Des
managers pas comme les autres...
|
|
Fonction
: Inspecteur
en sûreté nucléaire
Nom : Philippe
Bordarier
|
|
|
Après un doctorat en physique à l'Ecole normale supérieure, Philippe
Bordarier a intégré le corps des Mines. Dans la foulée, Il
a travaillé deux ans aux Etats-Unis. Depuis trois ans, il travaille
pour l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Il y est responsable
de l'inspection régionale des régions Centre et Ile-de-France, où
se trouvent quatre centrales et deux sites du commissariat à l'énergie
atomique. Une mission de haute sécurité.
Quelle est votre définition du "management" ?
Philippe Bordarier. Manager, c'est faire en sorte que la
compétence collective soit supérieure à la somme des compétences
individuelles. Le manager doit créer des synergies.
Dans votre métier, quels
sont les paramètres à prendre en compte pour manager ?
J'ai deux responsabilités vis-à-vis de mon équipe. Je dirige des
cadres qui ont un niveau d'études élevé et qui ont une attente en
terme d'évolution. Mon rôle est de développer leur compétence, de
faciliter leur évolution dans notre métier, dans d'autres industries
ou dans l'administration. Cela passe par la formation, le compagnonnage,
les rencontres
Par ailleurs, je veille à l'indépendance des inspecteurs.
Pour contrôler des industries, il faut avoir l'esprit libre, ne
pas avoir peur de prendre des décisions lourdes. L'arrêt d'une centrale
un seul jour peut coûter plusieurs millions de francs. Les contrôleurs
ne doivent pas pour autant se censurer. C'est à moi de trancher
et de prendre la responsabilité de la décision. Je les rends indépendants
du contexte socio-économique.
Etes-vous
le seul responsable des contrôles ?
Je signe les documents et je suis responsable du contrôle. Mais
je ne fais pas de contrôle du contrôle, j'ai confiance. C'est aussi
pour cela que je suis aussi exigeant sur les compétences de mon
équipe et que j'insiste sur l'indépendance. Au cours des cent-vingt
inspections réalisées chaque année, il y a
parfois des points soulevés plus complexes et litigieux. Je fais
alors un travail avec les deux ou trois inspecteurs concernés par
la mission pour aboutir à une décision. S'il le faut, je me rends
aussi sur le terrain.
Quels éléments garantissent la fiabilité
des contrôles ?
Nous sommes en moyenne un jour par semaine sur chaque installation
nucléaire, c'est énorme. Face à cette présence, les
industriels ont donc de fortes exigences de qualité. Par ailleurs,
les inspecteurs sont toujours deux ou trois. En général, l'un est
pilote et l'autre l'épaule en prenant du recul.
Faites-vous régulièrement des réunions ?
Je dirige une quinzaine de cadres répartis en deux équipes. Nous
rencontrons souvent les mêmes problèmes, il est donc intéressant
de se réunir pour échanger et se former. Une fois par semaine, nous
avons une réunion avec mes deux adjoints et chaque équipe. Grâce
à des tours de table qui soulèvent en permanence de nouvelles questions,
nous évitons que certains ingénieurs ne s'enferment dans une relation
bilatérale avec une centrale nucléaire. Chaque mois, nous nous retrouvons
tous pour discuter de l'organisation, de la logistique
De plus,
je fais beaucoup de petites réunions avec deux à trois personnes.
Nous communiquons en permanence, les portes sont toujours ouvertes.
Enfin, je vois chaque mois mes deux supérieurs, l'un pour la région
Centre, l'autre pour l'Ile-de-France.
Comment vous appellent les membres
de l'équipe ?
Les ingénieurs me tutoient. Nous sommes assistés par un groupe de
quatre secrétaires qui se tutoient entre elles mais que je vouvoie.
Elles sont plus âgées et c'est plus simple ainsi.
Quel conseil donneriez-vous à un manager ?
Je lui conseillerais d'être parfait et modeste. Les personnes qu'ils
dirigent sont des hommes et des femmes, et non des pions. Le manager
a la responsabilité de son équipe, il doit la faire progresser.
Le travail doit être un plaisir et une joie, le reste suivra.
Un
témoignage, une question, un commentaire sur ce dossier ?
Réagissez
|
|