DOSSIER 
(décembre 2003).
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Des managers pas comme les autres...

Fonction : Trésorier d'une ONG
Nom : Bruno Dabout

Diplômé de l'Edhec, Bruno Dabout est entré chez ATD Quart Monde en tant que volontaire permanent en 1985. Pendant les quatre premières années, il était en charge de la recherche de financement public au niveau national. Il a ensuite été responsable d'une équipe d'une douzaine de personnes en région parisienne, qui anime un centre d'accueil pour les familles en situation d'urgence. Il est parti trois ans à Bangkok avec sa femme, également volontaire, et ses deux enfants. De retour à Paris, il a passé cinq ans dans un quartier défavorisé du XIXème arrondissement à Paris. Il est aujourd'hui "directeur financier" du mouvement (terme non utilisé par l'ONG). Le but d'ATD Quart Monde est d'aider les pauvres en étant le plus proche possible d'eux. Les volontaires permanents habitent donc dans les quartiers où ils travaillent.

Quelle est votre définition du "management" ?
Bruno Dabout. C'est un terme que je connais bien de par ma formation mais que nous n'employons pas chez ATD Quart Monde. Il s'agit de la gestion et de la répartition de moyens en fonction d'objectifs définis.

Quelles sont les spécificités du management chez ATD Quart Monde ?
La grande question est de savoir comment mesurer l'efficacité d'une action. Personnellement, je ne crois pas aux critères tels que le nombre de personnes relogées ou ayant trouvé un emploi. Notre mission est d'être le plus proche possible des plus pauvres et qu'ils s'en sortent, qu'ils deviennent acteurs de leur avenir. La facilité consisterait à obtenir de bons résultats avec les plus favorisés et les afficher.

Comment motivez-vous les équipes sans pouvoir mesurer les résultats ?
Le problème des résultats touche surtout la visibilité publique, il est moins important en interne. Il y a le temps où l'on sème, et le temps où l'on récolte. Tout ce que nous vivons est très fort, aussi bien dans la joie que dans l'épreuve. Surtout, nous sommes motivés par notre idéal commun.

Comment se déroule une "carrière" chez ATD Quart Monde ?
La notion de "carrière" n'existe pas. Il n'y a pas de hiérarchie. Nous avons tous le même salaire, adapté au niveau de vie du pays, quelles que soient nos responsabilités. Le parcours classique consiste à alterner des fonctions de soutien, comme la mienne actuellement, et des fonctions terrain. Pour donner une responsabilité à un volontaire, nous tenons compte des besoins d'ATD Quart Monde, des possibilités et de la personnalité du volontaire. Tout se fait dans le dialogue. Si une personne est "usée" ou que cela coince sur une mission, elle arrête immédiatement et revient au centre national pour un temps. Si elle décide de partir, nous la soutenons dans sa reconversion et elle touche ses indemnités jusqu'à ce qu'elle trouve un emploi.

Comment rendez-vous compte de votre travail ?
Les volontaires permanents produisent des rapports d'activité mensuels. En ce qui me concerne, le rythme est trimestriel. Il s'agit de partager les avancées, les découvertes, les difficultés, les succès… Ceux qui sont sur le terrain écrivent tous les jours. Cela leur permet de réfléchir à ce qu'ils auraient pu faire dans une situation passée et de digérer un événement très difficile qui les fragilise.

Quels sont les autres moyens pour tenir psychologiquement ?
Il ne faut pas être toujours dans l'action et prendre du temps pour écrire et se ressourcer. Nous organisons des temps de rencontre et des périodes de "break", où le volontaire se consacre pendant plusieurs mois à un atelier créatif par exemple.

Faites-vous régulièrement des réunions ?
Les équipes qui sont sur le terrain se réunissent tous les jours pour organiser l'action et partager ce qu'elles ont découvert. Une ou deux fois par an, une session réunit une partie ou l'ensemble des équipes. Au centre international, nous utilisons Internet pour échanger avec les autres pays et nous nous réunissons très souvent pour croiser le dialogue entre les fonctions supports.

Comment gérez-vous les bénévoles ?
Nous sommes très exigeants sur la régularité de leur soutien. Les engagements doivent être clairs. De même qu'avec les volontaires permanents, nous fixons des objectifs et des échéances. Si un bénévole ne respecte pas cette exigence, nous refusons de travailler avec lui.

Quel conseil donneriez-vous à un manager ?
Je crois que la motivation se crée ensemble, jour après jour. Cela demande du temps. Il n'y a pas de recette, il faut croire en la personne. Quand on commence par motiver ceux qui ont le plus de difficultés, la motivation fait boule de neige de façon très étonnante.

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Rédaction, Le Journal du Management


   
 
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