DOSSIER 
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Denis Troch (Amiens SC Football)
"Observer, c'est 80 % de mon travail"
Le sport de haut niveau est une véritable source d'inspiration pour le management du stress. Mise au point avec Denis Troch, entraîneur du Amiens SC Football.
(novembre 2003)

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Les spécialistes des comportements en entreprise en font un modèle du genre. Et pour cause : la gestion du stress pratiquée par les sportifs de haut niveau réussit là où la plupart des cadres échouent. Dans le monde sportif, le stress est abordé de manière moins négative, comme un facteur de motivation et de progression. Les méthodes utilisées dans le sport pour appréhender le stress, que ce soit par les sportifs eux-mêmes ou par leur entraîneur, peuvent donc beaucoup apporter à l'entreprise. Denis Troch, entraîneur du Amiens SC Football (ligue 2) et ancien entraîneur du PSG et du Havre, s'est forgé une véritable expertise dans la gestion du stress. Dans son équipe, tout comme dans une entreprise, la pression est forte.

Quels sont les facteurs de stress dans le sport de haut niveau ?
Denis Troch. Les sportifs sont médiatisés et jugés au quotidien. Ils doivent atteindre des résultats le plus vite possible, mais aussi travailler sur le moyen et le long terme. Descendre d'une division peut coûter très cher au club et aux joueurs, qui sont du coup dans le doute en permanence. On leur demande d'aller plus loin mais ils ne savent pas vraiment ce dont ils sont capables. Avant un match, les supporters disent "On va gagner", les dirigeants "Il faut gagner" et les médias "On va voir s'ils gagnent". C'est une pression énorme. Face à cela, l'entraîneur et les joueurs doivent se concentrer sur un autre leitmotiv : "On doit tout faire pour gagner". On a ce qu'on mérite. Si on a bien travaillé, il faut se dire qu'on n'a aucune raison d'être mal à l'aise. Je ne demande pas aux joueurs d'être bons ou de se surpasser, mais d'être eux-mêmes, d'être conscients de leurs défauts et de chercher à les corriger.

Comment gérez-vous le stress de l'équipe ?
Il n'y a qu'une seule tête qui oriente l'équipe, c'est l'entraîneur. Cela ne m'empêche pas de "sectoriser". Chaque joueur est leader et responsable d'un temps donné. Il choisit sa mission et je lui fais ensuite confiance. Par exemple, un joueur est responsable des cinq premières minutes du match. Un autre doit tout faire pour gagner du temps si le résultat le nécessite. Tout le monde respecte le joueur pendant l'instant où il est leader. Avoir des responsabilités précises donne une reconnaissance et permet d'éviter les moments de confusion. Il faut aussi protéger l'équipe du stress d'une personne, car pour chasser leur stress, certains joueurs cherchent à le propager. Il faut donc rapidement isoler le joueur stressé. Pour cela, je cherche en général à détourner son attention. Par exemple, avant le match, je vais lui dire "Au fait, surtout n'oublie pas", et rien d'autre. Il va être surpris et penser à cette phrase pendant tout le match.

 
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Et comment gérez-vous le stress lié à la vie personnelle de vos joueurs ?
Mon travail consiste à diriger, à écouter et surtout à observer. Observer, c'est même 80 % de mon travail. Tous les jours, j'ai un petit rituel pour dire bonjour à tout le monde. Dès qu'il y a quelque chose de différent dans l'attitude d'un joueur, je sais qu'il y a un problème. Je vais donc être vigilant et détourner son attention de ce problème. Dans certains cas plus graves, je suis amené à discuter avec lui. Je conseille en général au joueur d'avoir un maximum de plaisir pendant qu'il joue, de prendre de l'énergie pour ensuite gérer d'autant mieux sa situation personnelle.

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Rédaction, Le Journal du Management


   
 
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