01/09/2003
"Y aller pas à pas"
Filiale d'Adecco,
Ajilon accompagne les grands comptes dans leur démarche d'externalisation.
Une démarche où la notion de coûts n'est pas l'unique moteur.
Fondé en 1969 aux Etats-Unis, Ajilon est à l'origine
un prestataire de services spécialisé dans l'informatique.
En 1996, Ajilon est devenue une filiale du groupe Adecco et
s'est spécialisée, au travers de quatre pôles,
dans l'externalisation auprès des grands comptes. La
société intervient dans les domaines de l'informatique,
de l'ingénierie, du commercial et des ressources humaines
en externalisant tout ou partie des services concernés.
La branche française d'Ajilon, dirigée par Lionel
Terral, a réalisé l'année dernière
un chiffre d'affaires de 70 millions d'euros pour un effectif
de 1 300 collaborateurs.
Quels sont les principaux facteurs
qui motivent une entreprise à avoir recours à
l'externalisation ?
Lionel Terral.
On réduit trop souvent la démarche de l'externalisation
à une notion de coûts. Il est vrai que l'économie
apportée par l'externalisation est l'un des facteurs
clefs. Mais ce n'est pas le seul : s'y ajoutent le management
et l'organisation. En choisissant d'externaliser certaines
fonctions, une entreprise peut se focaliser sur son coeur
de métier et organiser son activité uniquement
selon des contraintes opérationnelles. C'est un avantage
décisif au plan concurrentiel.
Quels conseils donneriez-vous
à une entreprise qui souhaite tester l'externalisation ?
Mieux vaut y aller pas à pas, car l'externalisation
est aussi une histoire de confiance entre une entreprise et
un sous-traitant. Généralement, la meilleure
façon de commencer est d'externaliser des fonctions
supports non stratégiques comme, par exemple, l'informatique,
le service client, la facturation ou la paye. Une fois cette
première étape validée et la confiance
développée, le mécanisme d'externalisation
peut s'étendre à d'autres fonctions, voire à
des services complets.
Comment déterminer ce
qui est externalisable de ce qui ne l'est pas ?
Une fois de plus, la politique du pas à pas est la
plus indiquée car dans l'absolu, tout est externalisable
dans une entreprise. Mais pour déterminer ce qui est
externalisable d'office, l'entreprise doit savoir se poser
quelques questions simples : cette fonction est-elle
stratégique pour mon activité ? quelle
est sa valeur ajoutée ? suis-je performant ou non sur
cette fonction ? cette fonction nécessite-t-elle des
investissements importants pour être maintenue à
niveau ou développée ? Si la fonction n'est
pas stratégique, que sa valeur ajoutée est faible,
que son degré de performance est réduit et qu'elle
est financièrement gourmande, la réponse est
alors toute trouvée : l'externalisation.
Il existe, malgré tout,
des freins naturels à l'externalisation...
Le principal frein est celui des ressources humaines. Dans
le cadre de l'externalisation, il y a des impératifs
légaux à respecter qui peuvent se traduire,
pour le sous-traitant, par une reprise du personnel de l'entreprise
concerné par le projet. L'externalisation doit également
s'accompagner d'une pédagogie au sein de l'entreprise
pour ne pas froisser le capital humain. Il faut expliquer
les motivations, les avantages à la clef. Externaliser
une fonction ou un service n'est pas une défaite pour
une entreprise : c'est une nouvelle forme d'organisation.
Comment peut-on limiter ce frein
lié aux ressources humaines ?
Le mieux, si c'est possible, est de commencer par une externalisation
sur site. Physiquement, la fonction externalisée reste
dans les locaux de l'entreprise. Puis, dans un second temps,
l'entreprise peut opter pour une externalisation hors site.
Cette solution en deux temps a le mérite de ménager
une phase de transition pour les ressources humaines.
Est-ce le seul facteur à
prendre en compte pour trancher entre le "sur site"
et le "hors site" ?
Non : les entreprises qui ont un degré de confidentialité
élevé ou celles qui travaillent en mode projet
préfèrent une solution sur site. Les entreprises
qui veulent favoriser la réduction des coûts
ou mettre à niveau certaines de leurs fonctions privilégient
à l'inverse le hors site. L'externalisation hors site
permet de mutualiser la fonction avec d'autres entreprises.
Cette mutualisation réduit les coûts et assure
aux entreprises de bénéficier des dernières
technologies disponibles dans un domaine donné.
De quelle manière l'entreprise
pilote-t-elle une fonction externalisée ?
L'entreprise et le sous-traitant s'appuient sur un comité
de pilotage qui se réunit généralement
tous les mois ou tous les deux mois. Ce comité mixte
permet de suivre la fonction externalisée et de mettre
en place des objectifs. S'ajoute à ce comité
un plan d'assurance qualité qui fait partie intégrante
du contrat d'externalisation. Le plan d'assurance qualité
couvre un ensemble d'indicateurs qui permettent d'établir
un véritable tableau de bord.
Lionel
Terral (Ajilon France)
Quelle est la durée type
d'un contrat d'externalisation ?
Pour une externalisation en mode projet, la durée est
de quelques mois. Pour une externalisation fonctionnelle,
les contrats portent aujourd'hui sur des périodes allant
de trois à quatre ans, voire plus. Cela prouve que
l'externalisation fait de plus en plus partie intégrante
de la stratégie des entreprises.
|