Des
managers pas comme les autres...
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Fonction
: Trésorier
d'une ONG
Nom : Bruno
Dabout |
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Diplômé de l'Edhec, Bruno Dabout est entré chez ATD Quart Monde
en tant que volontaire permanent en 1985. Pendant les quatre premières
années, il était en charge de la recherche de financement public
au niveau national. Il a ensuite été responsable d'une équipe d'une
douzaine de personnes en région parisienne, qui anime un centre
d'accueil pour les familles en situation d'urgence. Il est parti
trois ans à Bangkok avec sa femme, également volontaire, et ses
deux enfants. De retour à Paris, il a passé cinq ans dans un quartier
défavorisé du XIXème arrondissement à Paris. Il est aujourd'hui
"directeur financier" du mouvement (terme non utilisé par l'ONG).
Le but d'ATD Quart Monde est d'aider les pauvres en étant le plus
proche possible d'eux. Les volontaires permanents habitent donc
dans les quartiers où ils travaillent.
Quelle est votre définition du "management" ?
Bruno Dabout. C'est un terme que je connais bien de par ma
formation mais que nous n'employons pas chez ATD Quart Monde. Il
s'agit de la gestion et de la répartition de moyens en fonction
d'objectifs définis.
Quelles sont les spécificités
du management chez ATD Quart Monde ?
La grande question est de savoir comment mesurer l'efficacité d'une
action. Personnellement, je ne crois pas aux critères tels que le
nombre de personnes relogées ou ayant trouvé un emploi. Notre mission
est d'être le plus proche possible des plus pauvres et qu'ils
s'en sortent, qu'ils deviennent acteurs de leur avenir. La facilité
consisterait à obtenir de bons résultats avec les plus favorisés
et les afficher.
Comment
motivez-vous les équipes sans pouvoir mesurer les résultats ?
Le problème des résultats touche surtout la visibilité publique,
il est moins important en interne. Il y a le temps où l'on sème,
et le temps où l'on récolte. Tout ce que nous vivons est très fort,
aussi bien dans la joie que dans l'épreuve. Surtout, nous sommes
motivés par notre idéal commun.
Comment se déroule une "carrière"
chez ATD Quart Monde ?
La notion de "carrière" n'existe pas. Il n'y a pas de hiérarchie.
Nous avons tous le même salaire, adapté au niveau de vie du pays,
quelles que soient nos responsabilités. Le parcours classique consiste
à alterner des fonctions de soutien, comme la mienne actuellement,
et des fonctions terrain. Pour donner une responsabilité à un volontaire,
nous tenons compte des besoins d'ATD Quart Monde, des possibilités
et de la personnalité du volontaire. Tout se fait dans le dialogue.
Si une personne est "usée" ou que cela coince sur une mission, elle
arrête immédiatement et revient au centre national pour un temps.
Si elle décide de partir, nous la soutenons dans sa reconversion
et elle touche ses indemnités jusqu'à ce qu'elle trouve un emploi.
Comment rendez-vous compte de votre
travail ?
Les volontaires permanents produisent des rapports d'activité mensuels.
En ce qui me concerne, le rythme est trimestriel. Il s'agit de partager
les avancées, les découvertes, les difficultés, les succès
Ceux
qui sont sur le terrain écrivent tous les jours. Cela leur permet
de réfléchir à ce qu'ils auraient pu faire dans une situation passée
et de digérer un événement très difficile qui les
fragilise.
Quels sont les autres moyens pour tenir
psychologiquement ?
Il ne faut pas être toujours dans l'action et prendre du temps pour
écrire et se ressourcer. Nous organisons des temps de rencontre
et des périodes de "break", où le volontaire se consacre pendant
plusieurs mois à un atelier créatif par exemple.
Faites-vous régulièrement des réunions ?
Les équipes qui sont sur le terrain se réunissent tous les jours
pour organiser l'action et partager ce qu'elles ont découvert. Une
ou deux fois par an, une session réunit une partie ou l'ensemble
des équipes. Au centre international, nous utilisons Internet pour
échanger avec les autres pays et nous nous réunissons très
souvent pour croiser le dialogue entre les fonctions supports.
Comment gérez-vous les bénévoles ?
Nous sommes très exigeants sur la régularité de leur soutien. Les
engagements doivent être clairs. De même qu'avec les volontaires
permanents, nous fixons des objectifs et des échéances. Si un bénévole
ne respecte pas cette exigence, nous refusons de travailler avec
lui.
Quel conseil donneriez-vous à un manager ?
Je crois que la motivation se crée ensemble, jour après jour. Cela
demande du temps. Il n'y a pas de recette, il faut croire en la
personne. Quand on commence par motiver ceux qui ont le plus de
difficultés, la motivation fait boule de neige de façon très étonnante.
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