La "fracture numérique" existe aussi dans le monde professionnel.
Pour beaucoup d'entreprises, déployer un intranet c'est aussi
prendre le risque d'exclure de ce nouveau mode de communication
les salariés qui ne disposent pas d'un accès informatique.
Une exclusion qui peut très vite poser problème, en
mettant à la marge une partie des effectifs sur des applications
intranet clefs, comme celles dédiées aux ressources
humaines (gestion des congés, des formations, des plannings...).
Une exclusion qui peut également coûter très
cher, obligeant l'entreprise à dédoubler sa communication
en gérant, en parallèle, un canal intranet et un canal
conventionnel afin de s'adresser à tous. Cette quadrature
du cercle est bien connue des entreprises. Elles lui on d'ailleurs
donnée un nom : le dilemme de l'intranet.
"Dans
l'industrie, les cols bleus et le personnel de maintenance représentent
environ 80 % des effectifs, explique Alain Villenave, PDG de
Cyberdeck, une société spécialisée dans les solutions de bornes
interactives. Si une entreprise met en place un intranet, elle risque
d'office d'exclure plus de 50 % des salariés. Le sujet
est alors très sensible."
Afin de contourner le problème, Cyberdeck propose aux entreprises
d'installer des bornes interactives reliées à l'intranet.
Ces bornes, d'un coût unitaire de 5 000 à 6 000 euros,
sont installées aussi bien dans des ateliers que des couloirs ou
des cafétérias. "Elles sont en général très bien accueillies,
poursuit Alain Villenave. Elles sont valorisantes pour le salarié
qui est relié à un canal de communication duquel il
était auparavant exclu." Seule condition pour que la
greffe prenne : assurer une formation des salariés sur
l'utilisation de l'intranet.
En France, plusieurs dizaines de grands comptes se sont lancés
dans l'installation de bornes interactives pour les salariés.
Chez Air France et chez Eurocopter par exemple, des bornes ont été
déployées pour le personnel technique. Chez ASF (Autoroutes
du Sud de la France), la même solution a été
retenue mais pour une autre raison : les employés, éparpillés
sur une vaste zone géographique, avaient besoin d'un liant
en matière de communication.
Heineken
ou Eurocopter : à chacun son style de borne.
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Toutes ces bornes sont sécurisées, les données
étant protégées pour parer aux conséquences
toujours possibles du vol. Chez Eurocopter, les salariés
doivent ainsi accoler leur badge sur un lecteur, positionné
au-dessus du clavier, pour avoir accès à l'intranet.
Selon le lieu d'installation, les bornes peuvent être également
résistantes au froid, à la chaleur ou à la poussière. "Il faut prendre
en compte tous les paramètres d'utilisation possibles, souligne
Alain Villenave. Par exemple, pour une borne installée à
l'extérieur, il faut pouvoir l'utiliser avec des gants. Nous
conseillons alors l'écran tactile."
Reste que dans bien ces cas, les bornes interactives ne peuvent
venir en complément des autres canaux de communication au
risque, pour l'entreprise, de se retrouver avec une facture plutôt
lourde. La question s'est posée chez ADP (Aéroports
de Paris) où l'enjeu était de relier à l'intranet
800 salariés réparties dans 80 ateliers différents.
"Sur le plan de l'utilisation, nous avions estimé qu'il
fallait un accès pour dix salariés, explique Alain
Martin, responsable de la communication interne chez ADP. Nous nous
retrouvions donc avec un parc de 80 bornes, ce qui est énorme."
L'entreprise s'est rabattue sur une autre solution : des PC
partagés donnant accès à la fois à un module de maintenance, aux
outils bureautiques de base et à l'intranet.
"Nous pensons également que cette formule est plus
responsabilisante pour les salariés que la simple mise en
place de bornes, poursuit Alain Martin. Les salariés peuvent
se servir de l'ordinateur à des fins plus personnelles. Les
bornes sont davantage adaptées aux salariés qui ne
maîtrisent pas l'outil informatique." Selon l'activité,
l'implantation, l'objectif poursuivi, à chaque entreprise
sa solution. L'important étant de ne laisser personne sur
la touche.
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