Des
managers pas comme les autres...
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Fonction
: Entraîneur
de rugby
Nom : Jean-Henri
Tubert |
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D'origine catalane, Jean-Henri Tubert n'a pas quitté le ballon
ovale depuis l'âge de six ans. Il a joué en première division à
La Voulte-sur-Rhône (Ardèche) et à Bourgoin-Jallieu (Isère) et a
fait son service militaire au bataillon de Joinville. Après avoir
obtenu son Capes, il s'est également consacré à l'enseignement.
A la suite d'une blessure au talon d'Achille à 29 ans, il a dû arrêter
sa carrière de joueur. Responsable d'une classe section rugby d'un
collège lyonnais, il a poussé son équipe jusqu'au titre de champion
de France. Jean-Henri Tubert a alors décidé de suivre les jeunes
rugbymen en club à Villeurbanne (Rhône) où il a fondé un centre
de formation. Entraîneur à Bourgoin, il a été limogé au bout de
cinq mois à cause d'un désaccord avec un autre coach. Depuis trois
ans, il a rejoint le LOU, Lyonnais Olympique Universitaire. Le club
a été champion de France amateur la première année, cinquième en
pro D2 la deuxième année et quatrième la troisième année.
Avez-vous le sentiment de faire du
management ?
Jean-Henri Tubert. Au LOU, j'ai construit un club professionnel.
Je suis responsable de tous les staffs d'encadrement. En tant que
coach de l'équipe 1, je manage aussi les joueurs. Je pratique donc
le management.
Quelle est votre définition
du "management" ?
Manager, cela signifie permettre à un joueur et à un groupe de donner
le meilleur de lui-même, d'être à son plus haut niveau.
Quelles
sont les particularités du management en rugby ?
Le rugby est un sport de combat collectif. Il requiert un engagement
total, une forte solidarité et une connaissance mutuelle. Pour cela,
chacun doit avoir un niveau d'exigence élevé vis-à-vis de lui-même
et des autres. Dans notre sport, seul le collectif compte. Nous
devons tous passer par la même porte, même si elle n'est pas bien
ouverte. Tout le groupe doit aller dans le même sens.
Comment prenez-vous en compte la progression
individuelle ?
Les joueurs s'auto-évaluent, se co-évaluent et sont évalués par
le coach. Je fixe des objectifs à chacun, en fonction des objectifs
du groupe. Mais je cherche aussi à responsabiliser les joueurs pour
qu'ils deviennent de plus en plus acteurs de leur progression.
Comment les joueurs vous appellent-ils ?
Ils m'appellent "coach" et me tutoient.
Comment gérez-vous une mauvaise performance
d'un joueur ?
Je rencontre le joueur et je lui demande de s'exprimer sur son match,
de donner ses arguments. Nous échangeons, et dans l'idéal nous tombons
d'accord. Si je ne suis pas satisfait de son analyse, je lui montre
la vidéo et les statistiques et je lui fais des observations. Si
nous sommes d'accord sur la manière de s'évaluer, nous avons déjà
fait un grand pas. Je ne fais pas de cadeau : sur le coup je
suis ferme. Mais ensuite je cherche un moment pour valoriser le
joueur.
Animez-vous régulièrement des réunions ?
J'ai des réunions tous les jours. Je fais un briefing avant le match,
un débriefing après. Nous analysons les statistiques et la vidéo.
Je fais aussi des retours sur entraînement. Pour le collectif, les
réunions sont régulières. Je convoque les joueurs en entretien individuel
en début de semaine. Je fais aussi des réunions avec deux à trois
personnes.
Déléguez-vous certaines activités ?
L'équipe a par exemple mis en place un projet de règles de vie.
Les joueurs ont décidé de leurs tenues, des sanctions en cas de
retard, de l'attitude envers l'arbitre
Par ailleurs, nous validons
ensemble les objectifs et je leur donne la parole pendant le débriefing.
Le capitaine joue également un rôle important. C'est lui
qui a le dernier mot avant le match. Et pendant le jeu, le groupe
prend ses responsabilités collectivement.
Quel conseil donneriez-vous à un manager ?
Je crois qu'il ne faut pas hésiter à dire "c'est bien". C'est motivant
et cela fait avancer.
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