C'est un peu la paillasse du chimiste : au contact des nouvelles
technologies, la relation client enchaîne réaction
sur réaction, ou plutôt canal sur canal. Tranquillement
assoupie derrière un guichet d'agence ou derrière
un standard téléphonique, la relation client s'est
retrouvée précipitée en quelques années
en hotline, en e-mail, en site Internet ou encore en SMS. Si bien
que toutes les réactions ont fini par former, au final, un
nouveau concept : la relation client multi-canal.
Pourquoi
tant d'ébullition ? Parce que la relation client a tout simplement
changé de dimension. Elle est devenue un élément
à part entière du marketing, donc un élément
chiffré dans l'activité de l'entreprise. "Aujourd'hui,
les entreprises proposent des produits et des services de plus en
plus technologiques, la commercialisation va vite et se fait parfois
à distance, analyse Thomas Schmidt, business développeur
chez Prosodie, un prestataire spécialisé dans les
plate-formes de relation client. En plus, la concurrence est exacerbée.
Dans ces conditions, la relation client devient un élément
différenciant stratégique." Darty l'avait compris
il y a trente ans en faisant de son service après-vente,
et de ses fourgonnettes, le coeur de sa communication.
Cette nature stratégique est aujourd'hui symbolisée
par l'émergence du CRM. Désormais, la relation client
se gère, se manage. L'entreprise mémorise les données
clients, les recoupe, les traite afin de répondre au mieux
aux attentes des consommateurs, tout en limitant les coûts
nécessaires. "Mais il ne faut se laisser enfermer dans
une approche purement technologique, prévient Bernard Legrand
du cabinet Magellis Consultants (lire l'interview).
Les entreprises ne doivent pas oublier les bonnes vieilles règles
de communication : le sourire, l'écoute, le respect."
Le
téléphone reste encore l'outil numéro un
de la relation client"
Thomas Schmidt, Prosodie |
A vouloir en savoir trop sur leurs clients avec de vastes bases
de données, les entreprises en auraient donc perdu les objectifs
essentiels de la relation client : satisfaire, fidéliser
et développer des vecteurs positifs de bouche-à-oreille.
Cette dérive est perçue au sein même des entreprises.
Un manager sur cinq estime que la qualité de la relation
client proposée par son entreprise est loin d'être
performante (lire les résultats de notre enquête
en ligne).
Alors comment tirer le meilleur parti des nouvelles technologies
dans la relation client ? En y allant pas à pas, en
concevant chaque nouveau canal en fonction des coûts d'exploitation,
mais aussi selon le prisme de la valeur ajoutée finale pour
le client. Un ROI à deux entrées, que l'entreprise
doit savoir intégrer au risque de développer une "usine
à gaz" ou de proposer un service bradé qui ne
répond pas aux exigences des consommateurs. Ces dernières
années, malgré un niveau d'investissement de plus
d'un milliard d'euros par an en CRM rien qu'en France (source
Pierre Audouin Consultants), les exemples de relation client
engorgée se sont ainsi multipliés dans l'Hexagone.
Ce ROI à deux entrées est à l'origine d'une
nouvelle approche de la relation client. Même le téléphone
est lentement emporté par le mouvement. "Le téléphone
reste encore l'outil numéro un de la relation client, mais
c'est aussi le plus onéreux, explique Thomas Schmidt. En
plus, il est rarement disponible 24 heures sur 24 pour les clients
et offre des temps d'attente parfois très longs. Pour ces
raisons, le marché évolue vers les centres d'appels
virtuels. Il s'agit de services interactifs où le client
obtient l'information demandée grâce à la reconnaissance
vocale, ou en tapant des chiffres sur le clavier de son téléphone.
Une telle plate-forme demande moins d'opérateurs et offre
aux clients un service accessible en permanence et sans temps d'attente."
Cette même logique de la valeur ajoutée combinée
aux coûts d'exploitation a poussé La Redoute à
se doter d'un centre de contacts multimédia (lire l'article).
Ce centre gère notamment plus d'un millier d'e-mails clients
par jour, issus de l'activité Internet du vépéciste.
Une activité marchande en plein essor, dont les cyber-clients
préférent utiliser le canal e-mail pour communiquer,
plutôt que le téléphone ou le courrier postal.
La Redoute a choisi de répondre aux attentes de cette nouvelle
clientèle en faisant coup double : le coût de
traitement des messages électroniques est quatre fois moindre
que celui des appels téléphoniques.
Chez Opodo, c'est le canal SMS qui a été inauguré
il y a quelques semaines (lire l'article).
Grâce à ces mini-messages mobiles, le voyagiste avertit
en temps réel ses clients sur les horaires des vols et leurs
éventuelles modifications. Un service pour lequel les autres
canaux de communication n'auraient pas permis un lien en temps réel
avec les clients.
La relation client confirme à elle-seule un dicton bien
connu : le client a toujours raison. Rien ne sert de mettre
au point un projet de CRM si celui-ci ne colle pas aux attentes
réelles des clients. Un principe à intégrer
dans le ROI et que l'on méditera à la lecture d'une
sélection d'ouvrages.
Tous ces livres ont un point commun : ils soulignent la nécessité
pour les entreprises de réintroduire avec vigueur le paramètre
client dans la relation client. Simple, mais efficace.
Un
témoignage, une question, un commentaire sur ce dossier ?
Réagissez
|
|