un bon challenger,
ne le reste jamais longtemps. Il devient tôt ou tard leader
de quelque chose." Mais avant d'en arriver là , l'entreprise challenger
doit suivre certaines règles au risque de faire fausse route. Avec
l'appui d'Isabelle Schuiling et de Jean-Luc Charlier, professeurs
en marketing à l'université catholique de Louvain, cinq principes
essentiels, aux dimensions européennes.
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Pourquoi
devenir leader ? |
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La question
peut prêter à sourire mais elle est pourtant essentielle. Sur
des marchés à croissance faible (voire en contraction), sur
des marchés atomisées à forte concurrence ou encore sur des
marchés de nature oligopole, la volonté de devenir leader ne
représente pas toujours la meilleure des stratégies. Le challenger
risque alors d'investir lourdement pour un résultat, au final,
insignifiant. Dans ces conditions, le challenger a tout intérêt
à opter pour une croissance latérale en jouant, par exemple,
la carte de la diversification avant le leader. Une autre façon
de s'imposer. |
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Le challenger
doit déterminer les moindres contours du marché et de son concurrent-leader.
Cinq axes seront pour cela exploiter : le suivi de la presse,
la consultation régulière des différentes banques de données
du secteur, la surveillance des brevets, normes et de la réglementation,
l'écoute du terrain (force commerciale, réseau de revendeurs,
clients, fournisseurs
) et l'analyse en profondeur des produits
ou services concurrents. |
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Benchmarker,
mais pas trop |
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Les meilleures pratiques, mais aussi les pires, du leader sectoriel
sont des éléments à disséquer. Ils permettront de cerner les
failles exploitables (et les forteresses inattaquables) dans
une optique de conquête. Ces éléments serviront à opérer une
stratégie de changement au sein de l'entreprise afin d'accompagner
l'offensive. Attention malgré tout à ne pas trop se nourrir
du benchmarking. Dans certaines situations, cette démarche engendre
une focalisation sur le concurrent, au détriment du client,
et limite la culture de l'innovation. Deux points qui peuvent
fragiliser le challenger et qui en font, dans les faits, un
éternel suiveur. |
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Trois formes
de concurrence sont possibles pour le challenger : la guerre
des prix (qui passe par une meilleure maîtrise des coûts), la
différenciation (en apportant une valeur ajoutée, en ciblant
une niche ou en façonnant une image de marque) ou la substitution
(en proposant un produit ou un service qui remplisse les mêmes
fonctions mais basé sur une technologie ou une organisation
différente). Pour sélectionner la stratégie la plus adaptée,
ou la combiner à d'autres, le challenger doit prendre
en considération les faiblesses du leader, déterminer le niveau
d'homogénéité du secteur (y'a-t-il des niches ?) et le degré
d'extension du marché (y'a-t-il de nouveaux clients possibles
? peut-on opérer de la croissance externe ?). Cette
analyse doit inclure à l'interne la chaîne des coûts
et la qualité de la R&D. |
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Donner
des signaux au marché |
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Un challenger
qui passe à l'offensive doit le faire savoir. Outre la communication
et le marketing, nécessaires pour la conquête client, l'entreprise
dispose d'une palette de leviers qui seront interprétés comme
autant de signaux. Parmi ces leviers : un recrutement haut de
gamme (et notamment de collaborateurs issus du leader), la signature
de partenariats, une nouvelle politique marketing, l'aménagement
d'un nouveau siège social, la refonte de la marque ou du logo
Il faut cultiver la nouvelle posture. |
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