DOSSIER 
(décembre 2003).
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Des managers pas comme les autres...

Fonction : Inspecteur en sûreté nucléaire
Nom : Philippe Bordarier

Après un doctorat en physique à l'Ecole normale supérieure, Philippe Bordarier a intégré le corps des Mines. Dans la foulée, Il a travaillé deux ans aux Etats-Unis. Depuis trois ans, il travaille pour l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Il y est responsable de l'inspection régionale des régions Centre et Ile-de-France, où se trouvent quatre centrales et deux sites du commissariat à l'énergie atomique. Une mission de haute sécurité.

Quelle est votre définition du "management" ?
Philippe Bordarier. Manager, c'est faire en sorte que la compétence collective soit supérieure à la somme des compétences individuelles. Le manager doit créer des synergies.

Dans votre métier, quels sont les paramètres à prendre en compte pour manager ?
J'ai deux responsabilités vis-à-vis de mon équipe. Je dirige des cadres qui ont un niveau d'études élevé et qui ont une attente en terme d'évolution. Mon rôle est de développer leur compétence, de faciliter leur évolution dans notre métier, dans d'autres industries ou dans l'administration. Cela passe par la formation, le compagnonnage, les rencontres… Par ailleurs, je veille à l'indépendance des inspecteurs. Pour contrôler des industries, il faut avoir l'esprit libre, ne pas avoir peur de prendre des décisions lourdes. L'arrêt d'une centrale un seul jour peut coûter plusieurs millions de francs. Les contrôleurs ne doivent pas pour autant se censurer. C'est à moi de trancher et de prendre la responsabilité de la décision. Je les rends indépendants du contexte socio-économique.

Etes-vous le seul responsable des contrôles ?
Je signe les documents et je suis responsable du contrôle. Mais je ne fais pas de contrôle du contrôle, j'ai confiance. C'est aussi pour cela que je suis aussi exigeant sur les compétences de mon équipe et que j'insiste sur l'indépendance. Au cours des cent-vingt inspections réalisées chaque année, il y a parfois des points soulevés plus complexes et litigieux. Je fais alors un travail avec les deux ou trois inspecteurs concernés par la mission pour aboutir à une décision. S'il le faut, je me rends aussi sur le terrain.

Quels éléments garantissent la fiabilité des contrôles ?
Nous sommes en moyenne un jour par semaine sur chaque installation nucléaire, c'est énorme. Face à cette présence, les industriels ont donc de fortes exigences de qualité. Par ailleurs, les inspecteurs sont toujours deux ou trois. En général, l'un est pilote et l'autre l'épaule en prenant du recul.

Faites-vous régulièrement des réunions ?
Je dirige une quinzaine de cadres répartis en deux équipes. Nous rencontrons souvent les mêmes problèmes, il est donc intéressant de se réunir pour échanger et se former. Une fois par semaine, nous avons une réunion avec mes deux adjoints et chaque équipe. Grâce à des tours de table qui soulèvent en permanence de nouvelles questions, nous évitons que certains ingénieurs ne s'enferment dans une relation bilatérale avec une centrale nucléaire. Chaque mois, nous nous retrouvons tous pour discuter de l'organisation, de la logistique… De plus, je fais beaucoup de petites réunions avec deux à trois personnes. Nous communiquons en permanence, les portes sont toujours ouvertes. Enfin, je vois chaque mois mes deux supérieurs, l'un pour la région Centre, l'autre pour l'Ile-de-France.

Comment vous appellent les membres de l'équipe ?
Les ingénieurs me tutoient. Nous sommes assistés par un groupe de quatre secrétaires qui se tutoient entre elles mais que je vouvoie. Elles sont plus âgées et c'est plus simple ainsi.

Quel conseil donneriez-vous à un manager ?
Je lui conseillerais d'être parfait et modeste. Les personnes qu'ils dirigent sont des hommes et des femmes, et non des pions. Le manager a la responsabilité de son équipe, il doit la faire progresser. Le travail doit être un plaisir et une joie, le reste suivra.

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Rédaction, Le Journal du Management


   
 
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