Eric
Duverger (Michelin Mexique)
"L'expatriation me permettra
d'être mieux positionné"
Diplômé de l'ESCP, Eric Duverger a débuté sa carrière chez Michelin
par un stage d'intégration à Clermont-Ferrand. Il est ensuite parti
aux Etats-Unis (Caroline du Sud) où il a travaillé deux ans en tant
qu'analyste financier dans le cadre d'une coopération (CSNE). A
25 ans, il a été nommé responsable financier de Michelin au Mexique,
poste qu'il occupe depuis trois ans. Il organise actuellement son
retour en France, prévu pour août.
Considérez-vous que votre expatriation
a été un accélérateur de carrière ?
Eric Duverger. En général, les expatriés travaillent dans
de petites structures où ils apportent une forte valeur ajoutée
du fait de leur double culture. Ils occupent donc un poste important.
En ce qui me concerne, je manage une équipe de douze personnes et
mon travail est reconnu dans la zone Amérique du Nord. Si je souhaitais
rester dans cette région, je récolterais probablement les fruits
de mon expérience. Si je décidais de quitter Michelin, je pourrais
fortement valoriser mon expatriation : ma maîtrise de l'anglais
et de l'espagnol, ma capacité d'adaptation à d'autres cultures,
mon expérience en management
Ayant choisi de rester dans le groupe,
mon retour en France ne portera ses fruits qu'à plus long
terme.
Estimez-vous
malgré tout que ces expériences vous permettront d'accélérer
votre carrière ?
Je pense que ces deux expatriations seront un atout incontestable.
Je serai ensuite mieux positionné que ceux qui ne seront pas partis,
et surtout mieux armé pour gérer les situations de management qui
me seront proposées. Vivre à l'étranger est aussi un tremplin sur
le plan personnel. La découverte d'une nouvelle culture, la variété
des expériences et l'élargissement des perspectives permettent de
s'enrichir et d'être plus flexible. Je suis convaincu que tout cela
aura par la suite des répercussions sur ma vie professionnelle.
Quelles difficultés rencontrez-vous
pour négocier votre retour ?
L'éloignement est un handicap. Je manque de visibilité sur les postes
disponibles en Europe. Le service du personnel en France, avec lequel
je négocie, ne connaît pas la mesure de tout ce que je fais au Mexique.
Je rentre en moyenne deux fois par an, mais ce n'est pas suffisant.
De plus, mon retour sera sans doute un choc sur le plan des responsabilités.
Il n'y a presque aucune chance que j'ai tout de suite une responsabilité
de management.
Votre choix du Mexique est-il bien
valorisé ?
Aujourd'hui, le Brésil et le Mexique deviennent des pays stratégiques
pour Michelin. Cependant, l'Amérique Latine est parfois injustement
considérée comme une simple destination de vacances. Une expérience
aux Etats-Unis donne plus de crédit et est plus facile à valoriser.
Pourtant, j'ai plus appris au Mexique.
L'expatriation est-elle une bonne opération
financière ?
Les expatriés bénéficient de multiples avantages et disposent d'une
rémunération supérieure de 50 à 80 %, sans
parler des différences de pouvoir d'achat selon les pays. Cependant,
à leur retour, ils sont en général au même niveau de salaire que
les autres, à performance égale. Le retour en France signifie donc
une perte importante de niveau de vie, ce qui le rend d'autant plus
difficile.
Quels conseils donneriez-vous à un
cadre expatrié ?
Une fois sur place, il faut compter sur le soutien des opérationnels,
leur demander de faire des rapports d'évaluation, de donner régulièrement
un feed back au siège. Pour ne pas être "oublié", il est indispensable
de maintenir son réseau, par mail et par téléphone. Je conseille
donc de participer à un maximum d'événements au niveau groupe. Par
ailleurs, à chaque retour en France, même pour des vacances, il
faut toujours essayer d'aller voir les responsables RH. Ce sont
eux qui détiennent les clefs d'un retour réussi.
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